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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

La naissance en 1991 et les premières actions pour l’environnement d’une Association de développement local (Bla, Mali)

Sécheresse et désertification ont déclenché l’action collective

Issa DENON, Christophe VADON

2001

M. Denon explique ceci : «  Je m’appelle Issa DENON, je suis le président de l’Association pour la Promotion du Secteur Rural (APSR) qui a débuté dans le cercle de Bla, une ville située à 80 km de Ségou, comme Association villageoise de base. C’était juste après les événements de 1991, il y avait eu l’avènement de la 3ème République et une certaine précipitation pour la création d’" associations villageoises ".

D’abord, nous avons cherché à être légitimés : nous avons demandé à être reconnus comme association officielle au niveau de l’administration. Nous avons introduit notre requête au niveau du cercle, nous avons fourni les pièces afférentes et notre demande a été acceptée. Nous étions après l’association des Anciens Combattants, la deuxième association, créée à Bla.

Ce qui nous a motivés à créer cette association, c’est quand nous avons pris conscience de la dégradation de l’environnement. Les coupes abusives des bois, l’exploitation irrationnelle, les défrichements, l’érosion, le manque de pluies, etc. Cela nous a amenés à réfléchir. Puis j’ai été contacté par 4 ou 5 grands planteurs qui sont venus me voir et m’ont dit : « Depuis 2 ou 3 ans, les manguiers ne poussent plus assez, nous avons des problèmes à conserver l’humidité chez nous et nous n’avons plus d’eau. En plus, aux alentours de nos plantations les gens sont en train de couper, à tort et à travers. Il va falloir que l’on cherche une solution, l’administration est incapable de cerner tous ces problèmes. » Alors, nous avons réfléchi et nous nous sommes dit qu’il fallait faire quelque chose pour au moins protéger cet environnement, ce qui a amené l’idée de créer l’association et de prendre la protection de l’environnement comme fer de lance.

Ce « nous » là, regroupe un certain nombre de personnes. Au départ, nous étions 5 : un jeune diplômé chômeur (Modou S.), un pêcheur (Salika D., décédé depuis), deux planteurs et moi. Chaque jour, on discutait de problèmes tels que le drainage, la désertification, les feux de brousse. Alors nous avons voulu trouver un moyen pour consolider ce groupe et le transformer en association. Comme les nouvelles vont vite, les alentours ont compris qu’au niveau de Bla, un groupe s’était formé, et qu’une association s’était créée, dirigée par un forestier en disponibilité donc automatiquement des gens sont venus auprès de nous et ce « nous », c’est ce groupe-là. L’association regroupe tous les techniciens de développement du monde rural, ensuite les cultivateurs et les paysans soucieux du devenir de la protection de l’environnement, les jeunes, les fonctionnaires en disponibilité et enfin les pêcheurs, les éleveurs, toutes les couches sociales composant le secteur rural.

Lorsque nous avons eu notre récépissé, alors nous nous sommes dits : « il ne faut plus attendre, il faut faire quelque chose. Officiellement nous sommes reconnus, donc il faut que nous arrivions à passer de la parole à l’acte.". C’est ainsi qu’à mon initiative, en tant que forestier spécialisé en pisciculture et en apiculture avec beaucoup de connaissance dans le domaine de l’hydraulique villageoise et dans le domaine de la protection de l’environnement, nous avons commencé à créer une pépinière au niveau de Bla, afin de produire surtout les arbres qui ont tendance à disparaître au niveau de notre région, des plantes, des espèces locales et des espèces exotiques. On a produit pour la première année une très grande quantité d’eucalyptus, de neems, de flamboyants, de balazan, de karité, et ensuite on a ramassé 2500 bois de rôniers.

Au niveau de Bla, nous nous sommes limités à la production de plants et avec un embryon de pisciculture, parce qu’à Bla c’est une zone sèche et le poisson ici est un peu rare. Avant le changement de régime, personne n’était à l’aise, et chacun se cherchait, l’association a flotté un moment, les membres se sont dispersés, les jeunes diplômés sans emploi sont partis chez eux. Ils ne restaient que 8 villageois et moi. J’ai regagné Ségou en attendant que la situation se calme de 1991 à 1993. Dès l’avènement du nouveau régime, nous avons relancé notre association En 1995 vu l’envergure des travaux que nous avions et le nombre de nos projets dans le cercle de Bla et d’autres cercles voisins, nous avons été contraints de transformer notre association en ONG. Pour cela nous avons entrepris les démarches auprès du Ministère de l’administration territoriale et nous avons eu notre accord cadre le 6 octobre 1995. Je suis revenu à Bla, dans ma cour j’ai une très grande concession qui me servait de pépinière, de bureau, de lieu de tous les jours, de siège même pour l’association.

Mots-clés

développement local, ONG du Sud, sécheresse, environnement, reforestation, stratégie de développement, concertation


, Mali, Bla

Commentaire

Une Association Villageoise devenue ONG afin de protéger l’environnement, est, en 1998, une vivante association de développement local. Le récapitulatif des démarches pour obtenir le statut d’ONG, la présentation des membres, et les premières actions sont ici résumées par l’initiateur de cette démarche. Ni association paysanne, ni organisme d’appui, l’APSR comprend des techniciens, des pêcheurs, des cultivateurs vivants dans la même zone rurale.

Notes

Voir aussi fiches GRAD extraites du même interview.

Entretien avec DENON, Issa réalisé en 1998 à Mopti par VADON, Christophe

Source

Entretien

VADON, Christophe, GUERIN, Jérémie

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