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Le Monde selon les femmes : l’égalité au coeur du développement.

Claudine DRION

10 / 1999

"Le Monde Selon Les Femmes" a été créée en 1986 sur initiative des femmes travaillant dans les ONGD en Belgique francophone. Leur objectif était de sensibiliser la population belge aux problèmes de développement dans le Tiers-Monde et en particulier, à la condition et aux luttes des femmes dans le Tiers-Monde.

Différentes actions ont été organisées. Entre autres, des conférences-rencontres avec des femmes du Tiers-Monde, la constitution d’un fichier d’adresses avec des mouvements féminins dans le Tiers-Monde, des échanges de publications, des formations à la prise en compte du ’genre’ dans les projets de développement et la préparation, la participation et le suivi de la Conférence de Pékin.

L’originalité de la formule réside dans l’interpellation des femmes du Tiers Monde. Celles-ci ont en effet interpellé tout de suite leurs consoeurs du Nord en leur disant ne pas vouloir les aider si elles-mêmes ne luttaient pas pour l’égalité au Nord.

Une enquête fut réalisée dans les ONGD pour connaître quels postes occupaient les femmes, quelles responsabilités et quels pouvoirs elles avaient. Force fut de constater que les postes de direction étaient quasi exclusivement occupés par des hommes et que les postes de cadres inférieurs et de secrétaires l’étaient par des femmes. Il fallait donc balayer devant notre porte...

Une analyse fut peu à peu élaborée : lorsqu’on adopte un angle d’observation féministe, on constate que, dans les groupements humains connus, sauf exception, les hommes sont les dominants, les références et les femmes leur sont inférieures. Dans l’organisation des sociétés, les hommes légifèrent, dirigent, commandent. Au niveau individuel, les unions matrimoniales allient généralement, un homme plus âgé, plus fort physiquement, plus grand, plus riche, plus puissant, plus instruit à une femme plus jeune, plus faible, plus petite, moins riche, moins instruite... Dans les groupes familiaux, les hommes adultes occupent une position supérieure par rapport aux femmes adultes de même rang.

L’appartenance à la condition féminine ou masculine implique un déterminisme discriminatoire pour les femmes. Dans les pays du Tiers-Monde, les situations sont encore plus tranchées, les différences plus nettes. Les faits d’observation témoignent donc de la présence d’une inégalité.

Une inégalité ’moins’ inégale ?

Contrairement à l’inégalité sociale qui est aujourd’hui reconnue comme une dysfonction, une injustice qu’il faut combattre, l’inégalité entre les hommes et les femmes a cette particularité que certains refusent de la considérer comme une ’véritable’ inégalité et font appel à la biologie, ou aux concepts de la ’nature’ ou de la culture pour la justifier. C’est une attitude et une réflexion que l’on rencontre partout.

Le parallèle avec les inégalités sociales est intéressant à poursuivre. Sous l’ancien régime, il était interdit et punissable de discuter des inégalités sociales. Le dogme était que les différences de naissance, les disparités dominants-dominés, maître-esclave étaient ’naturelles’. On peut schématiquement dater de la fin du 18e siècle, la mise au ban, au point de vue humain et scientifique, de cette manière de voir. Depuis 1789, l’homme moderne se fait un point d’honneur et de vertu à proclamer officiellement l’égalité entre tous les humains. Même les dictatures les plus sanglantes souscrivent officiellement à ce principe. Hormis la très inquiétante remontée des courants d’extrême droite et des idéologies ségrégatives, le consensus est établi sur le fait que les inégalités sociales doivent disparaître.

Quant à l’inégalité entre les hommes et les femmes, elle commence a être reconnue mais qu’il faille la combattre n’est pas unanimement ni universellement reconnu.

Nous pensons que les inégalités entre les hommes et les femmes doivent être combattues dans nos propres sociétés, dans notre propre milieu et plus particulièrement dans le monde des ONG de développement.

Nous pensons également que ce combat est le même que celui des femmes des pays du Tiers-Monde. Nos idées et notre sensibilité ne sont pas des productions occidentales inexportables. Aucune particularité culturelle, aucun passé historique ne peuvent justifier qu’un être humain ait à subir une discrimination arbitraire. L’aspiration à la justice et au respect sont les mêmes pour tous les êtres humains vivant sur cette planète.

Nous rappellons trois principes qui sont pour nous à la base de tout notre engagement:

- Le développement est une entreprise non seulement technique et économique mais également un changement social et culturel. Ceci implique des jugements de valeur.

- Les rôles féminins ou masculins sont des constructions, conséquences de la socialisation et non d’une détermination biologique.

- Les êtres humains sont égaux de droit. Tout obstacle à cette égalité doit être levé, dénoncé et combattu. L’action à mener est du domaine politique et de la structure des rapports de pouvoir dans la sphère publique et dans les relations interpersonnelles au sein des familles et des groupes sociaux.

Mots-clés

femme, ONG, discrimination des femmes, dimension culturelle du développement, genre


, Belgique

Commentaire

Après ce positionnement théorique, le Monde selon les Femmes est surtout un réseau de femmes actives dans le domaine de la solidarité, qu’elles soient belges, migrantes ou du Sud ! Un laboratoire d’échange dans la recherche de l’égalité.

Source

Texte original

Le Monde selon les Femmes - 18 rue de la Sablonnière, 1000 Bruxelles, BELGIQUE - Tél. : (32) 2 223 05 12 - Fax : (32) 2 223 15 12 - Belgique - www.mondefemmes.org/ - monde.femmes (@) skynet.be

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