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L’Union Européenne et l’ADEPA : des visions différentes de la notion de partenariat

René M. SEGBENOU

01 / 1999

René SEGBENOU est Directeur Général de l’INADES-FORMATION (Institut Africain pour le Développement Economique et Social), une ONG qui ouvre depuis plus de 30 ans au service du développement rural et présente dans dix pays d’Afrique.

A ce titre, il est le Président de l’ADEPA (Association Ouest Africaine pour le Développement de la Pêche Artisanale), le groupe d’ONG qui gère le PPAO (Programme Régional " Valorisation des captures de la Pêche Artisanale en Afrique de l’Ouest)depuis 1994.

Il explique ici, comment il est difficile d’entreprendre un vrai partenariat avec l’Union Européenne.

" Au début, on a été un peu illusionné parce qu’on se disait que le Partenariat était tout à fait possible. Nous y avons cru à cause de la personne que nous avions devant nous à savoir Madame Cornelia NAUEN. On sentait qu’il y avait possibilité d’échanges, de dialogue, de compréhension et, il y en a eu. On sentait aussi qu’on pouvait avoir une cause commune, des objectifs communs et travailler ensemble à la réalisation de ces objectifs, de cette vision. C’est cela en fait le Partenariat. Mais au fur et à mesure que le programme avançait et que les procédures administratives de l’UE ont commencé, on s’est rendu compte que le Partenariat allait être difficile. En fait les difficultés se trouvent au niveau institutionnel. Il faut reconnaître qu’une structure comme l’UE et un groupe d’ONG comme le nôtre peuvent difficilement parler de partenariat. L’UE est une grosse machine qui a mis en place et développé une bureaucratie qui pratiquement tue les initiatives des personnes qui ont certainement la volonté de faire en sorte qu’il y ait des échanges et un vrai partenariat, mais qui, à la fin se trouvent bloquées et qui sont obligées parfois d’obéir plus à la procédure qu’à l’esprit de partenariat.

Alors, quand il en est ainsi, la partie faible du partenariat ne se sent pas respectée.

C’est notre cas. Nous, ONG ne nous sentons pas respectées au sein de cette machine.

On veut s’adresser à l’UE, mais en fait on s’adresse à une personne parce qu’au niveau institutionnel, on n’a même pas la possibilité d’atteindre un niveau où on sent qu’il y a un partenariat.

C’est bien de travailler avec un fonctionnaire de l’UE, mais si celui-ci est bloqué dans sa capacité à faire changer les choses, ce que vous dites, ce sur quoi vous voulez échanger reste à son niveau.

Un partenariat suppose le respect mutuel, la confiance mutuelle, la transparence, à savoir que chacune des parties dispose de la même information ; ce qui n’était pas possible dans notre cas.

La machine de l’UE n’est pas transparente pour nous, alors que nous, nous sommes transparents pour eux.

Il y a donc certainement un problème d’information, des deux côtés. Je reconnais que personnellement, je n’ai pas fait beaucoup d’efforts pour qu’il y ait des communications plus intenses entre l’ADEPA à travers son président que je suis et les instances de l’UE. Les contraintes de mes fonctions ont fait que je n’ai certainement pas pu développer autant de contacts qu’il faut pour avoir des informations.

Mais je me disais que le Secrétariat Technique à ce niveau a un rôle plus intense à jouer . C’est vrai qu’il y avait un problème d’information mais aussi on n’avait pas toujours la bonne information. Par exemple, lorsque nous arrivons au traitement des dossiers financiers, on s’en remet au fonctionnaire qui connaît les rouages auxquels nous-mêmes n’avons jamais accès et ne comprenons pas comment ça fonctionne ; à cause de la complexité et de l’opacité du système.

Un autre exemple, lorsqu’on parlait de prolongation du PPAO, je disais à l’Ordonnateur Régional que j’espère que cette fois-ci on n’exigera pas de l’ADEPA, une caution bancaire comme ce fut le cas du 1er contrat. Il a dit non et qu’il ne comprenait pas pourquoi on nous avait demandé une caution bancaire et qu’il y a possibilité de ne pas en présenter. Mais, ça c’est 5 ans après qu’on nous le dit.

Un autre cas, concernant notre contrat ADEPA qui est en principe un contrat de prestation de services. Dans ce cas précis, on ne demande pas de justificatifs, mais on regarde si le travail commandé a été fait. A ce niveau, je pensais que le reliquat qui se trouvait sur notre compte en fin de contrat devait revenir à l’ADEPA, mais lorsque nous avons posé la question, on nous dit non, il faut tout justifier et reverser le reliquat à l’UE. En tant que prestataire de services, nous ne l’avions pas compris ainsi et nous n’avons pas trouvé cela normal.

Si on pouvait avoir une idée claire, univoque des procédures, cela arrangerait beaucoup de choses.

Nous souhaitons qu’à l’avenir, on nous donne la possibilité de nous adresser aux instances de décisions. Mais on a aussi l’impression que la nouvelle approche que constitue le PPAO n’est pas acceptée, n’est pas comprise au sein même de l’Union Européenne. Il aurait même fallu que le Programme soit bien pris en compte, par Bruxelles et les Délégations. Ce qui n’a pas été le cas jusque-là ".

Mots-clés

coopération UE ACP, pêche artisanale, coopération régionale

dossier

Mettre la coopération européenne au service des acteurs et des processus de développement

Notes

Entretien réalisé le 28 janvier 1999 au siège de INADES - FORMATION. Propos recueillis par Attikpa Tetegan, Lucie. Contact : INADES FORMATION08 BP 8 Abidjan 08 ; Tél : (225)44 31 28/29/30 Fax : (225)44 06 41 ; E-mail : ifsiege@inadesfo.enda.sn.

[Fiche produite dans le cadre du débat public "Acteurs et processus de la coopération", appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]

Source

Texte original

ADEPA (Association Ouest Africaine pour le Développement de la Pêche) - Cité Lobatt Fall. BP 958. Dakar, SÉNÉGAL - Tél/Fax. : (221) 854 98 13 - Sénégal - www.adepa-wadaf.org - contact (@) adepa-wadaf.org

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