Othman El Akri est un jeune technicien frigorifiste tunisien. Il a inventé un détecteur rapide de pannes frigorifiques. Son testeur permet de faire un diagnostic complet d’une installation frigorifique et de détecter l’origine de la panne qu’elle soit électrique, mécanique ou liée au circuit de refroidissement. L’appareil comprend un tableau de commande et de contrôle de vide, une bouteille de gaz, un circuit frigorifique et un cylindre de mesure de pression. Le testeur a été présenté pour la première fois au public au salon "Tunis-Expo" en février 1990. Le jeune inventeur qui participait au 7ème concours des inventeurs s’est vu décerner le 4ème Prix de l’Innovation. Mais, avant d’atteindre ce résultat, le jeune Othman a du convaincre et démarcher bien des administrations et des sceptiques. Il lui faut convaincre maintenant les financiers. Son invention a donné lieu à une étude de marché et à une étude de rentabilité économique à l’initiative de l’Agence de Promotion de l’Industrie de Tunisie. Le prix unitaire d’un testeur a été estimé à 9000FF et la production annuelle serait proche de 200 unités. Le mérite de l’appareil est de permettre un gain de temps appréciable du fait de la rapidité avec laquelle les techniciens pourront diagnostiquer les pannes quand ils utiliseront ce testeur. De plus, affirme son inventeur, l’appareil mettra fin à la méfiance traditionnelle en Tunisie, entre le réparateur et le propriétaire de l’appareil en panne. Autrement dit, grâce à cet appareil, le client n’aura plus à mettre en doute la qualification du réparateur ni son diagnostic, le détecteur de panne étant une garantie. Le jeune Othman ne compte pas s’arrêter là: il projette de perfectionner son invention en y intégrant un ordinateur. Le groupe français du froid "Danfoss SARL" serait intéressé par le testeur électronique.
innovation technologique
, Tunisie
Le cas du jeune Othman est presque banal: rares sont au Maghreb les techniciens qui sont pris au sérieux. D’abord, parce qu’ils n’ont pas généralement de diplômes universitaires, ensuite parce que l’enseignement technique est méprisé car il constitue une voie de garage et qu’il joue surtout le rôle de récupérateurs des jeunes ayant des difficultés ou lycée ou exclus de celui-ci. Il y a en outre les traditions pour lesquelles le "savant" a les mains propres et excelle dans l’exégèse du Coran, du Hadîth(Tradition du Prophète)ou des grands oeuvres de la littérature arabe classique. La Tunisie avait, en 1993, deux fois plus de candidats au bac Lettres qu’en Sciences. Il ne faut pas non plus oublier l’impact du colonialisme qui systématiquement barré l’accès aux techniques des populations autochtones. Pour l’Afrique,le Pdt Julius Nyerere observe que "l’accent a été mis sur la formation académique plutôt que technique" d’où "un manque de personnel qualifié pour répondre à un grand nombre de besoins pressants".
Articles et dossiers
SNIPE, 6 rue Ali Bach Hamba 1000-Tunis in. LA PRESSE DE TUNISIE, 1992/11/23 (TUNISIE), 17879