05 / 2001
Mama Gueye, présidente de l’UGAN, l’Union des Groupements Associés du Niombato nous parle de son association :
"L’Union compte 76 groupements et chaque groupement représente un village. Les membres sont à 80 pour cent des femmes. Il y a des groupements seulement féminins et il y a aussi des groupements mixtes. A la création de l’Union, en 1993, j’ai été nommée vice-présidente, et puis présidente. Je suis également membre du groupement de mon village. J’ai été élue vice-présidente parce qu’il devait y avoir une femme de bureau et c’était moi seule qui m’était présentée comme femme qui parlait un peu français.
L’Union fonctionne bien, chaque membre cotise 1.000 FCFA (10 FF) par an. Nous vendons aussi des cartes de membres à 500 FCFA dont 300 FCFA reviennent à l’Union et 200 FCFA au groupement. Quand on a organisé des classe d’alphabétisation, on a discuté avec les femmes et on les a aidées à construire des fourneaux qui leur permettent d’avoir besoin de moins de bois : avec 3 morceaux de bois, tu fais la cuisine pendant 3 jours.
Nous faisons aussi la vulgarisation des fourneaux Banasouf. C’est une formation que nous avons suivie et maintenant on décentralise cela vers les groupements. Pour chaque fourneau fabriqué, le groupement paie 750 FCFA dont 500 FCFA reviennent à l’Union et 250 FCFA au membre qui est venu fabriquer le fourneau.
On les appuie aussi pour de petits crédits : on te prête par exemple 20.000 CFA ce qui te permet d’aller acheter quelque chose au marché hebdomadaire et de venir le vendre au village. A la fin de la saison, tu rembourses et tu prends ton bénéfice. C’est comme cela qu’on les aide.
Donc nous avons des fonds propres mais actuellement nous avons aussi un projet aidé par l’ONG CARITAS, qui nous a permis de faire la construction de notre siège, et d’acheter des mobylettes pour les 5 animateurs et les 2 coordinateurs. Nous avons aussi un crédit-épargne pour les groupements. Pendant 3 ans, nous gérons un fonds de 7.000.000 FCFA (70.000 FF) pour le crédit par CARITAS.
Nous avons aussi collaboré avec le projet appelé PAGERNA, qui nous a appuyés pour l’embouche dans les groupements. Cela a réussi mais actuellement ces derniers ont cessé de collaborer avec les associations paysannes. Maintenant ils vont directement aux communautés rurales, là où on se réunit pour voir comment faire le développement local.
Comme partenaire, nous avons aussi le GRAD, avec qui nous commençons notre deuxième année de collaboration. Dès notre naissance, on a cherché des partenaires pour avoir des formations, pour que tous les membres puissent en profiter. Communication, gestion financière, genre et leadership féminin, évaluation, suivi, on a fait toutes ces formations. Nous avons fait plusieurs formations en communication et il y a deux partenaires qui nous ont formés sur ce thème. Tous les membres du Bureau ont été formés et, avec le GRAD, on a pu faire plusieurs formations décentralisées.
Parce que la communication était notre problème majeur : on communiquait difficilement avec les groupements parce que la zone est large et nous n’avons pas de moyens. C’est à partir de cette constatation qu’on a divisé l’union en 6 zones. 5 zones correspondent à des communautés rurales et une zone est une commune. Dans chaque zone il y a un animateur de zone qui va avec les groupements et revient informer l’union. S’il y a des informations à donner aux groupements, c’est lui qui descend et qui informe. Tous les premiers mercredis du mois on a une rencontre de tous les animateurs de zone pour échanger les informations. Maintenant il y a une meilleure communication avec les groupements.
Notre Union est encore jeune, et nous cherchons d’autres partenaires pour pouvoir satisfaire tous nos groupements parce qu’actuellement ce n’est pas possible. Quand on a un appui, on cible quelques groupements seulement qui vont bénéficier de ce projet. Si on a un autre appui, on cible d’autres groupements".
organisation paysanne, crédit, formation permanente, développement local, réseau d’information
, Sénégal, Kaolack
La présidente d’une union de 73 groupements ruraux (mixtes) décrit les activités et les ressources de son association. Elle insiste sur la fonction de communication : la zone est vaste et pour transmettre et recevoir les informations, l’union s’est décentralisée en 6 zones disposant chacune d’un paysan animateur de zone.
Notre interlocutrice est l’une des rares "présidentes" d’une association régionale importante du Sénégal, composée de groupements mixtes. Voir les fiches extraites du même interview, n°GRAD 473 à 475.
Entretien avec GUEYE, Mama à Kaolack en février 2001.
Entretien
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