Le témoignage et les responsabilités de leur secrétaire
05 / 2001
Sadaga DIENG, Secrétaire d’un groupement féminin membre de l’association Jig-Jam (Fissel, Sénégal) :
a / "Mon rôle de secrétaire consiste à écrire les procès verbaux des réunions, à rencontrer les femmes et à faire les comptes-rendus des réunions. J’ai été élue par les membres du groupement, je suis réélue chaque année depuis longtemps. Le groupement existe depuis 1984. Il y a 65 membres dans notre groupement, seulement des femmes. Comme activités, nous faisons le petit commerce, la transformation des produits, la bergerie des chèvres et moutons, l’embouche et on a même une banque de céréales. Tout cela est fait sur les fonds propres du groupement, avec les cotisations mensuelles de 125 FCFA (1,25 FF). Sur cette somme, 100 FCFA ce sont pour la caisse du groupement et 25 FCFA c’est pour la caisse de solidarité, celle qu’on utilise en cas de maladie de l’un des membres.
Avec la caisse du groupement, on fait des crédits. Il y a un Comité de conseil au crédit où il y a 5 personnes plus le président, la secrétaire et la trésorière. Ils suivent les gens qui prennent les crédits et il n’y a jamais de problèmes. C’est aussi eux qui décident qui peut prendre un crédit, mais c’est Jig-Jam qui décide à quel groupement il va verser du crédit. Le comité choisit les membres les plus sûrs pour le remboursement. Pour cela il faut d’abord regarder les gens travailler. Avant c’était des crédits d’un an mais maintenant on fait des crédits de 6 mois. Ces crédits de 6 mois c’est pour le petit commerce et l’embouche. Pour la bergerie c’est un an. Ce ne sont pas de gros crédits, cela va de 15.000 FCFA à 30.000 FCFA. Le remboursement est toujours de 100 pour cent. Les intérêts sont de 15 pour cent. Le crédit est donné collectivement au groupement, et après chaque membre peut prendre un crédit individuellement. C’est mieux de pouvoir prendre chacun un crédit pour soi, parce qu’en travaillant pour toi, tu peux avoir ce que tu veux et satisfaire ton intérêt personnel mais le groupement a son intérêt avec ton remboursement. Avec nos activités comme le petit commerce ou la bergerie, nous ne pouvons pas travailler en collectif.
Pour ceux qui ne remboursent pas, il y a des amendes. Si un membre a emprunté pour 6 mois et qu’au septième mois il n’a pas remboursé, il doit une amende. L’amende est proportionnelle à ce que tu as emprunté et elle dépend du conseil de crédit. Après tu rembourses forcément parce que quand tu as pris de l’argent, il y a un comité de suivi chargé de contrôler ce que tu fais avec l’argent, alors tu ne peux pas manger l’argent. Parce que si on voit, au bout d’une ou deux visites, que tu n’as pas investi l’argent, on te retire l’argent pour le donner à une autre.
Le crédit est vraiment une aide pour les femmes parce qu’une femme qui ne pourrait rien faire et rien avoir, elle peut prendre un crédit, elle rembourse et elle a du bénéfice. Après elle peut acheter tout ce qu’elle veut avec son argent : des moutons, des chèvres ou un frigo etc...
b / Je suis aussi responsable de la zone D de Jig-Jam et animatrice de 5 groupements dans cette zone. On a séparé les zones et chaque animateur (homme ou femme) a 5 groupements à animer sur des thèmes variés : planning familial , comment un groupement se construit, comment les crédits se déroulent, comment l’embouche se déroule, comment faire fonctionner un groupement. Nous faisons de l’animation au niveau des groupements mixtes ou féminins. Pour les échanges, un groupement peut rencontrer un autre groupement, aller d’un village à un autre pour voir comment cela se passe. C’est très utile parce que tu peux connaître des choses qui se déroulent dans un groupement et qui ne sont pas dans ton groupement. Tu peux avoir une expérience pour mieux faire et pour résoudre des problèmes.
Nous faisons de l’animation sur le planning familial parce qu’on est "relais de santé communautaire". On parle avec les femmes sur la planification ; au moment de l’hivernage on parle du paludisme et d’autres maladies. En cas d’épidémie, on descend sur le terrain pour parler aux gens de l’épidémie, comment l’éviter. Il y a des hommes qui ne sont pas d’accord pour que les femmes fassent la planification. Il y a des femmes dont le mari est d’accord et qui font la planification. Le couple fait cela ensemble à l’hôpital. Si ton mari n’est pas d’accord, tu ne peux pas faire cela. Mais avec la sensibilisation, les maris commencent à comprendre. Aux maris, nous leur expliquons tout. Qu’une femme doit se reposer parce qu’un accouchement c’est difficile. Si les grossesses ne sont pas assez éloignées, on peut avoir des difficultés. Surtout une femme paysanne : une femme qui fait le commerce, qui pile, qui puise et qui fait encore d’autres travaux et en plus qui fait un accouchement, c’est très dur. On parle avec les hommes pour qu’ils comprennent ce qu’on veut dire. Et cela améliore la santé des femmes.
Nous faisons beaucoup de choses pour la santé de la femme et de l’enfant. A chaque fois que le docteur nous implique à faire des animations, on descend sur le terrain parler avec les gens. Le docteur est toujours là quand nous faisons des causeries avec les femmes, les hommes et les petits. Il y a aussi les vieux, les autorités du village. Quand on doit faire une causerie, on les rencontre. C’est important de discuter avec eux pour que l’animation soit mieux acceptée par les gens".
épargne, crédit, organisation paysanne, formation permanente, développement local, participation des femmes, santé
, Sénégal, Fissel
Une description de deux activités de groupements mixtes ou féminins : le crédit à chaque groupement qui ensuite choisit en son sein les emprunteurs les plus sûrs ; et le travail d’animation et d’information dans les villages effectué par des paysan(nes) appelés animateur(trices).
Rares sont les témoignages de femmes membres d’un groupement car beaucoup d’entre elles sont analphabètes.
Entretien avec DIENG, Sadaga réalisé à Fissel en février 2001.
Entretien
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