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La promotion de petites entreprises au Sahel -5-

Les groupements économiques sénégalais

Catherine CHAZE

02 / 1993

Les organisations de petites entreprises les plus visibles au Sahel, sont les Chambres de Commerce et Chambres des Métiers. Malheureusement, elles ne fournissent pas de services comme leurs homologues françaises: elles sont animées par des fonctionnaires détachés et perçues par les entrepreneurs davantage comme des organisations gouvernementales que comme leurs propres organisations. Ces organisations jouent certes un rôle (attribution des contrats avec l’Etat, immatriculation etc ...), mais elles ne font rien de concret pour la défense des petites entreprises face à l’Etat ou à d’autres groupes de pression.

Il existe d’autres groupes d’appui aux petites entreprises dont l’organisation est officielle mais indépendante du gouvernement. Ces organisations proposent à leurs membres toute une gamme de services: plaider leur cause auprès du gouvernement, les informer sur la règlementation, les mettre en contact avec les fournisseurs ou les marchés, voire leur donner accès à des financements. On sait peu de choses sur ces groupements et leur mode de fonctionnement. Au Sénégal, ces associations opèrent de manière assez transparente.

Les Groupements Economiques Sénégalais (GES)constituent un bon exemple d’une telle organisation. Le GES a été créé en 1962, au départ pour défendre les intérêts des entrepreneurs locaux contre le gouvernement sénégalais et le Comité National du Patronnat dominé par les intérêts français. Il compte maintenant plus de 10 000 membres, répartis en 8 fédérations, réprésentant diverses branches d’activité (commerce,artisanat, récupération etc...)y compris une fédération féminine.

Le GES est le groupe de pression le plus actif pour les petites entreprises, et il est représenté dans les comissions gouvernementales. Il réunit les entrepreneurs traditionnels et ceux du secteur moderne et permet à ceux qui sont analphabètes ou peu informés d’obtenir les conseils de collègues mieux instruits ou plus expérimentés sur les problèmes bancaires, sur leurs droits juridiques et autres sujets.

Lors de la crise sénégalo-mauritanienne, toutes les petites boutiques de mauritaniens ont été dévalisées. Ceci a entraîné des pertes importantes pour les fournisseurs de biens de consommation courante (Nestlé...)qui fournissaient les boutiquiers mauritaniens à crédit et a bloqué tout flux de crédit. Cela a également entraîné une crise sociale dans la mesure où la population a été brutalement coupée de sa source habituelle d’approvisionnment. Le gouvernement a demandé aux GES d’intervenir par l’intermédiaire de la fédération des grossistes. Les grossistes ont approvisionné les boutiques mais cela a vidé leurs entrepôts. Ils ne pouvaient reconstituer leurs stocks, ni avec des crédits bancaires, les banques n’ayant pas de liquidités, ni en obtenant un crédit auprès de leurs fournisseurs. La solution a consisté à faire appel aux membres du GES pour créer le capital d’une centrale d’achat. Grâce à cet appel, les grossistes ont réuni un capital de 30 millions de FCFA (50 FCFA = 1 FF). La fonction du GES n’est pas financière a priori, mais dans ce cas, le GES s’est montré capable de mobiliser des ressources pour résoudre un problème particulier.

Mots-clés

organisation socioprofessionnelle, entrepreneur, mobilisation populaire


, Sénégal

Commentaire

Le GES est un bon exemple de groupe de défense d’intérêt acquérant de manière ponctuelle d’autres fonctions plus précises en appui aux petites entreprises: formation, financement... Aider ce type d’organisation lorsqu’il existe, à mieux travailler, à structurer ses activités nous semble pour une agence d’aide, un moyen d’intervention garantissant la pérennité de l’action entreprise. L’action de l’agence d’aide se base sur un mouvement populaire pré-existant qui a commencé par lui-même la recherche de solutions à ses problèmes.

Source

Rapport

MAC KENZIE, John, OCDE, 1992

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