Différences entre la définition d’un projet et la réalité locale : constatations à partir du projet ECOFAC
02 / 1999
La gestion des ressources naturelles et de l’environnement a toujours été une préoccupation essentielle pour la communauté internationale. Sur ce, depuis la conférence des Nations Unies sur l’environnement tenue à Rio en 1992, l’Union Européenne se consacre aux actions favorables à la protection de l’environnement et de la biodiversité au Cameroun.
Nous avons pour cela l’exemple du projet Eco-systèmes Forestiers en Afrique Centrale (ECOFAC)dans la réserve du Dja (réserve de la biosphère et du patrimoine mondial), constituée d’une vaste superficie de forêt naturelle et qui devrait bénéficier d’un statut de parc national.
De part son approche, ce projet vise les objectifs suivants :
* protéger les zones identifiées avec toutes leurs diversités d’espèces forestières et animales ;
* améliorer le niveau de vie et les conditions économiques de la population locale en encourageant des systèmes de production durables et ses pratiques d’exploitation du sol et de la foret viable ;
* améliorer les infrastructures rurales et l’éducation ;
* concilier la viabilité de l’écosystème et l’exploitation de ses ressources par les populations concernées en utilisant une approche participative
Dans sa phase pratique, un dérapage entre l’action et la réalité a été constaté. Les mesures d’accompagnement social ne sont pas à même d’intégrer sur le plan sociologique, la notion de protection de l’environnement et de faire admettre aux populations la pertinence et l’opportunité du projet tel que mis en oeuvre.
Il naît plutôt un conflit d’intérêts entre les riverains de la zone de projet et les agents d’exécution de celui-ci :
* l’interdiction de la chasse entraîne une diminution des revenus des populations ;
* il est admis ici que le niveau de consommation de la population locale est loin de perturber l’équilibre de la faune et de la flore ;
* parmi ce qui était prévu comme mesure d’accompagnement, nous avons l’appui aux activités pastorales et agricoles. Ce qui implique une adaptation à une façon d’être, un nouveau comportement socio-économique.
Seulement, les populations devront :
1- Pouvoir conduire les activités agricoles et pastorales importantes, et assumer sur les plans techniques et financiers la réalisation de leurs choix.
2- Evacuer les produits agricoles d’élevage vers les différents points de vente (marchés nouveaux), ce qui implique de nouveaux moyens de locomotion (véhicules), l’amélioration et l’entretien des infrastructures routières.
3- Assurer la viabilité et pérennité de leurs activités de subvention (formations).
Or, toutes ces possibilités ne sont pas de façon déterminante offertes par le projet ECOFAC.
coopération UE ACP, gestion des ressources naturelles, protection de l’environnement, écosystème forestier
, Cameroun
Après ce constat, il semble évident que la phase pratique du projet ECOFAC doit faire intervenir les aspects : "entretien routier" et "pôle de développement rural" en appui de l’action de protection de l’environnement et de la biodiversité.
Ce projet de conservation ne profite pas aux communautés locales. Ils ne tiennent pas compte de leurs aspirations profondes. Certains de leurs objectifs tels que la protection des zones avec toutes leurs diversités d’espèces forestières et animales ne doivent pas contribuer à limiter l’investissement des paysans dans l’agriculture à grande échelle.
Il serait souhaitable d’associer la protection de l’environnement et de la biodiversité à la reconversion des populations riveraines à d’autres activités génératrices des revenus (AGR)à travers un appui à la gestion associative, communautaire et au financement desdites AGR.
Nous ne manquerons pas de mentionner l’ouverture et l’entretien des pistes forestières d’évacuation de la production des AGR.
Entretien avec un responsable du projet.
[Fiche produite dans le cadre du débat public "Acteurs et processus de la coopération", appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]
Entretien
CANADEL (Centre d’Accompagnement de Nouvelles Alternatives de Développement Local) - BP 3799 Yaoundé. CAMEROUN. Tél. : (237)221 31 40 / 200 38 74 - Fax : (237) 220 55 20 - Cameroun - www.canadelcam.org - contact (@) canadelcam.org