Le 21 janvier 1998, le Pape arrivait à Cuba pour la première fois. Une île de 11 millions d’habitants où les plus pauvres obtiennent chaque mois trois kilos de riz, la même quantité de haricots noirs, de sucre et de l’huile et un peu de viande quand cela est possible pour survivre.
Le Pape est arrivé dans un Etat dont le régime marxiste-léniniste ne respecte pas les droits de l’homme : absence de la liberté de pensée et d’expression, absence d’élections démocratiques, inexistence d’une presse indépendante et de liberté de mouvement.
Malgré le harcèlement officiel, la propagande marxiste et l’imposition d’une conscience collective athée, Cuba est une nation principalement catholique qui a su sauvegarder -avec difficulté- la foi chrétienne et la croyance dans la doctrine sociale de l’Eglise catholique ; position démontrée avec la participation active du peuple pendant la visite de Jean Paul II sur l’île.
Mais au-delà des preuves de la foi cubaine dans l’Eglise, la visite du Pape symbolise un contrepoids représentatif du peuple cubain face au régime de Fidel Castro.
Sans savoir même qui était Jean Paul II, des milliers de Cubains sont sortis dans la rue pour donner la bienvenue au messager de la paix. En effet, c’est un message de paix et de liberté qu’a adressé sa Sainteté au peuple. Mais, il a aussi critiqué très sévèrement l’injustice sociale et a prêché en faveur de la liberté de conscience et de religion: ’ en défendant sa propre liberté, l’Eglise défend celle de chaque personne, celle des familles, celle de diverses associations sociales qui ont droit à un espace propre d’autonomie et de souveraineté. ’
La critique du Pape a permis pour la première fois, en quatre décennies de communisme sur l’île, d’entendre le cri de tout un peuple qui clame : liberté ! La position du Vatican a frappé le régime castriste dans un moment où celui-ci cherchait désespérément à améliorer son image internationale.
Les conséquences de cette visite ont permis à l’Eglise de s’assurer la fonction d’une institution canalisant la demande de l’environnement du système politique, non pour le substituer, mais pour devenir un vrai agent médiateur et légitime ; renforcée par l’appui populaire pendant les cinq jours que le Pape a passés sur le sol cubain. L’Eglise devient ainsi garante de la transition démocratique, pacifique et souhaitée par ce peuple qui réclame la liberté.
La manifestation populaire de refus du régime communiste montre le besoin du peuple cubain d’un changement socio-politique. La visite de Jean Paul II a concrétisé la rencontre d’une Nation avec ses racines chrétiennes et a montré au monde entier la soif de justice de tout un peuple, devenant témoin d’une réalité que le dictateur Fidel essaie de cacher en recevant la plus haute autorité de l’Eglise.
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, Cuba
Cette visite a mis en évidence un perdant: : le régime cubain, c’est-à-dire, Fidel Castro ; mais aussi un gagnant : le peuple. Prévoir ce que se passera à partir de maintenant est délicat et difficile, en tout cas, la visite du Pontife n’a pas seulement inspiré un peuple ’ martyre ’ de son régime, mais cette rencontre laisse voir que l’Eglise est une alternative au règlement d’un conflit, qu’elle a suffisamment de forces pour se faire entendre et qu’elle est une institution dans laquelle les gens ont encore foi, au moins jusqu’à aujourd’hui.
La visite de Jean Paul II a montré que l’Eglise a la confiance des Cubains nécessaire pour éviter une transition violente du régime. elle peut devenir un intermédiaire ouvrant à la ’ réconciliation nationale ’ grâce à ses liens avec un épiscopat nord-américain qui - en parfaite harmonie avec le Vatican - a condamné très fortement l’embargo imposé à Cuba par les Etats-Unis.
Fiche réalisée dans le cadre de l’atelier sur ’ Religion et Paix ’, La Haye, mai 99
Texte original
On peut également consulter le périodique <LA NACION>article intitulé<La furia de Juan Pablo>daté du 25 janvier 1998.
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