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Les Cigales-Clubs d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Epargne

Claire FAUVINET

1993

La première CIGALE fut créée à l’initiative de l’ALDEA (Agence de Liaison pour le Développement d’une Economie Alternative)en 1983, comme outil de financement approprié aux entreprises alterna- tives. En effet, une CIGALE cumule les statuts d’épargne de proximité utilisée en investissement de proximité et de capital-risque.

Une CIGALE est un Club d’Investisseurs (de 5 à 20 personnes)ayant une communauté d’esprit et décidant de constituer une épargne commune par des cotisations de 200 FF/mois, en moyenne. Avec cette cagnotte, la CIGALE investit dans de petites entreprises locales, en création ou encore jeunes, pendant 5 ans (renouvelables), en prenant une participation minoritaire dans leur capital. Puis, la CIGALE effectue un suivi, ce qui est d’autant plus facile que le nombre d’entreprises concernées reste faible. A la dissolution de la CIGALE, celle-ci se retire en douceur, cherchant à revendre sa participation avec bénéfice, si possible.

Les critères de choix de l’activité des entreprises dépendent de la personnalité du groupe. La CIGALE est autonome. En ce qui concerne les autres critères, elle diffère énormément des sociétés de capital-risque classiques, puisqu’elle ne recherche pas des sociétés ayant un véritable potentiel de croissance et ne souffrant que d’un problème passager de trésorerie, pour revendre rapidement ses parts avec profits, mais favorise les entreprises récentes et les relations de long terme, ainsi que la proximité. D’autre part, la somme investie est de faible montant (10.000 à 50.000 FF), comme la plus-value et le fonds initial.

L’originalité de la CIGALE se trouve dans sa gestion de l’épargne qui se veut collective et démocratique; ses objectifs, au-delà de l’aspect financier, sont aussi sociaux, culturels, économiques et surtout humains, même si elle ne soutient pas seulement les plus démunis (RMIstes, chômeurs).

Pour gérer le réseau des CIGALES, s’est créée, en 1986, la Fédération Nationale des CIGALES (association loi 1901, c’est-à-dire à but non lucratif), dont les ressources se composent des cotisations des 90 membres (correspondant à chacune des 90 CIGALES).

Mais cette fédération rencontre de nombreux problèmes, puisque les CIGALES ne sont pas toutes recensées et que certaines ne connaissent ou ne reconnaissent même pas la fédération. 8 associations territoriales ont été créées pour servir d’intermédiaire entre CIGALES d’une même région et la fédération et pour permettre un développement plus uniforme en France (la région du Nord étant pour le moment la plus favorisée en raison de son histoire économique). En plus, elles ont pour vocation d’être les interlocutrices de la presse locale, des élus locaux et des représentants des administrations territoriales ou nationales. Ces associations territoriales, tout comme la fédération nationale, sont des associations régies par la loi de 1901. Elles ont également pour vocation de devenir les supports juridiques d’éventuelles conventions ou autres formes institutionnalisées de collaboration entre elles et les pouvoirs publics, les collectivités locales ou les autres réseaux implantés sur leurs limites géographiques. Par exemple, toute insertion de CIGALES dans le dispositif mis en place autour des Fonds Régionaux d’Initiative Locale pour l’Emploi (FRILE)implique la création d’associations 1901 regroupant les CIGALES locales.

Les moyens humains sont composés essentiellement de bénévoles ou de salariés en CES (Contrat Emploi Solidarité).

Les financements sont faibles ; ils proviennent des cotisations des membres (3 % de l’épargne collectée)et des investisseurs publics (300.000 FF pour la Fédération provenant de la DATAR (Aménagement Territoire et Action Régionale)et du Ministère de l’Emploi). Ils risquent de diminuer encore, suite aux économies budgétaires prévues.

Cependant, les CIGALES sont de plus en plus connues (ANPE - Agence Nationale pour l’Emploi, boutiques de gestion...), même si le poids économique de leurs actions reste faible par rapport aux efforts déployés.

Le bilan d’ensemble des CIGALES représente 200 entreprises créées, 3 millions de FF. d’épargne annuelle ; 1.500 épargnants ; un taux d’échec évalué à 1 sur 6 (contre 1 sur 3 en moyenne).

Mais le résultat positif réside surtout dans l’aspect novateur de lier éthique et finance.

Mots-clés

développement local, développement alternatif, évaluation de projet, éthique, création d’entreprise, investissement, organisation de quartier


, France

Notes

Fiche extraite du rapport de stage de Serge Maigné, au CEDAL, 1991.

Source

Rapport

MAIGNE, Serge, CEDAL FRANCE=CENTRE D'ETUDE DU DEVELOPPEMENT EN AMERIQUE LATINE

CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - France - cedal (@) globenet.org

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