Contexte
Dans presque tous les pays européens, les agents de police, quel que soit leur grade, sont confrontés dans leur travail quotidien à des problèmes liés à la diversité des conditions sociales et des origines culturelles et/ou ethniques des personnes auxquelles ils ont affaire.
Bien qu’ils soient plutôt bien formés pour s’occuper de la situation de groupes "marginalisés" (par exemple, les sans-abri), l’aspect interculturel de leur travail, dans la plupart des cas, a jusqu’à maintenant été presque totalement négligé par leurs organismes de formation. Il en résulte de nombreux malentendus et des réactions hostiles de part et d’autre, qui se produisent souvent inutilement et qui pourraient bien souvent être évitées en préparant la police à cet aspect spécifique de son travail. Ces malentendus créent, avec la couverture des médias, un climat d’extrême tension entre la police, les groupes d’origine étrangère et les ONG travaillant sur ce terrain.
Un projet de dimension européenne
Fort de ce constat, depuis janvier 1997, de nombreuses associations de plusieurs pays européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni)se sont associées pour préparer et mettre en oeuvre un programme transnational de formation des agents de police affectés aux affaires multiculturelles. Il s’agit du projet Napap (NGOs and Police Against Prejudice - ONG et police en lutte contre les préjudices), projet financé par l’Union européenne. Si les objectifs sont communs à tous les participants de ce Programme, chaque pays doit adapter le projet à son environnement culturel et administratif.
Les organisations associées à ce projet ne sont pas parties de zéro, bien que la diversité des travaux préalables et les différents modèles de société aient nécessité - et nécessitent encore - une approche plutôt diversifiée. Elles se sont appuyées sur des expériences et des études existantes, telles la Charte de Rotterdam qui prône un certain nombre de principes pour une police dans une société multiethnique ou les travaux du Conseil de l’Europe, dont le rapport du docteur Robin Oackley (1992)ou les études publiées par le professeur Murk en Allemagne. Elles ont ainsi pu délimiter un champ commun d’activités.
Objectifs
L’objectif général de tous les projets rassemblés dans ce programme transnational est de briser le cercle vicieux de la violence, des malentendus, des fantasmes et des comportements souvent inhumains au sein des parties concernées.
Il s’agit donc de trouver des moyens innovants pour le développement, l’expérimentation et l’évaluation de nouveaux modules et cours de formation pour la police, en créant des réseaux au niveau local, régional, national et international qui associent des membres d’ONG, des associations de groupes ethniques et la police.
Méthodes de travail
Plusieurs axes de travail sont proposés :
Renforcer l’apprentissage mutuel par l’échange des pratiques et des résultats obtenus grâce à la mise en réseau des différents partenaires du Programme. Cet apprentissage mutuel sera renforcé par la mise en place d’ateliers de travail et de publications.
Adapter les différents projets à leurs spécificités propres et au contexte dans lequel doit se dérouler l’action.
Intégrer au déroulement du projet chaque partie prenante : agents de police de tous grades et de toutes fonctions, membres des associations de groupes ethniques, ONG, villes et autres administrations, gardiens d’immeubles...
Réaliser et diffuser, à terme, un rapport européen sur ce thème.
L’intention des partenaires participant à ce programme est d’encourager la compréhension mutuelle et de trouver une nouvelle approche, innovatrice, sur ce problème, en favorisant le rôle des ONG dans le développement de la formation policière dans un cadre stratégique.
Des approches diversifiées selon les pays
Ainsi, la plupart des pays européens, partenaires du Programme et notamment ceux qui ont une approche communautaire ont mis en place des formations pour la police, animées par des représentants des diverses communautés. õ cette méthode éloignée de la conception française de l’intégration, le Cirap, Citoyens pour renouveler l’action publique, qui assure la coordination de l’action pour la France a préféré mettre en ouvre des formations qui rassemblent les services en charge de la sécurité, les jeunes et les populations d’origine étrangère.
préjugé, racisme, lutte contre l’exclusion, police, réseau d’échange de savoirs, dialogue interculturel
, Europe
Il n’y a bien sûr aucune réponse ou solution facile à ce problème complexe. Les spécificités locales et régionales exigent une approche et des solutions adaptées au lieu ou à la région, mais l’échange d’expériences, la diffusion de pratiques appropriées, le développement de normes communes de qualité pour la gestion de projets, et le développement et la promotion de formations policières aux échelles nationale et européenne permettra au réseau de porter la question à un niveau européen, de comparer et d’analyser le problème en profondeur et d’engager un développement à moyen et long terme vers une société plus humaine et multiculturelle.
Heinz Stieb est le coordinateur transnational du programme Napap
Texte original
CIRAP (Citoyens pour Renouveler l'Action Publique) - N’EXISTE PLUS