04 / 1998
L’histoire est banale : un quartier d’habitat social en difficulté où violence et racisme s’engendrent mutuellement. En 1992, la ville de Pierrefitte en collaboration avec la CAF (Caisse d’allocations familiales) et les habitants du quartier nord se rassemblent autour d’une idée : créer un lieu d’écoute, de rencontre et d’activités. Le centre social et culturel s’installe au coeur de la cité. Les résultats sont moins communs : l’équipe du centre Georges Brassens a gagné la première bataille. En six ans, les incidents violents et le vote du Front national dans le quartier ont baissé.
Reconstruire une dynamique locale
La situation dans le quartier nord de Pierrefitte en 1992 était telle qu’il ne suffisait pas d’ouvrir un local et de proposer des activités pour que les choses s’améliorent. Toute une dynamique sociale était à reconstruire.
Pour cela l’équipe du centre a appuyé son action sur une concertation permanente entre les écoles, les bailleurs, les assistants sociaux, les associations de quartier et les habitants. Afin de promouvoir cette concertation, il fallait d’abord favoriser l’appropriation du centre social par les habitants de tout âge et de toute origine. Il s’agissait, pour les habitants qui ne s’adressent pas aux institutions - par peur ou par sentiment d’exclusion - de reconnaître le centre comme un endroit neutre ; lieu au sein duquel ils pourraient rencontrer les représentants de ces structures et où leur parole serait valorisée.
La maison des parents
C’est une action significative parmi toutes celles menées au centre social et culturel Georges Brassens dont les objectifs sont :
- effectuer un travail en direction des parents afin qu’ils soient au courant de la vie scolaire de leurs enfants et puissent mieux participer à la vie de l’école ;
- aider les parents afin qu’ils comprennent les problèmes de leurs enfants sans se sentir exclus de leur éducation ;
- travailler en direction de tous les parents afin qu’ils soient des acteurs dans la vie du quartier ;
- constituer une "cellule d’information" avec trois animateurs-médiateurs en emploi-jeune attachés aux écoles primaires, aux collèges et au centre social et culturel et un agent de développement local. Cette cellule se charge d’aller à la rencontre des parents dont les enfants ont été signalés comme étant en difficulté ; d’organiser des rencontres entre les parents et les institutions et faciliter la communication entre eux ; d’analyser la situation de l’enfant ; d’établir un constat permettant un travail en partenariat entre les parents et les différentes structures concernées ;
- organisation d’échanges et de débats à thème avec des institutions et des intervenants extérieurs ;
- création d’un système de parrainage entre les enfants et les jeunes du quartier.
Le principe de parrainage, promu à Georges Brassens, est également pratiqué au sein de l’association Art et rencontre. Douze artistes, membres de l’association, ont accepté de travailler avec les enfants, en lien avec les parents et l’école, en leur dispensant des cours réguliers d’arts plastiques.
La maison Art et rencontre, lieu dans la cité destiné à ces activités, où sont organisées également manifestations et expositions, a été inaugurée le 7 mars 1998.
Pour assurer la mixité culturelle du public, le centre accueille de nombreuses associations :
- les Femmes pierrefittoises qui organisent échanges et rencontres pour toutes les femmes du quartier,
- Arc-en-ciel, une association pour les jeunes et leurs familles qui se situe dans les champs de la médiation et de l’accompagnement, et qui organise des activités culturelles et sportives,
- deux associations de la communauté africaine : ARANP (Association des ressortissants d’Afrique noire de Pierrefitte) qui anime un atelier cuisine ouvert à tous les habitants du quartier et le Conseil de famille.
Afin de garantir la fidélité du public jeune, l’équipe du centre s’efforce d’organiser des ateliers qui correspondent à ses attentes :
- un atelier "défilé de mode",
- un atelier "techniques de recherche d’emploi" en présence d’un conseiller d’orientation, où journaux, minitel, téléphone et photocopieur sont mis à disposition ;
- en collaboration avec la CAF, un atelier "information, actualités quotidiennes" pour permettre aux jeunes de s’ouvrir vers le monde extérieur.
Dans un quartier semblable à beaucoup d’autres, l’équipe du centre social et culturel Georges Brassens a réussi à instaurer la communication et la coopération dans le respect de soi et de l’autre, en créant un espace de parole, en entretenant une collaboration étroite avec les institutions, notamment l’Éducation nationale, et en assurant le maintien des relations avec les habitants tout au long de l’année.
quartier urbain, lien social, participation des habitants, prévention de la délinquance, jeune, famille, racisme, violence
, France, Seine-Saint-Denis, Pierrefitte
Centre social et culturel Georges Brassens, 7 bis place Georges Brassens, 93380 Pierrefitte sur Seine - Tél 01 48 29 53 23 - Fax 01 48 26 61 71.
Pour aller plus loin :
DOLLÉ, Nathalie, en coll. avec TABIB, Hibat, La cité des Poètes : comment créer une dynamique de quartier face à la violence ?, Paris, Le Temps des Cerises, 1998.
"Le combat de la Cité des poètes contre la violence", France Culture, 10/04/1999 (Voix du silence).
Cette fiche a été réalisée pour une rencontre organisée dans le cadre de l’année européenne contre le racisme, par Profession Banlieue le 8 avril 1998 intitulée "Quelles initiatives contre le "racisme ordinaire ?".
Entretien avec TABIB, Hibat, directeur du Centre social et culturel.
Entretien
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