Georges THILL, Jean-Paul LEONIS
09 / 2001
Le Cap Corse constitue la partie la plus septentrionale de la Corse, île montagneuse méditerranéenne, plus lointaine de la Provence, en France, que de l’Italie, et plus longtemps génoise que française. La Corse est la plus petite (0,6 pour cent du territoire français) et la moins peuplée (0,4 pour cent de la population nationale) des régions françaises. Le Cap Corse constitue un "laboratoire", dans la mesure où cette micro-région est révélatrice à une échelle réduite des symptômes dont souffre l’ensemble de la Corse. Elle peut donc aussi être un laboratoire pour mettre en place des actions susceptibles de permettre un développement durable et auto-soutenable.
L’importance de toute une émigration et d’un vieillissement de la population a conduit à un abandon du système agricole traditionnel fondé sur l’association de l’élevage transhumant avec la culture de quelques céréales, de l’oliveraie, de la châtaigneraie, de la vigne et du cédrat.
Le vide démographique s’accompagne d’une situation économique précaire. A première vue, difficulté de rebondir, mais pourtant ce fut le cas lorsque dix-huit communes de la micro-région du Cap Corse ont entendu se regrouper en syndicats pour développer une piste de rénovation socio-économique. Une charte intercommunale d’aménagement et de développement du Cap Corse fut établie en 1989 devant aboutir à la mise en oeuvre d’un développement durable et intégré en respectant la qualité du milieu naturel et humain, en prenant racine dans l’histoire du Cap Corse, dans ses traditions et sa culture, afin de proposer un projet à une population, un espoir à une jeunesse, par un développement alliant la prise en compte du passé à l’imagination du futur.
Un "contrat de pays côtier" a été établi entre les différentes communes fédérées pour un progrès et un développement économique à long terme, avec notamment un volet touristique fort efficace quand on voit les résultats des actions menées. Ce volet tourne autour de quatre objectifs : mettre en place des produits touristiques financièrement viables par la mise en valeur de l’exploitation du patrimoine naturel et culturel ; créer des équipements d’hébergement locatifs intégrés ; développer des liaisons contractuelles entre producteurs locaux et système de promotion et de commercialisation ; améliorer "les retombées locales" des fréquentations touristiques sur les autres secteurs d’activité. L’économie touristique est renforcée par la valorisation agricole locale. Sauvegarde perçue par la population comme un enjeu important pour le développement du Cap Corse. De surcroît, les agriculteurs-éleveurs constituent aujourd’hui des vecteurs essentiels dans la gestion de l’espace. Exemple : on sait que la pratique de l’élevage extensif est le responsable principal des mises à feu. Mise en place par la gent pastoraliste, l’action devient efficace pour rendre l’espace le moins combustible possible et devenir ainsi le lieu non seulement de l’élevage, de l’agriculture, mais aussi du tourisme et des loisirs (randonnées pédestres et équestres). Dernier élément de ce développement, les activités considérées comme annexes de l’agriculture, à savoir le commerce, l’artisanat, l’industrie et la pêche connaissent une série de projets permettant de rénover ce secteur et d’avoir des répercussions directes sur toutes les activités de l’île.
développement local, économie rurale, création d’activité, renforcement des groupes de base, valorisation des savoirs traditionnels, stratégie de survie, citoyenneté, tourisme et environnement, tourisme
, France, Corse, Cap Corse
Aucune situation économique, aussi précaire soit-elle, aucun vide démographique, ni aucun vieillissement de population ne peuvent empêcher de rebondir, à condition que les communes, autorités et populations rassemblées, se mettent ensemble pour un plan d’aménagement et de développement sans artifice, sans démesure, sans spéculation, sans aménagement inutile pour revaloriser tout un patrimoine naturel et culturel et créer des liens contractuels entre producteurs locaux, systèmes de promotion et systèmes de commercialisation. En l’occurrence, le tourisme peut devenir à ce moment-là non point une structure dévastatrice, comme c’est souvent le cas, de l’environnement naturel, comme de l’héritage culturel, mais une source de conservation des sites et d’une valorisation interculturelle des ressources locales.
Compte rendu de colloque, conférence, séminaire,…
Jean-Emmanuel Vittori, PRELUDE, Perspectives pour un développement durable intégré. L'exemple du Cap Corse, Georges Thill, 2000 (France), numéro spécial hors série, p.169-172
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