Amadou MALET, Christophe VADON
11 / 2001
M. Amadou MALET, dirigeant du réseau AIFD-ONG (Appui aux Initiatives des Femmes pour le Développement), à Ségou (Mali), raconte les débuts d’une association féminine en ville :
« Des femmes ont pris contact avec moi. A l’époque, l’association n’avait même pas de statuts, pas d’existence juridique, même pas de récépissé. J’ai répondu que je ne promettais rien. J’ai dit : « Ce qu’on peut faire, c’est organiser une rencontre avec l’ensemble des femmes pour voir ce que vous voulez ». On a fait deux ou trois rencontres, c’était pour voir comment elles avaient commencé, ce qu’elles avaient déjà fait, les problèmes qu’elles avaient, pourquoi cela ne marchait pas.
C’est au cours de ces réunions qu’elles m’ont dit : « Nous sommes fatiguées parce que nous sommes plus âgées que la promotrice de l’activité de teinture et c’est elle qui nous envoie chercher de l’eau. On ne fait que prendre de l’eau, mélanger, laver, et c’est elle qui fait un peu l’alchimie, elle met les teintures. On n’apprend rien et, en réalité, on a rien, elle ne nous paie pas, donc on est fatiguées. On est intéressées à trouver quelqu’un pour nous appuyer d’abord à ce que nous-mêmes puissions apprendre à faire cela « . J’ai dit : « OK, maintenant vous êtes une association ; au niveau de votre association, qui est la présidente ? Quels sont vos statuts ?". Elles n’avaient pas cela. Donc on a commencé par aller vers la définition de l’association, des statuts, du règlement intérieur, la mise en place d’un bureau, d’un comité de surveillance. Et par les cotisations, comme une vérification de la volonté de tout un chacun qui veut participer à l’association. Quand on a fini de faire cela j’ai dit : « Maintenant, il faut que vous puissiez, vous à votre niveau, commencer par cotiser. Même si c’est minime, il faut quand même cotiser pendant un certain temps pour qu’on voie si on peut encore travailler ensemble ». Elles ont commencé à cotiser 100 FCFA par mois. Là également, quand cela a commencé à durer, elles se décourageaient.
A l’époque j’avais un contact avec les responsables d’un organisme d’appui (OA) ; j’ai cherché pour savoir s’ils étaient intéressés pour appuyer le groupement féminin dans la commune de Ségou. Ils m’avaient dit que oui, en principe, ils étaient intéressés.
Avec l’OA, on a monté un petit programme. C’était un programme de formation en teinture pour 21 jours et il y avait un petit équipement : la baignoire, les seaux qu’on devait acheter. On a acheté un peu de teinture, quelques tissus pour qu’elles puissent démarrer. Elles ont fait la formation avec cela. Elles ont commencé avec un fonds de roulement d’environ 150.000 FCFA (1.500 FF). Elles ont suivi la formation, maintenant elles produisent.
femme, ONG du Sud, secteur informel, développement local, solidarité
, Mali, Ségou
Ce court texte décrit bien les premiers pas de femmes habitant la ville et cherchant une activité rémunératrice de façon indépendante de la technicienne qui leur enseignait cette pratique nouvelle. Un coup de pouce de quelqu’un qui connaissait de près ce qu’est une association a suffi pour qu’elles réunissent leur épargne et se lancent ensemble.
M. Malet est psychopédagogue de formation. Il a travaillé pendant 5 ans comme coordinateur régional du volet réseau d’animation au niveau de la région de Ségou, dans le cadre de la mise en place d’un programme hydraulique mené par l’UNICEF. Très actif avec sa femme dans la région de Ségou, il est à l’origine de plusieurs initiatives locales retracées dans des fiches tirées de ce même interview.
Entretien avec MALET, Amadou réalisé en août 1998
Entretien
VADON, Christophe
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