10 / 2001
Sara Diouf, coordinateur de la Coordination des Acteurs de Développement (CAD) de Fissel et secrétaire général de Jig-Jam :
"Après la Coordination des Acteurs de Développement (CAD) de Fissel, il y a eu d’autres initiatives ailleurs dans le département de Mbour : une dans la Communauté rurale (CR) de Diass et une à Joal dans la commune de Joal-Fadiouth. Ces CAD ont été aidées par l’association Jeunesse et Développement. Ensemble, les 3 initiatives se sont retrouvées et nous avons, dans un 1er temps, créé un "Collectif départemental d’animateurs en développement local". C’était en 1996.
Ce collectif a appuyé les CAD locales pour l’information et la formation mais sa mission principale était d’étendre la démarche dans les autres collectivités du département de Mbour. Ce collectif départemental a évolué et, en 1998, on a créé le "cadre départemental de concertation des acteurs de développement local" qui actuellement est bien structuré, a ses missions, ses moyens et épaule le processus de mise en place de l’ensemble des CAD du département de Mbour. Maintenant (en mars 1999) presque toutes les collectivités locales du département de Mbour sont impliquées dans la démarche et d’ici juin, leurs PLD (Plans Locaux de Développement) seront terminés ainsi que les nouveaux PLD des trois CAD anciens.
L’idée des PLD ne vient pas de l’Etat. Je peux dire que pour celui de Fissel, il a été une anticipation de ce qu’a fait ensuite l’Etat. Nous avons commencé les réflexions en 1991/92 alors qu’à ce moment on ne parlait même pas de renouveau de la décentralisation. C’est en 1973 que l’Etat a eu l’idée de décentraliser par la création des communautés rurales disposant chacune d’un Conseil rural élu. A Fissel, nous nous sommes mis à créer un "cadre" entre nous alors qu’à ce moment on ne savait même pas quel gouvernement allait, un jour, "régionaliser". Il faut comprendre que la décentralisation n’est pas le développement local. La première est une option politique et administrative légiférée par l’Etat, alors que la seconde est une option -partagée entre acteurs à la base (politiques, société civile et techniciens)- de poursuivre ensemble une démarche pour la construction d’une société désirée.
Donc, le PLD de Fissel, est une initiative des gens de Fissel accompagnés par un partenaire technique français, le CIEPAC (Centre International pour l’Education Permanente et l’Aménagement Concerté) avec l’appui financier des gens du département de l’Aube, mais également des gens de la CR. Les trois premiers CAD ont aussi été créés avec l’aide du CIEPAC. Le département de Mbour est jumelé au département de l’Aube en France où des collectivités françaises ont lié des amitiés avec des collectivités du département de Mbour : Fissel est lié avec Romilly sur Seine, Joal avec Nogent sur Seine, Diass avec Sainte-Saville. Une association départementale (Jeunesse et Développement) constitue le comité qui fait marcher le jumelage entre le département de Mbour et le département de l’Aube.
Avec l’avènement de la décentralisation (en 1998), nous nous sommes rendus compte de l’importance de ce que nous avions déjà fait. Parce qu’il se trouve des communautés rurales qui n’avaient encore rien fait au moment où on parlait de la décentralisation. Alors que nous, au moins, on se trouvait avec un début de concertation avancée et même des outils de gestion en place ; C’est-à-dire une CAD qui marche et où tous les acteurs au niveau de la communauté se retrouvent.
Les relations qui existent entre les CAD des CR et le "Cadre" au niveau départemental se sont concrétisées par la réunion des délégués des CAD locales au niveau départemental. D’ailleurs, pour le cas de Fissel, le Président de la CR de Fissel est le Président du Cadre départemental de concertation des acteurs de développement local. La CAD de la CR de Fissel y est représenté par deux personnes. Donc, en termes de missions, le cadre départemental doit appuyer les cadre locaux pour tout ce qui facilite la formation, permet une bonne information, facilite le partenariat. Il doit appuyer les cadres locaux pour l’élaboration des programmes et la recherche de financements. De leur côté, les cadres locaux ont cette mission par rapport aux structures qui les composent. Après l’élaboration des PLD au niveau des CR, le cadre départemental repère les appuis nécessaires pour l’accompagnement de tout ce qui a été élaboré au niveau local".
développement local, participation populaire, innovation, décentralisation, partenariat, concertation, collectivité locale
, Sénégal, Mbour
D’autres comités locaux de coordination ont été créés dans les années 1990 dans les communautés rurales proches de Fissel, avec l’appui de l’équipe CIEPAC. A la fin de cette période, l’Etat organise la décentralisation et épaule la création de structures du même type appelées "Cadre de Concertation", aux niveaux local, départemental et depuis 1999, régional. L’innovation paysanne a porté ses fruits.
Sara Diouf, secrétaire général de l’association paysanne Jig-Jam a été plusieurs fois interviewé afin que l’innovation qu’il décrit soit bien expliquée.
Voir aussi la fiche DPH n° 7440.
Entretien avec DIOUF, Sara, réalisé à Thiès (Sénégal), en mars 1999.
Entretien
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