09 / 1999
Voici une relecture du parcours du groupe interreligieux de Saint-Denis, commencé en octobre 1998. Nous avons ouvert deux chantiers principaux :
- une meilleure connaissance des religions,
- une compréhension des liens possibles entre paix et religions et entre violence et religions
1)Une meilleure connaissance des religions.
Les expériences différentes des membres du groupe nous ont incités à proposer un temps de familiarisation avec d’autres religions par le biais de témoignages de croyants membres du groupe. Le temps consacré était de 20mn puis de 45mn, car les participants étaient avides et posaient très vite des questions nécessitant des explications longues (ex. loi du karma et pardon, Jésus dans l’islam, Trinité et islam). Au fil des séances, il a semblé particulièrement intéressant de mettre en discussion deux traditions en parallèle, quand le thème choisi s’y prêtait.
2)Une compréhension des liens possibles entre paix et religions et entre violence et religions.
Pour approcher ce sujet difficile, nous avons essayé de compter sur l’exigeante discussion sur la violence à partir de points de vue différents à l’image de notre groupe (religions, âges, engagements sociaux et professionnels...). Nous sommes partis de l’analyse de cas (médiation ’de voisinage’ dans une cité Aubervilliers, expérience de thérapies sociales avec un médiateur), d’expériences personnelles, et du manifeste ’ Stop la violence ’.
Nous avons privilégié les échanges de paroles souvent contradictoires. Les questions qui ont émergé sont :
-Un clivage entre générations existe mais avec des attentes de respect des deux côtés.
-Les parents éprouvent tous la difficulté de la transmission de leurs références, avec plus de difficultés pour les parents de religions ’mal reconnues’ en France.
-Tout le monde parle de respect, de tolérance sans préciser ces mots.
-Oser dire ses peurs, ses frustrations et les formuler sans juger d’abord les autres. Savoir reconnaître et pouvoir dire de ses peurs et ses frustrations ; la violence prend souvent naissance sur la peur et la frustration.
-Face à l’incompréhension, à la recherche des mots et des lieux pour se rencontrer quand les cultures, les religions, les intérêts, les priorités, les moyens de communication sont différents. La violence est quelquefois une façon de s’exprimer.
En plus de l’apprentissage pour pouvoir se parler en tenant compte de nos différences, nous avons développé un programme d’intervention continu dans un collège avec toutes les classes de quatrième : ’découverte des religions’. Les élèves ont pu réaliser des panneaux présentant les principales religions. Une classe a préparé forum-débat entre parents et enfants à partir de sketchs posant des problèmes de vivre ensemble de part le pluralisme culturel, et tirés de leurs vies.
Calendrier :
Nous nous sommes réunis 7 fois pendant l’année pour des réunions de 2 heures environ.
- 1ère réunion : faire connaissance des membres du groupe (28 personnes)et de leurs attentes. - 2ème réunion : présentation de la religion bahaïe. Travail à partir d’une rencontre entre divers acteurs différents autour de problèmes de violence à Aubervilliers.
- 3ème réunion : présentation de la religion musulmane (Ramadan, sourate 97). Les violences en banlieue vues par des jeunes ; Constitution d’un bureau (10 personnes/4 religions).
- 4ème réunion : présentation de la religion catholique (Carême, dans le Premier et le Second testament). Intervention d’un médiateur social intéressé à l’aspect religieux des conflits.
- 5ème réunion : présentation du bouddhisme (réincarnation et loi du karma). Travail sur des cas de violence que nous avons connues (émotions, blessures, jugements).
- 6ème réunion : temps de silence en pensée avec ceux qui souffrent du conflit au Kosovo. Dialogue islamo-chrétien (Fatiha/Notre Père, texte de Ampthé Bâ). Le temps consacré à cette partie passe à 45’. Discussion du texte ’ Stop la violence ’. Distribution charte CMRP (Conférence Mondiale des Religions pour la Paix). Temps convivial.
- 7ème réunion : dialogue bouddhico-chrétien. La tolérance et l’intolérance ; court exposé d’un des membres du groupe sur la tolérance puis discussion sur des situations réelles que nous qualifions ou non de tolérantes, après une présentation. Décision d’adhérer à la CMRP et de se constituer en association.
En moyenne, une trentaine de personne participe aux réunions et en comptant les ’occasionnels’ la liste est de plus de 50 personnes).
L’expérience continue en 1999-2000, avec en plus des demi-journée (trimestrielles)pour approfondir des thèmes comme: tolérance et regards des religions les unes sur les autres, femmes- exclusion - religion, l’Islam en France.
religion, dialogue interreligieux, banlieue, éducation à la paix, violence, médiation
, France, Seine-Saint-Denis
Si ce groupe de discussion ne débouche pas encore sur une réelle médiation dans la cité, il est le lieu d’un réel échange d’expériences entre des habitants des différents quartiers de Saint-Denis, d’Aubervilliers et d’autres villes voisines de Seine-Saint-Denis et confortent les uns et les autres ’dans leur engagement d’agir autour de chez soi’. De ce groupe émerge à moyen terme un projet commun et des réalisations concrètes pour l’an 2000.
Fiche réalisée dans le cadre de l’atelier ’religion et paix’, Amsterdam et La Haye, mai 99.
Contact en Seine St-Denis : c/o Anne-Sophie Lamine et Bernard Reber, 8, rue Gibault, 93 200 Saint-Denis, tel/fax 01 48 20 78 86. -l lamine@limhp. univ-paris13. fr,
Récit d’expérience
CMRP (Conférence Mondiale des Religions pour la Paix) - 8 bis rue Jean Bart, 75006 Paris, FRANCE - Tel. 01 46 33 45 39 - France - www.religionspourlapaix.org - cmrp.france (@) wanadoo.fr