L’augmentation des prises de poissons durant les années 1980, si elles dépassent désormais les 100 millions de tonnes, ne doit pas cacher les difficultés de l’industrie de la pêche et les menaces qui pèsent sur les ressources des océans.
Contrairement aux espèces de faible prix, les espèces de grande valeur commerciale (morues de l’Atlantique, merlus blancs du Cap, églefins, merlus argentés)ont vu leurs prises se réduire du fait d’une diminution de leur population due à une surexploitation.
L’exemple de la morue de la mer de Barents témoigne bien de ce phénomène : les chalutiers soviétiques y ont provoqué la disparition des morues de plus de dix ans qui sont les plus susceptibles de produire des oeufs.
Si cette surexploitation n’est pas nouvelle, elle constitue désormais non seulement un réel danger pour l’environnement et la sécurité alimentaire, mais aussi une menace pour la survie du secteur de la pêche, puisque celui-ci était en 1989 déficitaire de 22 milliards de dollars d’après la FAO.
Plusieurs facteurs concourent à la disparition de certaines espèces :
- le libre-accès dont disposent les bâtiments internationaux en haute mer et les flottes nationales à l’intérieur de leurs zones économiques exclusives (ZEE)"constitue une invitation à la surcapitalisation",
- les subventions directes ou indirectes à l’industrie de la pêche dans les pays développés (Norvège, Japon, ex-Union Soviétique, Europe de l’Est, CEE)ou à la pêche artisanale dans les pays en développement favorisent ce phénomène,
- le développement des technologies (fibres synthétiques, sonars, congélation en mer, chaluts, filets dérivants)ne favorise pas non plus le renouvellement des ressources halieutiques,
- la dégradation de l’environnement (pollution, défrichement des terres, exploitation du corail, fuites de carburant).
Face à cette situation dramatique, de sévères mesures s’imposent.
Après la conférence internationale sur la pêche de mai 1992 et la conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement de Rio en juin 1992, un code de conduite international en matière de pêche a été élaboré. Ce code inclut :
- des marques spécifiques pouvant aider à la surveillance des bateaux et des matériels de pêche,
- le contrôle des pavillons des bateaux de pêche,
- le développement des informations sur les espèces en danger et sur les engins spécifiques de pêche (comme le matériel à pêcher les crevettes qui laisse échapper les tortues),
- des guides pour la gestion et le développement des pêcheries à petite échelle insistant sur les aspects socio-économiques des mesures pour la gestion de l’environnement en aquaculture et la protection des côtes.
Cette situation exige en contre partie une réduction de la flotte mondiale. Cette mesure sensible est impulsée par la Banque Mondiale et la Communauté européenne. Mais la reconversion d’une partie du secteur de la pêche exigerait selon la FAO entre sept et quatorze milliards de dollars par an durant les dix ou vingt prochaines années.
La commercialisation sous forme attractive de poissons bas de gamme, habituellement jetés, constitue également une possibilité à étudier. Une plus grande précaution dans le stockage, le transport et le traitement du poisson pourrait également permettre de conserver 10 % supplémentaires des prises,
Une suppression ou un contrôle plus effectif du libre-accès, qui constitue un appel à la surexploitation, permettrait d’économiser des milliers de millions de dollars d’après J.P. Troadec de l’ORSTOM (Institut français de recherche scientifique pour le développement en coopération).
Dans cet esprit, on peut envisager l’institution de régimes de propriété pour les pêcheries. Cette mesure, qui devrait affecter l’emploi à court terme et accroître les revenus économiques nets à long terme, a déjà été expérimentée dans plusieurs pays. "Par exemple, les droits d’utilisation des territoires traditionnels dans les petites pêcheries des Iles Salomon sont protégés par la législation. L’Australie a institué un régime de quotas individuels transférables qui donnent à l’utilisateur le droit de puiser dans une ressource. Les Philippines ont commencé à transférer le contrôle des ressources halieutiques aux communautés de pêcheurs".
Enfin, ces décisions devraient s’accompagner d’une restructuration de certaines organisations halieutiques qui ne répondent plus à leur mission.
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Biodiversité : le vivant en mouvement
Articles et dossiers
COMTE, Marie Christine in. CERES, 1993/07, N°142
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