Qui dit processus, dit système de plusieurs étapes qui doivent répondre à certains critères. C’est l’autre pilier essentiel, l’échange. Dans un réseau comme DPH, que j’anime, il y a deux choses essentielles : d’un côté la capitalisation de l’expérience, la capacité qu’ont les gens à regarder leurs propres pratiques pour en dégager des savoirs. Il y a aussi l’échange d’expérience, la capacité qu’ont les gens à prendre ces savoirs et à les échanger avec d’autres, pour soit transformer leur propre savoir, soit transformer le savoir des autres, soit trouver ce qu’ils n’étaient pas prêts à trouver. Dans l’échange, il y a comme un processus de modification de soi, de changement.
DPH c’est : un outil, une philosophie, un réseau. C’est combinatoire, presque une connectique. C’est une façon de connecter des réseaux humains à des outils techniques et à des philosophies. C’est une manière de connecter la main, l’instrument, à l’outil, à la tête, et au coeur. Ce n’est pas qu’une banque de données, c’est un réseau humain, c’est un label, une certaine façon de concevoir l’information, de gérer les conflits, de construire des décisions collectives. DPH ne peut exister que par elle-même. En ce sens, c’est un outil et ce n’en est pas un. Si DPH ne se colle pas à une réalité sociale, à une stratégie politique, à un groupe, à une volonté, à des objectifs, il ne peut donner la pertinence de ce qu’il a.
Pendant longtemps on a parlé de courtiers en expérience pour les gens de DPH. Je crois que cela correspondait à la capacité d’être et médiateur et acteur, d’être professionnel de l’information et du sens. DPH et capitalisation peuvent êtres très bons amis. Les deux ont l’information comme support, et les deux peuvent faire changer l’information de ’stock’ en ’flux’.
On a démarré un processus de capitalisation des médiations à l’intérieur de DPH. On est parti de l’idée de DPH comme outil. En fait on s’est rendu compte que ce sont plutôt des principes, des préceptes, des valeurs un peu philosophiques qui vont déterminer, créer un autre outil en fonction de cette réalité sociale. Comment évaluer cela ? Au début on pensait le faire en terme d’utilisation de la base. Mais il y a d’autres choses. Il faut peut-être identifier les différentes façons de faire, les confronter et voir en quoi elles sont pertinentes par rapport à un système donné.
On capitalise en ce moment sur les médiations de l’information. C’est très lié aux compétences des gens du réseau. On s’est rendu compte que dans DPH chacun a ses spécificités, et que l’on peut peut-être essayer de combiner une compétence globale, internationale. On a commencé en décembre 1998. On pense terminer dans deux ans, pour la prochaine rencontre. Cette étape entre les deux rencontres nous paraît vitale. L’objectif de ce travail est de créer une offre collective des services, des méthodologies internationales. C’est DPH comme prestataire de service, partenaire et réseau.
Je suis convaincu que nous sommes dans une période comme dans ’Cent ans de solitude’ (1). On est en plein dans les changements de la pensée, les sciences, les techniques, notre façon d’appréhender le monde, mais à chaque fois on fait appel à de vieux concepts. On n’en crée pas forcément de nouveaux. On est encore trop dans le passage d’une frontière à l’autre. C’est trop frais, mais ce n’est pas parce que l’on ne sait pas nommer les choses qu’il ne faut pas se poser les bonnes questions. Le groupe Médiation mène ce travail. C’est une capitalisation des ressources humaines.
Au niveau de la FPH, un peu tout le monde nourrit DPH, ou du moins un peu les partenaires de tout le monde. La FPH fait beaucoup de fiches, avec par exemple tout le processus des rencontres. Les dossiers à fenêtre sont alors faits par le biais des fiches DPH.
C’est intéressant parce que je pense qu’il y a une évolution un peu contradictoire en fait. Actuellement, ECO se professionnalise, a de plus en plus de capacité à interroger l’Etat et devenir, en même temps, une pépinière d’initiatives. Le fait de s’engager dans l’Alliance fait plus miser sur le produit final : propositions d’économie alternative ou de micro entreprise. Dans le temps, DPH était introduit comme une méthodologie collective des groupes de travail. Gérard Eloy faisait de DPH un ciment des groupes. Je pense que ECO est dans une autre dynamique maintenant, et peut-être que ça a délaissé un peu cette qualité. Ils font plus appel à DPH comme prestataire de services, moins comme méthode et plus comme résultat.
Mais c’est un itinéraire comme un autre. Et cet itinéraire a été emprunté avec justesse. Cela montre la capacité de croiser programmes et politiques pour faire naître des initiatives et des cultures de travail. DPH est un bon moyen de consolider ces initiatives et ces réseaux.
médiation, réseau d’échange d’expériences
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(1)Roman célèbre de Gabriel Garcia Marquez.
V. Ugarte : responsable de la politique DPH (Dialogue pour le progrès de l’Humanité)au sein de la FPH.
Entretien
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