12 / 1999
Par définition, lorsque l’on évoque une ’ information utile à l’action ’, c’est particulièrement lié à notre domaine de construction de la paix. Tous nos efforts sont appréciés mais les gens sont intéressés par des résultats. Donc si la manipulation de l’information et son utilisation a un sens, c’est bien dans ce programme-là pour qu’il puisse y avoir progrès dans le domaine de la construction de la paix.
Dans le cas du dossier ’ Ebauche pour la construction d’un art de la paix ’ (1), il s’agit de la contribution à l’élaboration d’une stratégie. Il s’agit bien de penser ces fiches comme étant des éléments de stratégie, des recettes en quelque sorte. Il est donc fondamental d’amener les partenaires de ce programme à traduire leurs réflexions, leurs engagements sous la forme de ces fiches, qui vont pouvoir ensuite compléter la partie de la base de données DPH qui se rattache à ce programme. En plus de cela quand on le conçoit comme un travail d’élaboration d’une démarche de construction de la paix, on est amené à classer, à ordonner les fiches, c’est bien le cas de ce dossier où l’on étudie les différents stades par lesquels on passe lorsque l’on veut sortir d’un conflit, puis consolider un processus de paix engagé.
En classant ces fiches, on s’aperçoit qu’il peut y avoir manque de matériaux dans un certain nombre de domaines. En l’occurrence dans ce dossier, si l’on ne veut pas négliger tout ce qui a trait au développement économique, qui peut être facteur de paix, on s’aperçoit que c’est un chapitre faible. Par définition il faudra le compléter.
Je dois constater qu’il y a une mauvaise diffusion, utilisation du document. Ca semble évident. Je suis incapable de dire de manière précise dans quelles conditions ou de quelle manière il a été diffusé dès sa réalisation.
On a considéré à un moment qu’il y avait urgence à faire le point de l’état d’une base de données. Mais en réalité aussi, quand le document a été constitué, certains manques étaient tels que l’on a voulu les combler immédiatement. On peut donc dire qu’il y a eu à la fois utilisation de l’existant, et que l’on a produit des fiches spécialement pour que le document ressemble à quelque chose. La personne qui l’a réalisé n’était pas complètement satisfaite de cette situation, elle savait bien que l’on ne pouvait pas fabriquer artificiellement un contenu, une logique qui n’était que fractionnée.
Donc au départ il y a eu volonté de faire paraître une certaine réflexion sur la construction de la paix et, de ce point de vue là, ce document est remarquable. Je pense que la diffusion n’est pas vraiment à la hauteur de la qualité du document.
Pour le reste, d’un point de vue qualitatif, on agit un peu en réaction aux événements. Aujourd’hui par exemple, on peut dire que quelqu’un comme Bernard Kouchner dans ses fonctions d’administrateur civil des Nations Unies pour le Kosovo aurait probablement intérêt à avoir ce document entre les mains. Cela se fait à chaud et on obtient l’attention d’un utilisateur potentiel. Mais il me semble qu’il manque une stratégie d’exploitation du document. Admettons qu’une capitalisation ait débouché sur un matériel dont maintenant il ne reste plus qu’à se servir, mais comment ?
Cela correspond un peu aux questions que l’on se pose de façon générale à la FPH en terme d’édition. On s’interroge de plus en plus sur les efforts nécessaires de diffusion pour que les publications soient utiles.
Un autre exemple, aussi un peu extrême : des partenaires colombiens, qui sont aujourd’hui probablement ceux qui ont le plus besoin de pouvoir utiliser des leçons tirées d’autres expériences sur la construction de la paix ou la résolution des conflits, ont trouvé le document en français très intéressant et ont décidé de le traduire. Ils ont fait l’effort de traduction, l’ont édité de belle manière. Mais j’ai pu constater que le document n’est pas du tout diffusé. Il est purement et simplement stocké. Je pense qu’il n’est peut-être pas inutile de se demander si, le document n’émanant pas de l’organisation elle-même, cela n’a pas empêché la réappropriation. Il y a pourtant eu cette démarche dans la mesure où l’on est passé du français à l’espagnol, et qu’il y eu investissement et publication. On a contribué un peu à le déstocker en provoquant ce printemps une réunion qui vise à installer des Colombiens dans ce travail d’échange d’informations et d’expériences, donc les aider à travailler dans cette direction, à capitaliser.
Je pense que le Dossier 74 est un bon exemple d’organisation de la réflexion, et d’utilité de la capitalisation.
Concrètement, on s’est donné les moyens en faisant cela d’y voir plus clair. Il s’agit ensuite de savoir quel usage on fait du document. Est-ce que l’on se contenterait de dire que ce n’est qu’une monographie ? Ou bien y a t-il là des éléments de méthode, des recettes ?
On a en perspective un ouvrage sur la construction de la paix. Il est constitué à la fois de citations prises dans des textes anciens ou contemporains, d’essais qui sont demandés à des témoins, universitaires, chercheurs, responsables politiques ou observateurs. On veut aussi présenter des études de cas. Leur présentation la plus commode est encore une fois DPH. Je prévois un certain nombre de fiches, certaines existent, d’autres ont été commandées, et moi j’en ai plusieurs en préparation. Cet ouvrage est prévu dans le cadre de la bibliothèque interculturelle. Il sortira en 2000.
Un autre exemple est celui de la ’ Rencontre Rwanda ’ en octobre 1994. Il y a eu une collecte de textes, j’ai fait écrire des gens à cette occasion. En prévision de cette rencontre, on a rassemblé des fiches pour qu’elles puissent venir illustrer et fournir des témoignages sur les 11 défis qui avaient été repérés comme étant ceux de la reconstruction, puis de la réconciliation au Rwanda. Dès le départ, le document était fait pour que les participants à la rencontre qui allaient être mis en présence de témoins physiques aient aussi en main ce document. Il me semble que l’on est allé jusqu’à un effort louable de mise à disposition de l’information sous une forme digeste.
information, éducation à la paix, construction de la paix
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(1)Claire Moucharafieh (coord.), ’ Ébauche pour la construction d’un art de la paix : penser la paix comme stratégie ’, Ed. C. L. Mayer, 1996, document de travail n°74. R. Pétris a fondé l’Ecole de la paix à Grenoble ; il est aussi animateur du programme PAX (’ Culture de paix ’)de la FPH.
Entretien
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