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Avoir vingt ans à la Havane

La jeunesse cubaine entre passions et désirs d’exil

Pierre Yves GUIHENEUF

01 / 1998

Partir ou rester ? Quand on est jeune à Cuba à la fin du XXè siècle, peut-on échapper à ce dilemme ? Pour le journaliste Jean Springer, qui signe le texte de cet ouvrage, une grande majorité de jeunes cubains brûle du désir de traverser le miroir. L’afflux des touristes et les bonnes grâces prodiguées à leur égard par des autorités désireuses de drainer des devises ont dédiabolisé l’étranger capitaliste et rendu plus crédible un avenir ailleurs.

Certains jeunes préparent leur cursus comme un tremplin pour le grand départ : cours de langue, recherche de contacts avec des étrangers, relations avec des diplomates dans l’espoir d’obtenir un visa, lecture de magazines importés : tout est bon pour se donner les moyens - ou l’illusion - d’un espoir hors de l’île. Autrefois, le rêve américain était dans toutes les têtes, mais il s’est brisé avec le refoulement des boat people en 1994. On se tourne désormais vers l’Europe, le Canada, l’Amérique latine.

D’autres, comme les jolies "jineteras" ont recours à la prostitution et profitent de la manne que représentent les touristes. A La Havane, où les jeux de l’amour sont pratiqués dès un très jeune âge, où la population se rappelle peut-être l’époque où Cuba était le bordel de l’Amérique, le sexe n’est pas un problème. Les jeunes filles qui améliorent ainsi l’ordinaire n’en feront pas pour autant le gagne-pain de leur vie. Beaucoup d’entre elles rívent de l’étranger amoureux qui les emmènera dans son pays. Où - plus réalistes - elles conservent précieusement leurs économies pour lancer une activité qui leur plaise.

Pour ceux qui ont choisi de rester, il n’est pas toujours facile de vivre là où les Jeunesses Communistes continuent de revendiquer une pleine adhésion aux principes castristes, où l’on satanise même les déviances verbiales, où la presse est muselée. Pas facile non plus d’entrendre proclamer "La Patrie ou la mort" pour ces jeunes cubains qui, certes, aiment leur pays et ont l’intention d’y rester, mais n’ont pas pour autant, pas plus que bien d’autres, envie de se donner pour ambition d’y mourir jeunes.

La musique fait oublier bien des problèmes et c’est sans doute là l’une des raisons du succès de la salsa. Comme le sport, elle permet aux jeunes cubains, à travers ses idoles, de se sentir l’objet d’une certaine reconnaissance internationale. Elle charrie ainsi sa part de fierté et de rêve.

Mots-clés

jeune, société civile, milieu urbain, sexualité, genre, communisme


, Cuba, La Havane

Commentaire

Le sport, la musique, la danse : les passions des jeunes cubains sont dans les photographies de Grègoire Korganow qui illustrent avec bonheur cet ouvrage. Avec les rites religieux, les (inévitables)défilés militaires, les dimanches indolents à la plage, les regards et les sourires saisis dans la rue. Et les admirables clichés de ces coupeurs de canne, de ces travailleurs au repos après une journée de travail ou de ces étudiants à la campagne. Les Cubains des champs sont-ils différents de ceux de la ville ? Ces images le laissent deviner et ouvrent des fenítres vers de nouveaux espaces à découvrir.

Source

Livre

KORGANOW, Grégoire; SPRINGER, Jean, Avoir 20 ans à La Havane, Alternatives - Croissance, 1998 (France)

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