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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Les premiers efforts de concertation au Mayo-Kebi Ouest (Tchad)

Pierre PAZIMI, Benoît LECOMTE

01 / 2002

Pierre Pazimi, chargé du programme agricole du BELACD à Pala (Tchad), explique quelles sont, en juillet 2000, les relations entre l’organisation paysanne (OP) de Bissi Mafou, les autres OP de la région et avec un projet d’aide : "Les paysans essaient de mettre en place un "cadre de concertation" entre les groupements paysans et les Organisations Paysannes d’une partie du département du Mayo Kebi, dite Mayo Kebi Ouest. Parmi eux, l’OP de Bissi est la plus importante. Cela a été un peu favorisé par les ONG et le projet "GTZ micro-réalisations". Les gens ont trouvé cela intéressant. La difficulté c’est que les moyens de déplacement ne leur permettent pas de faire régulièrement ces rencontres. A ce niveau, la concertation est conduite par un bureau d’une quinzaine de personnes.

Au niveau de la préfecture, une réunion de concertation entre les ONG et les services de l’Etat a lieu une fois par an, animée par le Préfet lui-même. Toutes les ONG et certaines organisations représentant des OP en font partie. C’est intéressant car cela nous permet de discuter de tous les problèmes que l’on a rencontré sur le terrain et de planifier nos activités. Un autre projet de la coopération allemande appelé "GTZ Planification" basé à Bongor assure le secrétariat de cette réunion et essaie, à partir de nos réflexions (entre autres), de bâtir un programme de développement. La GTZ n’assure pas la totalité des financements des rencontres ; il y a une participation des ONG, des services de l’Etat et des OP. Les relations entre l’organisation de Bissi et ces fédérations; c’est le grand sujet de débat ! Il faut savoir que le Mouvement Paysan de la Zone Soudanienne (MPZS) et les autres regroupements comme la Plate-Forme Paysanne qui fait partie de l’ensemble des "Plates-formes paysannes nationales" des pays membres du CIELS (Comité Inter-Etat de la Lutte contre la Sécheresse) ; tout cela est largement critiqué par les groupements paysans car au niveau national, les responsables du MPZS et les responsables de la Plate-Forme Paysanne ont été désignés par certains services, comme l’ONDR (Office National de Développement Rural). Ces représentants-là ont été choisis par affinité amicale, sont déconnectés de la base et vont directement parler au niveau du ministre, au niveau de tout ce qu’ils veulent, sans tenir compte des autres. J’en connais qui n’ont jamais fait de réunions avec les OP depuis leur mise en place.

Ceci est très largement critiqué. Aujourd’hui quelque chose qui se soit construit à partir du bas, cela n’existe pas mais cela pourrait avoir lieu. Les ONG ont toujours critiqué cela et disent qu’il faut convoquer des rencontres au niveau de groupements paysans pour élire leurs représentants. Mais ceci n’est jamais fait. Si vous allez dans les différents groupements et que vous posez la question aux membres pour dire : "Est-ce que vous connaissez la Plate-Forme ?" Aucune réponse ; ils ne connaissent pas.

De même pour le MPZS le plus souvent. Pourtant en gros tous ceux qui sont membres de l’OP de Bissi Mafou en sont membres. Et par la vente du coton, leurs "ristournes" (la partie de l’argent de la vente du coton versée aux groupements après que les opérations de transformation soit terminée) retournent u MPZS pour payer les "représentants". Ce n’est pas vraiment de leur gré, ils sont obligés d’être comme ça. Il n’y a pas eu d’élections depuis plusieurs années et les représentants de MPZS sont presque là à vie. La difficulté, c’est que les paysans eux-mêmes savent que ces gens-là bouffent, mais ils s’en foutent. Il n’y a pas d’animation à la base et puis cela arrange ceux qui sont nommés là-bas parce que, comme les gens sont devenus inconscients, ils restent là tranquillement, sans s’inquiéter d’après."

Mots-clés

organisation paysanne, élection, Etat, ONG du Sud, identité culturelle, pouvoir, concertation


, Tchad, Bissi

Commentaire

Notre interlocuteur s’emploie bénévolement à reconstruire, dans la région dont il est originaire, un mouvement paysan. Pour cela, il provoque des rencontres entre les diverses organisations paysannes où l’on discute, en particulier, de l’obstacle que représentent les fausses organisations faîtières mises en place "depuis le haut" et sans lien étroit avec les bases. En fait, il s’agit d’une dé-construction puis d’une construction neuve.

Notes

Notre interlocuteur est un agronome responsable de activités dans le domaine agricole d’une ONG tchadienne. En même temps il est paysan et fait partie de l’organisation paysanne de Bissi Mafou et qui agit dans la zone dont il est originaire. Plusieurs fiches ont été établies à partir de son interview.

Entretien avec PAZIMI, Pierre réalisé à Bonneville et à Pala.

Source

Entretien

LECOMTE, Benoît

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - France - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

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