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Comité Saint Pierre et Miquelon d’aide au développement et de lutte contre la faim dans le monde

Odile ALBERT

03 / 1994

Quelques mois après la grande famine qui a sévi en Inde en 1966, une mission parlementaire française a fait un voyage d’étude. C’est à l’issue de ce voyage que le sénateur de Saint-Pierre et Miquelon, Henri Claireaux, interpellé par les mauvaises conditions de navigation des pêcheurs côtiers, fonde le Comité de Saint-Pierre et Miquelon d’aide au développement et de lutte contre la faim dans le monde. Ce Comité va avoir essentiellement deux axes d’action : améliorer les techniques de pêche dans les pays du Sud par l’introduction d’embarcations à fond plat appelées "doris" et défendre la pêche artisanale.

Le doris, bien connu sur toutes les côtes de l’Atlantique Nord, a été inventé par les Portugais il y a trois cents ans. Il est connu à Saint-Pierre et Miquelon depuis cent ans. A fond plat, équipé d’une hélice relevable et d’un moteur diesel, il permet un échouage facile sur les plages. Ses qualités nautiques, améliorées par les pêcheurs eux-mêmes, en font une embarcation insubmersible. Il peut contenir trois tonnes de poisson et plusieurs hommes d’équipage.

Les expériences réalisées ont permis d’adapter le matériau aux pays du Sud. Une construction en contre-plaqué marine traité à coeur contre les vers de mer est préférable. Aujourd’hui, un atelier s’est même lancé dans la construction de doris en aluminium AG4 beaucoup plus résistant que le contre-plaqué. Le moteur diesel plus robuste que le hors-bord s’est avéré d’une plus grande longévité. De plus, sa consommation en gas-oil est moins coûteuse que l’essence pour le moteur hors-bord.

Des expériences d’utilisation de ces embarcations ont été menées dans plusieurs pays avec l’aide des marins-pêcheurs de Saint-Pierre et Miquelon. L’objectif était d’inciter les autorités locales et les initiatives privées des pays du Sud à construire par eux-mêmes ce type de barques artisanales. C’est ainsi que ce sont montés des ateliers privés de construction en Inde, à Madagascar, au Ghana, en Mauritanie, au Gabon, aux îles Wallis et Futuna et en Tanzanie.

Les populations du Sud vivant partiellement ou totalement de la pêche côtière représentent 400 millions d’habitants. On compte plus de 15 millions de pêcheurs artisans qui capturent 20 millions de tonnes de poisson, soit le quart de la production mondiale. C’est dire l’importance de ce type de pêche tant sur le plan alimentaire que sur le plan économique et social.

Protéger la pêche artisanale, c’est donner aux pêcheurs du Sud la possibilité d’accroître leur rendement sans diminuer l’emploi ou perturber leur mode de vie. C’est pourquoi, le Comité Saint-Pierre et Miquelon se bat pour qu’une zone de 20 milles soit réservée uniquement à la pêche artisanale, ce qui correspond à la distance que parcourt une barque motorisée en trois heures.

Mais c’est une décision difficile à prendre pour les Etats côtiers du Sud qui peuvent tirer d’importantes devises des accords de pêche. Elle est difficile également pour les pays industrialisés qui veulent assurer la rentabilité de leurs chalutiers.

Il faut donc sensibiliser l’opinion publique et faire pression sur les autorités gouvernementales pour qu’elles imposent une réglementation qui interdise aux chalutiers nationaux ou étrangers d’accéder à la zone réservée à la pêche artisanale. Ceci devrait être respecté autant par les pays du Nord que par les pays du Sud. De ce type de décision dépend la survie des pêches artisanales dans le monde. Les grandes instances internationales (Nations Unies, FAO, CEE...)ont été sensibilisées à cette question, mais il faut qu’elles mettent tout en oeuvre pour faire respecter les intérêts de la pêche côtière.

Mots-clés

pêcheur, pêche artisanale, mondialisation, accord économique, organisation internationale, pêche, technologie appropriée, tradition et modernité, rôle de l’Etat, information, groupe de pression


, , Saint Pierre et Miquelon

Commentaire

Le Comité Saint-Pierre et Miquelon a été pionnier dans deux domaines : la défense des pêcheurs côtiers et la nécessité de sensibiliser l’opinion publique, en particulier les instances nationales et internationales aux enjeux de la pêche. A ce titre, il est intéressant de rappeler ses objectifs et de constater qu’il a fait des émules.

Source

Entretien

(France)

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