03 / 2001
Fidèle aux voeux de la conférence nationale des forces vives de Février 1990, le Bénin du Renouveau démocratique a décidé de mettre en oeuvre la réforme de son administration territoriale en votant et en promulguant les textes relatifs à la décentralisation.
Mais cette réforme peut-elle connaître un succès si les populations concernées restent dans l’ignorance absolue de ses tenants et aboutissants ? Certainement pas.
Et pourtant cela a été le cas jusqu’à un passé récent. Les populations, surtout celles habitant les zones rurales et reculées du Bénin sont restées sous-informées du processus de décentralisation. Elles ignorent quel sera désormais leur rôle pour que la réforme soit un succès. Quel sera le rôle des conseillers communaux, du maire, des représentants de l’Etat (Préfet), etc.
L’on peut dire sans risque de se tromper qu’il y a eu jusqu’ici un grave déficit de communication entre l’administration centrale actuelle et les populations. Ce déficit est de plusieurs ordres.
- La langue officielle de travail est le français. Or 73 pour cent des Béninois ne savent ni lire ni écrire. Les lois elles-mêmes sont écrites en français et dans un langage qui n’est pas toujours compréhensible du citoyen moyen, même lorsqu’il comprend le français.
- La large couverture médiatique observée dans le sud du pays depuis la récente démonopolisation de l’espace audiovisuel contraste avec la situation de monopole qui prévaut toujours dans le septentrion avec la seule station régionale étatique de l’Office des Radios diffusion et Télévision du Bénin (ORTB)qui a réalisé dans le passé quelques rares émissions en langue française sur la décentralisation.
Ce déficit d’information a été souvent exploité par certains leaders d’opinion à des fins politiciennes, par exemple pour inciter les populations à contester le découpage territorial; aiguisant les revendications identitaires et opposant ainsi les groupes socioculturels.
C’est donc pour combler ce déficit chronique d’informations que l’ASSODIV a choisi d’exécuter le projet de sensibilisation des populations du Borgou aux enjeux de la décentralisation dans quatre sous-préfectures dudit département avec la collaboration de l’IFES.
Les quatre sous-préfectures bénéficiaires de ce projet sont assez représentatives des caractéristiques du Nord Bénin. Cependant en leur sein on peut relever quelques particularités. La sous-préfecture de Nikki encore appelée cité des Rois, conserve une structure organisationnelle traditionnelle de type féodal dont l’influence se ressent dans les localités avoisinantes.
Au sud-est, la sous-préfecture de Pèrèrè, autrefois dépendante du ressort territorial de Nikki, apparaît aujourd’hui encore comme l’appendice de Nikki. Selon ses habitants, Pèrèrè passe pour une localité déshéritée.
A l’ouest, N’Dali est un carrefour entre Nikki et Bemberèkè (plus au nord). Elle regroupe une population cosmopolite fluctuante.
Quant à Sinendé, à l’est de N’Dali, elle fait également figure de localité déshéritée.
décentralisation, sensibilisation au droit, processus de démocratisation, éducation à la citoyenneté
, Bénin, Bornou
Ce texte reflète les difficultés de la réussite de la décentralisation dans notre pays, si un vaste programme d’information et de sensibilisation n’est véritablement pas amorcé. Aujourd’hui, les populations perçoivent le processus de la décentralisation comme un processus étranger à leur vécu quotidien. Il faut alors pousser la sensibilisation jusqu’à ce que les populations la comprennent comme un droit à revendiquer et exercer.
Rapport
PNUD, Rapport sur le développement humain, 1997/07/00 (France)
ASSODIV (Association pour le Développement des Initiatives Villageoises) - 08 BP 933 Cotonou, BENIN - Tel (229) 36 70 00 / (229) 2132-1522 - Bénin - assodiv (@) intnet.bj