Suzanne HUMBERSET, Sylvie ROBERT
12 / 1999
A RITIMO nous faisions à l’époque (fin des années 80)un travail bibliographique d’état des lieux sur un certain nombre de thèmes. Evidemment c’était un gros travail et nous avons pensé qu’il fallait en faire une valorisation plus grande. Nous avons donc eu l’idée d’un recueil périodique de fiches sur une base thématique et nous l’avons appelé ’ base arrière ’. Mais ensuite, la FPH a pensé que ce travail de recherche bibliographique devrait être fait par les personnes directement concernées. Et puis finalement, de fil en aiguille, est apparue la notion d’échange d’expérience et l’aspect bibliographique est passé au second plan au profit de l’idée de fiches d’expérience. Plus tard, est née l’idée d’une confédération de réseaux associés échangeant entre eux leurs connaissances issues de l’action.
Je ne vois pas d’emblée le lien entre la capitalisation et DPH. Pour moi, une capitalisation telle que la FPH l’entend consiste à donner un financement pour qu’une association puisse ’ lever le nez du guidon ’, que quelqu’un ait les moyens de revoir à travers son histoire où elle en était arrivée, où elle voulait aller, si ça correspondait aux stratégies qu’elle s’était fixée et pouvoir transmettre à d’autres tout ce travail. Capitaliser, c’est quand même faire un capital, c’est thésauriser, c’est rendre à d’autres cette histoire. C’était aussi parti du constat que, dans le milieu associatif en particulier, les gens partent et il n’y a pas de mémoire. Je crois que c’est encore pire dans l’administration : ils détruisent leurs dossiers... Oui, c’est une catastrophe ! C’est le cas dans les cabinets ministériels : quand il y a un changement de politique, les gens détruisent tous leurs dossiers afin qu’ils ne soient pas utilisés contre eux. Même à l’Elysée, au plus haut niveau. Là, c’est carrément une volonté de détruire.
Je crois que la majorité des gens ont fait un travail soit en prenant quelqu’un de l’extérieur... Ou alors il y a eu une démarche de capitalisation-action comme dans le cadre du programme LEX de la FPH où, effectivement, à partir de fiches les partenaires revisitaient leurs expériences. La fiche était un prétexte, un moyen de travail tout à fait intéressant.
DPH ne correspond pas forcément à une capitalisation. Nous faisons des fiches par exemple en terme de propositions, de circulations d’idées. Il y a chez nous un groupe de travail sur le service public : les gens écrivent quelques pages, mais derrière quelqu’un fait des fiches avec des mots-clés, surtout si on veut rendre cela disponible très généralement: au lieu d’avoir 1500 pages, on a 3 fiches. Pour moi, ce n’est pas de la capitalisation, c’est l’utilisation de bases de données pour mieux retrouver, mieux faire... La capitalisation c’est autre chose. On a un peu tendance à utiliser des mots rapidement : information, capitalisation, évaluation.
Pour moi, une véritable évaluation est externe, mais il peut y avoir une évaluation interne. On évalue des objectifs. Une capitalisation c’est toute l’histoire, c’est par rapport aux vingt ans qui ont passé, à ce que l’on a fait avancer de plus global, plus philosophique, là où l’on s’est trompé, comment aujourd’hui on se réoriente puisque le monde a changé.
Je pense quand même que la FPH est la seule fondation qui a permis à des associations, a même entraîné des associations ou des
méthodologie, banque de données, documentation
, France,
S. Humberset, cheville ouvrière du réseau RITIMO (réseau d’une quarantaine de centres de documentation français autour du développement et des problématiques du Sud), a fait partie de l’équipe qui a donné corps à DPH à l’origine. Elle dirige le CEDIDELP, l’un des trois centres parisiens de RITIMO.
Entretien
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