Travail sur le Terrain -TST-, Zaïre
06 / 1993
On estime à 25 000 le nombre d’artisans actifs à Bukavu (Zaïre). Ils interviennent pour une très grande partie dans l’économie de la ville et procurent de loin le plus d’emplois. Le groupe est très hétérogène vu la situation économique du pays et de la ville. Il comprend beaucoup de personnes venant d’autres secteurs de l’économie mais ne trouvant plus d’emploi dans le secteur formel. Leur principal problème est leurs déménagements fréquents et intempestifs dus à une instabilité locative des ateliers.
Les autres difficultés éprouvées sont celles de beaucoup de petits entrepreneurs en Afrique:
- absence de pouvoir de négociation face à l’administration, aux commerçants, aux églises (rachat de grands ateliers et concurrence déloyale),
- concurrence de produits importés,
- manque d’équipements,
- difficulté d’écoulement de leur production,
- non accès aux financements,
- manque de formation en gestion, planification,
- non circulation de l’information entre eux,
- faible solidarité.
TST (Travail Sur le Terrain)est une Organisation Non Gouvernementale de droit zaïrois dont l’objectif est l’encadrement et l’appui aux micro-entreprises du secteur informel. A travers son programme triennal 1992-95, TST vise l’amélioration de la situation socio-économique des artisans de Bukavu par un appui à leur propre organisation "Confédération Monde des Artisans".
Leur intervention se concentre plutôt sur les artisans qui veulent développer leur métier en vue d’en faire une source de revenus valable et qui ont le potentiel, d’une part par leur expérience professionnelle, d’autre part grâce à leur dynamisme et leur esprit d’entrepreneur.
Différentes approches sont développées:
1 - L’APPUI ORGANISATIONNEL A LA STRUCTURE PROPRE CMA (renforcer leur solidarité pour constituer un pouvoir vis à vis de tous les intervenants).
Après un programme de sensibilisation, le nombre d’artisans affiliés à la CMA est passé de 150 à environ 1300 membres (1992). 16 fédérations professionnelles se sont formées (mécaniciens, soudeurs, menuisiers, tailleurs, femmes artisanes, maçons...). Des organes de gestion et de contrôle ont été mis sur pied et leurs responsables formés.
2 - L’APPUI AUX ATELIERS DE PRODUCTION.
Deux études sectorielles ont été réalisées sur le secteur bois, textile et cuir. De nombreux artisans ont suivis des formations en gestion (comptabilité élémentaire, planification des commandes et gestion des crédits). La formation des apprentis est une activité permanente dans les ateliers. Trois ateliers ont été achetés, cinq construits.
3 - L’APPUI AUX CIRCUITS DE COMMERCIALISATION.
L’approvisionnement en matières premières de qualité est déjà amorcé. Deux lieux de stockage et d’exposition des produits sont déjà opérationnels et d’autres sont en train d’être aménagés.
4 - L’APPUI A LA FEDERATION DES FEMMES ARTISANS a permis une diversification des métiers exercés par celles-ci (tapisserie, bijouterie, menuiserie et bientôt patchwork et technique écorce de bananier). 47 femmes ont déjà adhéré. Certaines ont reçu de petits crédits. Elles disposent d’un lieu d’exposition de leurs produits depuis 2 ans.
5 - L’APPUI AU FINANCMENT DE MICRO-ENTREPRISES.
Une caisse commune d’épargne et de crédit regroupant 191 membres fonctionne déjà mais connaît des difficultés tenant:
- à la situation politique et monétaire du pays caractérisée par une hyper inflation (pour lutter contre ce phénomène, l’épargne déposée est généralement immédiatement convertie en matières premières)
- à la capacité de gestion du crédit par les entrepreneurs artisans (un tiers des crédits non remboursés).
Outre les crédits accordés par la caisse des artisans (8), 10 artisans ont obtenu des crédits commande auprès d’une entreprise belge (Atol), partenaire de TST, 11 artisans ont obtenu des crédits du bureau diocésain de développement.
artisan, épargne, crédit, secteur informel, création d’entreprise, entreprise, entrepreneur
, Zaire, Bukavu
Les appuis fournis par TST aux artisans semblent quelque peu dispersés, mais chacun représente une piste intéressante. De cette expérience, on retiendra notamment:
- l’appui à une organisation "professionnelle" pré-existante jouant un rôle social et politique distinct du rôle d’appui technique de l’ONG
- l’originalité de l’initiative d’une caisse d’épargne et de crédit où les flux monétaires sont très vite transformés en biens matériels (matière première)pour lutter contre l’hyperinflation.
Sur ce modèle et dans des contextes hyperinflationnistes, l’idée de caisse de compensation est une piste à creuser.
Littérature grise
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