Association des Familles Actives Pour l’Emploi des Jeunes
Anne Sophie BOISGALLAIS, Robert PONCHON
09 / 2000
Un an avant de prendre sa retraite, Claude Perroin commençait déjà à penser à l’activité qu’il pourrait créer pour rester actif et utile dans un milieu qu’il connaît bien : l’aide à la recherche d’emploi.
Au cours de son activité professionnelle à l’Union Nationale des Maisons Familiales, il avait remarqué que la mobilisation des familles, à petite échelle, est souvent plus efficace, en terme de solidarité que la mobilisation d’individus isolés.
Dans le mois qui suit sa retraite, Claude crée donc l’AFAPEJ (Association des Familles Actives Pour l’Emploi des Jeunes), à Maltot, dans le Calvados. Sur les six communes concernées, représentant environ 5 000 habitants (1 500 familles), il y a près de 200 chômeurs. Les ressources de l’association, très modestes car il n’y a pas de salarié, proviennent pour moitié des subsides des communes et pour l’autre moitié des adhésions des familles. Le but de l’AFAPEJ est de montrer que l’accès à l’emploi est facilité par la solidarité locale et les appuis de proximité, plus que par des moyens financiers.
Les demandeurs d’emploi qui le souhaitent bénéficient d’abord d’un soutien moral et d’une écoute. L’association les aide aussi sur un plan plus technique, sous forme d’aide personnalisée, en gérant les offres d’emploi transmises par les habitants des six communes. Les 120 familles cotisantes et les 25 membres du conseil d’administration forment une sorte de puzzle social, avec des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, des actifs, des retraités, des riches, des pauvres, des personnes de droite, des personnes de gauche… particulièrement riche et fructueux. C’est cette diversité qui peut aider les demandeurs d’emploi car elle permet d’élargir le regard de tous sur la société. « Nous sommes tous convaincus, affirme Claude Perrouin, qu’il faut placer la personne au centre du développement de la société et que le social doit entraîner l’économique, et non l’inverse. Nous ne sommes pas une association pour les chômeurs, mais avec eux. Il ne faut pas seulement des compétences techniques, il faut avoir envie de nouer des relations humaines pour reconnaître et apprécier l’autre. »
Au terme de la première année de fonctionnement où 64 personnes s’étaient adressées à l’AFAPEJ, 59 sont désormais en activité, dont seulement 6 en formation, les autres étant en entreprise ou ayant créé leur propre activité.
« Notre expérience montre que 25 citoyens préoccupés et attentifs à tout ce qui fait l’emploi dans leur région peuvent drainer une information considérable et constituer un réseau de mise en relation très efficace, explique Claude. Nous voulons désormais développer l’esprit citoyen au sein des petites entreprises. »
Il reste que seulement un quart des demandeurs d’emploi des 6 communes concernées ont fait la démarche de s’adresser à l’AFAPEJ. Il s’agissait sans doute des plus actifs, ce qui explique l’efficacité de l’accueil dès la première année. Pour aller au devant des chômeurs et les impliquer dans le réseau, un maillage plus large est sans doute nécessaire. L’idée de Claude est de créer de multiples réseaux AFAPEJ pour garder l’aspect local à la base tout en multipliant les chances de faire circuler l’information plus largement. Les chômeurs se sentiront sans doute moins « repérés », pour ceux qui hésitent à venir dans une association par peur ou timidité.
Au terme de deux ans et demi d’activité, l’AFAPEJ a accueilli plus de 150 personnes et seules 11 n’ont pas retrouvé d’activité. Même s’il ne s’agit pas toujours de l’emploi de ses rêves, la personne est accueillie dans sa totalité, avec ses projets, ses aspirations et non seulement sa formation et sa « valeur » sur le marché du travail. « Ainsi, nous avons vu récemment un garçon qui avait un BTS de comptabilité mais voulait être maçon, raconte Claude Perroin. Il a fait son CAP et s’est associé avec un autre maçon. Il s’occupe de la gestion, donc son BTS lui est bien utile mais il a l’activité qu’il souhaitait ».
De fait, si l’association s’occupe surtout de jeunes de moins de 25 ans, elle accueille aussi des adultes, notamment des femmes qui veulent reprendre un emploi après avoir élevé leurs enfants. Parmi les jeunes accueillis, il faut remarquer la venue d’adolescents en échec scolaire, de 13 à 16 ans, qui sont venus avec leur famille chercher réconfort, écoute et conseils auprès de l’AFAPEJ. L’entrée en formation par alternance est souvent le moyen de mettre ces jeunes en situation de réussite. Le fait de recevoir le jeune avec sa famille est porteur de motivation car il se sent accompagné et entouré.
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, France, Calvados
C’est difficile à croire, et pourtant, l’accès à l’emploi est facilité par la solidarité locale et les appuis de proximité, plus que par les moyens financiers. Claude l’a expérimenté sur le terrain à travers une association qu’il a créée. Pour quelqu’un qui voulait occuper son temps de retraite il n’a pas manqué son coup. Le voilà parti pour une aventure qui le fait, avec d’autres, marcher avec les chômeurs et non pour eux. Son ambition profonde est de convaincre le plus possible de personnes pour créer, partout, ces lieux d’accueil.
Entretien ; Articles et dossiers
Texte issu d’un témoignage de Claude Perroin, Agir localement sur l’emploi : on peut !, CMR in. Agir en rural, 1998/07 (France), 33, Documents internes.
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