De l’indépendance jusqu’en 1976, les priorités des plans qui se succèdent ne changent pas réellement (augmentation des exportations de café et de thé, intensification vivrière et investissement travail). A partir du 1er novembre 1976, un changement politique majeur s’effectue avec des mesures progressistes (récupération des terres privées accaparées par les politiciens et fonctionnaires de l’ancien régime, abolition des formes d’exploitation traditionnelle, etc; ) qui redonnent confiance à la population paysanne. Mais ce n’est qu’en 1978-1982 que se dégage une politique agricole cohérente tout en conservant les mêmes priorités (intensification et diversification des cultures vivrières, rationalisation des méthodes culturales, modernisation de l’élevage, etc.)
Les objectifs de la politique agricole sont de diversifier et améliorer la production vivrière grâce à l’utilisation de semences sélectionnées, et de multiplier les possibilités pour les paysans d’obtenir des revenus d’appoint grâce aux projets ruraux. Pour cela, la deuxième République se propose de réorganiser le milieu rural par une réforme agraire et de regrouper les populations rurales en villages afin d’améliorer leur niveau de vie.
Les résultats de ces différents plans ne sont pas positifs: on assiste à une diminution de la disponibilité alimentaire par habitant sans amélioration qualitative.
Le IVème plan (1982-1987)a mis en place un programme de lutte anti-érosive pour favoriser l’agriculture et limiter les migrations. Pour les cultures industrielles, il favorise une intensification des parcelles de café afin d’augmenter les revenus des paysans et une extension des plantations de thé. C’est un échec pour le café car les motivations des paysans échappent à la planification.
Sous l’influence de la Banque Mondiale, des projets de développement rural se multiplient. Dans les régions centrales, il s’agit de moderniser l’agriculture par l’introduction de la culture attelée, la diversification des cultures et par une meilleure intégration de l’élevage. Les blocages et les limites de ces politiques agricoles sont tout d’abord d’ordre économique car le Burundi n’a pas les moyens d’investir dans les projets de développement. Ce sont donc les organismes internationaux qui financent ces projets, mais ils ont leurs propres exigences qui ne sont pas nécessairement compatibles avec les intérêts des paysans. La répartition géographique et sectorielle des investissements est inégale: les 3/4 des investissements sont consacrés aux cultures de rente et donc seulement 1/4 pour les cultures vivrières.
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, Burundi
Au Burundi, on remarque depuis 1976, une volonté du gouvernement de développer l’agriculture du pays. Cependant, différents problèmes se posent étant donné qu’aucune amélioration quantitative et qualitative ne s’est produite. Une des difficultés réside dans l’existence d’un conflit entre le souci de l’Etat d’augmenter les recettes en devises grâce aux cultures d’exportation et la priorité pour les paysans de satisfaire leurs besoins alimentaires par le développement de cultures vivrières. La politique agricole tient compte des disparités géographiques et économiques qui existent entre les régions du Burundi. Il semble que ceci ait permis d’assurer la couverture alimentaire à 100%. La faible participation des paysans aux projets de développement est un frein à la réussite de cette politique car les préoccupations et les intérêts des acteurs directement concernés ne sont pas pris en compte.
Livre
GUICHAOUA, André, L'HARMATTAN, 1989 (France)
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