02 / 1998
Sara Diouf, Secrétaire Général de Jig-Jam :
"L’association Jig-Jam est, en quelque sorte, issue du Centre Agropastoral de Sassal, créé en 1972 par des missionnaires allemands pour vulgariser la culture du riz dans la localité. En ce temps-là, il y avait de l’eau et de la bonne terre. Le Centre, quelque deux ans après, s’est transformé en un centre de formation car les Allemands trouvaient que le besoin prioritaire local était la formation. Le Centre agropastoral de Sassal a été membre de la FONGS (Fédération des Organisations Non Gouvernementales du Sénégal) dès la création de celle-ci en 1978. Sassal a connu divers partenaires : principalement SIX S (Se Servir de la Saison Sèche en Savane et au Sahel) et la COE (Conférence Oecuménique des Eglises). J’ai été animateur d’alphabétisation pour le Centre et c’est à partir de là que nous avons évolué.
En 1986, parmi les anciens "auditeurs" des classes d’alphabétisation, certains ont créé des groupements villageois. Le nombre de groupements étant de 23, ils ont eu l’idée de créer une Union de ces groupements. L’Union (Jig-Jam), dès sa création, a été autonome, indépendante du Centre de formation. Elle avait comme vocation de renforcer la formation, d’amplifier la mission du Centre vers des actions de développement telles que l’agriculture, l’élevage, le commerce, etc.
Le premier partenaire que Jig-Jam a eu, en tant qu’entité autonome, fut Agro-Action (Allemagne). Dans un premier temps, il nous a appuyés pour créer des banques villageoises et des banques de céréales et ensuite pour faire un suivi: acheter des chèvres, confier cela aux groupements. C’était l’année où SIX S se retirait (1989).
En 1990, nous avons connu, au sein de l’association, une crise de confiance, malgré le fait que nous travaillions avec des projets d’aide extérieure, que la dynamique s’amplifiait, et que le nombre des groupements augmentait. De 23 groupements au départ, nous sommes passés à 77 en 1990. Ceci s’est très rapidement répercuté sur la gestion de toute cette dynamique. Nous avons fait des évaluations au niveau organisationnel au point de revenir sur la structuration de l’association et de décentraliser les responsabilités. En 1997, Jig-Jam est composée de quatre coordinations qui, chacune, regroupe des groupements fédérés entre eux.
Jusqu’en 1993, nous n’avions pas de programme. On vivait de projets ponctuels. Nous avons fait un programme que nous avons négocié avec OXFAM Grande-Bretagne et NOVIB (Hollande). En 1993-94, ils ont cofinancé ce premier programme qui a duré deux ans. A la fin du premier programme biennal, nous avons eu, en 1995, une année sans aide extérieure qui nous a permis d’évaluer, de voir réellement ce qui allait et ce qui n’allait pas, d’aller vers les populations, de leur présenter les résultats de l’évaluation pour qu’ils réagissent afin de nous permettre d’avoir d’autres éléments pour constituer un nouveau programme. C’est ainsi que nous avons élaboré un deuxième programme biennal. Son cofinancement (1996-1997) a été accepté par les deux mêmes partenaires : OXFAM-GB et NOVIB. Nous sommes aujourd’hui, fin 1997, à la fin de ce programme qui a permis de consolider les acquis obtenus au travers du premier programme, mais également d’innover en beaucoup de choses.
Parallèlement, il y a des actions sectorielles que l’association continue à mener avec l’appui de la FONGS dans le cadre de la formation, mais aussi avec le GRAD dans le domaine de la communication. Ces actions ont permis à Jig-Jam de se renforcer par l’acquisition de matériel et d’utiliser, assez efficacement, la radio rurale. Ces projets sont venus renforcer ce que nous avions à faire avec notre programme.
En 1997, nous avons eu la chance de signer un contrat avec la Banque Ouest Africaine du Développement, un projet qui vise la relance de l’agroforesterie. Mais la négociation a duré 4 ans !"
histoire, organisation paysanne, projet de développement, ONG du Nord, évaluation, développement local, concertation
, Sénégal, Fissel
Notre interlocuteur nous présente le parcours de Jig-Jam, association incontournable au Sénégal, dont la notoriété est allée en grandissant, parallèlement à ses actions. Jig-Jam est née d’une action de formation en milieu rural (des années 1970) vers une association paysanne de 4000 membres ayant son propre programme de développement local. Cette association a réussi à vivre un partenariat durable avec deux ONG majeures du Nord (OXFAM-UK et NOVIB-NL).
Plusieurs fois interviewé ces dernières années, M. Sara Diouf est un responsable paysan innovateur en matière de développement local et de concertation entre intervenants.
Voir les fiches DPH : 7.440; 7.501; 7.499; 7.201; 7.202. Voir fiches GRAD tirées des interviews de Sara Diouf : n° 88 à 98 concernant Jig-Jam et n° 428 à 434 concernant la CAD (Comité de Coordination des Actions au Développement).
Entretien avec DIOUF, Sara réalisé à Thiès en décembre 1997
Entretien
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