Mobilisation pour le maintien d’un hôpital rural
Anne Sophie BOISGALLAIS, Benoît FAUCHEUX
03 / 2000
En janvier 1997, alertés par la presse de la menace de fermeture de la maternité de Pithiviers (suite au départ à la retraite d’un anesthésiste prévu en mai 1997), un groupe de parents se réunit pour s’opposer à cette décision administrative. Très vite, d’autres usagers de la maternité et de l’hôpital rejoignent leurs rangs pour empêcher cette fermeture annoncée.
Une grande marche de 800 personnes a lieu le 5 avril 1997 dans la ville de Pithiviers et c’est le succès, grâce aux élus locaux qui interviennent auprès du ministère : un anesthésiste est recruté et un troisième poste d’anesthésiste est prévu pour septembre 1997.
Malheureusement, suite à un accident anesthésique, une jeune femme décède en juillet 1997, provoquant la démission d’un des deux anesthésistes. Le directeur de l’agence régionale de l’hospitalisation suspend le bloc opératoire, ce qui entraîne la suspension des services de maternité et de chirurgie.
Le collectif de soutien de la maternité se constitue simultanément en "association des usagers" (L’hôpital, c’est vital), qui, en lien avec les syndicats et le personnel hospitalier, lancent des pétitions pour le maintien d’un hôpital de qualité sur Pithiviers. 18 000 signatures sont collectées et 3 500 cartes vertes sont envoyées aux décideurs pendant l’été 1997. L’association se rend compte du décalage énorme entre les discours officiels et la réalité sur le terrain. Le 8 septembre 1997, 1 300 personnes manifestent à Pithiviers lors de la venue de Bernard Kouchner, ministre de la Santé. A cette occasion, la presse nationale fait un amalgame facile entre hôpital de proximité et insécurité, tandis que les usagers et les personnels demandent la réouverture de la maternité, le maintien de l’activité chirurgicale et la possibilité de répondre aux urgences.
De 10 personnes à l’origine, l’association d’usagers compte aujourd’hui 300 adhérents. Bien qu’en dialogue permanent avec les divers acteurs de l’hôpital, l’association reste indépendante des élus locaux et des personnels, syndicats, direction et conseil d’administration de l’hôpital, ce qui facilite ses prises de position lors d’éventuels désaccords.
La maternité a été réouverte le 16 mars 1998, mais les services de chirurgie ont été officiellement fermés. Si la première décision est une grande victoire pour la population, la seconde risque d’accroître l’isolement des malades, les difficultés de remboursement des transports, l’éloignement des soins pour les cas d’extrême urgence.
La mobilisation continue, en informant la population de manière permanente : tracts, manifestations, présence sur les marchés, articles... L’association d’usagers continue à demander à être reçue par les différentes instances (Commission médicale d’établissement, Conseil régional d’organisation sanitaire et sociale...). Un groupe travaille avec les médecins de la ville et le personnel hospitalier, sur les besoins de la population en matière de chirurgie et sur ce qu’il serait possible de faire en partenariat avec l’hôpital d’Etampes. Avec l’équipe de la maternité, des débats publics ont lieu sur la spécificité de l’accompagnement autour de la naissance qui se pratique à Pithiviers. L’association a aussi organisé, en 1998, une exposition d’artistes amateurs et professionnels autour de la naissance, au sein même de l’hôpital. Le comité d’usagers a organisé des visites de cette exposition pendant un mois et demi pour différents publics, en collaboration avec le directeur de l’hôpital et l’équipe de la maternité.
Le personnel hospitalier, les médecins de ville et l’association d’usagers ont obtenu que le conseil d’administration de l’hôpital intente un "recours hiérarchique" auprès du ministère contre la décision de fermeture de la chirurgie. Ce premier recours n’ayant pas abouti, un second est en cours.
En 1998, l’association "A Pithiviers, l’hôpital, c’est vital" a intégré la fédération nationale des associations d’usagers des hôpitaux de proximité et a participé à ses assises nationales.
Actuellement, malgré des espoirs d’aboutir qui s’amenuisent, l’association poursuit son combat d’information. Elle est à l’origine de rencontres entre médecins hospitaliers, aide-soignants, médecins de ville et usagers. En maintenant les rencontres avec le directeur de l’hôpital, le directeur de la maternité et des journalistes de la presse locale et nationale, l’association espère maintenir la pression et arriver à la révision du rapport qui a abouti à la fermeture du service de chirurgie, au nom d’un certain service public de proximité auquel tout citoyen a droit.
service de santé, mobilisation des habitants, campagne d’information, pouvoirs publics, pression sociale
, France, Loiret
Les mouvements d’action catholique ruraux (Mouvement Rural de la Jeunesse Chrétienne et Chrétiens dans le Monde Rural)par l’intermédiaire de leurs membres ont contribué à la mobilisation de la population pour le maintien d’un service public alliant qualité et proximité. Dans un contexte où la précarité grandit et où le service public recule, il est nécessaire d’agir.
Document interne
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