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Construire des indicateurs de développement durable en dix leçons : un guide édité au Chili

Françoise Wautiez et Bernardo Reyes, de l’Institut d’écologie politique de Santiago du Chili, ont rédigé en 1999 un manuel éducatif intitulé ’Indicateurs locaux pour le développement durable’. Ce manuel s’adresse aux populations locales qui souhaitent appréhender leur environnement (quartier, ville) sous l’angle du développement durable. Un outil important pour une démarche participative efficace

Philippe JACQUOT

12 / 2001

Françoise Wautiez et Bernardo Reyes travaillaient sur un programme de développement écologique au sein de l’Institut d’écologie politique de Santiago lorsqu’ils ont lancé le projet de publier leur manuel. L’Institut est une structure d’activisme écologique et le livre répondait à un souci majeur : développer une alternative aux indicateurs macro-économiques (type Produit intérieur brut, PIB), mais aussi aux indicateurs locaux créés par des institutions internationales comme les Nations unies ou l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Quatre étapes ont été imaginées :

1. Former des formateurs aptes à élaborer des indicateurs locaux

2. Promouvoir et articuler les groupes locaux en réseaux d’échanges

3. Etendre ces réseaux au niveau international

4. Créer un agenda local citoyen pour les municipalités

Les auteurs se sont inspirés des nombreuses expériences d’indicateurs locaux de développement durable, venant d’Angleterre notamment. Le livre se penche sur les indicateurs participatifs, c’est-à-dire réalisés par la population elle-même. Ces indicateurs participatifs sont souvent moins précis que des indicateurs sophistiqués comme le niveau de pollution mais, ne faisant pas appel à une expertise lourde, ils sont l’occasion, pour la population, d’élaborer une vision propre du développement durable dans un cadre rigoureux. L’ouvrage, conçu comme un outil facile d’approche, se charge de décortiquer par étapes la démarche de réalisation des indicateurs et de leur exploitation. Pour cela, il intègre à chaque fois une sorte de méthode "pas à pas", le matériel et les individus à mobiliser, des exemples de méthodes et d’outils de transmission des informations. Les auteurs souhaitaient absolument privilégier cette exhaustivité afin que le manuel se suffise à lui-même pour mener à bien la construction des indicateurs. Ils voulaient également réduire au strict minimum les moyens financiers à engager par la population : un lieu de réunion et de quoi écrire devaient suffire. Sept étapes ont été identifiées, de la volonté d’un individu à mobiliser une communauté autour de la question du développement durable, à l’évaluation de la démarche quand les fruits ont été récoltés. L’approche développée au cours de ces différentes étapes vise à maintenir le niveau de compréhension des participants sur l’utilité des actions proposées. La deuxième étape, par exemple, doit permettre de fixer les objectifs. Ainsi, pour ne pas plaquer une vision préexistante du développement durable, l’ouvrage propose à chacun de décrire un rêve (par exemple, "Ma ville dans vingt ans"). La définition produite doit être longue ou courte, concrète ou conceptuelle, mais aura permis cette appropriation d’un projet de développement en respectant trois contraintes : inclure dans son rêve la population, une vision à long terme et tous les aspects de la vie quotidienne (économique, social, environnemental et institutionnel).

Dans l’étape de détermination des indicateurs, la communauté a découvert la notion de complexité. Pour chaque amélioration que l’on souhaite apporter, il s’agit en effet d’évaluer ses implications. Créer un espace vert signifie diminuer le bruit, créer un lieu de repos et de jeu, mais implique également un entretien spécifique, un espace perdu pour un commerce, etc. Le choix de l’action se fera alors sur la base d’indicateurs existants ou nouveaux, la créativité n’ayant pas de limites. Le tout est de créer une unité d’évaluation facilement quantifiable et proactive, c’est-à-dire porteuse de sens. Françoise Wautiez et Bernardo Reyes ont choisi d’intituler la dernière étape "Et maintenant ?". Ils y proposent l’instauration d’une année sabbatique, au cours de laquelle le groupe doit évaluer l’impact des indicateurs et de leur promotion avant de relancer le processus. Depuis l’édition du manuel, des communautés se sont emparées du sujet, notamment dans le quartier pauvre d’Estacion centrale, à Santiago. Une deuxième édition s’annonce et le guide est également sorti à Cuba.

Mots-clés

développement durable, recherche participative, théorie économique, développement local, méthode de diagnostic


, Chili,

Commentaire

La recherche d’un outil didactique et autonome constitue la grande originalité et la réussite de ce manuel dans un contexte où c’est la complexité qui prévaut. Le développement durable ne se fonde-t-il pas sur le constat de la complexité et de l’interaction des facteurs gérant notre quotidien ? Les récits de création d’indicateurs qui forment la fin du livre sont des exemples encourageants de ce que la démarche participative peut produire.

Notes

Contact : Françoise WAUTIEZ, Instituto de Ecologica Politica, Seminario 774, Nunoa, Santiago - Chile - amaru@libertysurf.fr - www.iepe.org

Fiche rédigée lors de l’Assemblée Mondiale des Citoyens de Lille, décembre 2001.

Entretien avec WAUTIEZ, Françoise

Source

Entretien

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