Autour de son maire, la commune a initié et mis en oeuvre la reconstruction d’un marché communal avec une assistance de l’Union Européenne
01 / 1999
1- Contexte et défis locaux
Pour l’équipe du conseil communal de Manandono, à Madagascar, le développement de la commune passe par la sécurité des habitants et la protection des activités économiques pour que les habitants puissent prospérer. Dans ce bourg, petit centre d’une population rurale de 10 000 habitants éparpillée sur la commune et composée à 95% de paysans, la construction d’un marché a fait l’unanimité. Ce point d’échanges obligatoire, centralisé dans le temps et dans l’espace protège les échanges commerciaux. Riz, pomme de terre, manioc, haricots, zébu, fripes passent par le marché. Les utilisateurs du marché payent une taxe communale par sac de riz de 500 FMG (0.08Euro).
Il y a deux ans, le groupe local des membres de l’organisation paysanne FIFATA proposait à leurs dirigeants régionaux d’organiser une grande foire agricole dans leur village de Manandono. La foire fut un événement qui attira beaucoup de monde. Les gens se rendirent compte de ce que cela apporterait de vendre sur un marché centralisé plutôt que le long des routes ou sur le bord des champs, à la merci des commerçants sans scrupules. Sans marché, les commerçants sont en position de force puisqu’ils voient bien que le producteur a déjà récolté et qu’il lui faut vendre à tout prix dans la journée.
La foire a aussi attiré les gens des villes d’Antisrabe, de Tananarive, des représentants des bailleurs de fond qui soutenaient l’organisation paysanne FIFATA. Le maire rencontra les uns et les autres, discuta des opportunités. L’idée devint un projet. Le projet un marché animé, tous les jeudis, dès 6 heures du matin jusque tard dans l’après midi.
2- L’implication du bailleur de fonds
La participation du bailleur de fonds est essentielle. Le budget de la commune qui lui est alloué par le département représente 30 millions FMG (4000Euros). Ce montant suffit à peine au charges de fonctionnement de la commune. L’investissement dans la construction d’un marché réprésentait plus de trois fois cette somme.
Le système mis en place par le FED (cellule d’opération de l’Union Européenne)est très intéressant. C’est la commune qui gère le budget du projet. Tout le monde s’est mobilisé pour la construction du marché car le FED demandait une participation locale de 25%. Le conseil communal a nommé un des adjoints ainsi qu’un conseiller du suivi du projet. La commune a sélectionné des entreprises locales pour effectuer les travaux. Pour ces entreprises, il était important de construire correctement sinon elles ruinaient leur réputation sur la commune et les environs.
A Manandono, la gestion locale fut très efficace. Le marché est terminé conformément au plan et pourtant l’enveloppe budgtaire n’est pas épuisée. Le maire a proposé aux bailleurs de fonds de procéder à des aménagements supplémentaires pour le stockage des déchets et des poubelles et la construction d’étals de bouchers. Ces propositions ont été acceptées.
Du côté de la mairie, l’autre chose importante fut la formation à la gestion et à la comptabilité dans l’action. Du coup, les outils de gestion mis en place pour le projet de construction du marché continuent à fonctionner pour les autres projets.
"Cela nous a demandé plus de travail mais on se sent plus fort après. On sait qu’on peut faire changer les choses d’ici. La population a vu que l’on pouvait nous donner des fonds et que nous savions les utiliser".
3- Les résultats
"Remonter le village" : c’est ce qui avait décidé le maire à quitter l’armée pour revenir dans son village natal lors des dernières élections. Pour lui les résultats obtenus sont bien au-delà de ce qu’il pensait faire.
"Lors de la campagne électorale, j’ai menti, j’ai pas dit qu’on en ferait autant".
Mais un projet réussi n’est pas la fin de la commune. Des abbatoirs, les pistes et surtout éliminer le banditisme et les cambriolages.
"Un bon bailleur de fonds vise le développement de la commune, pas un petit projet. La commune doit rester consciente que c’est elle qui a un projet et qui le gère. C’est comme ça que l’on devient responsable. Ce n’est pas quand on fait tout en votre nom en vous remettant le projet fini comme un cadeau".
Depuis que le marché existe, le groupe des paysans de FIFATA et la CECAM sont beaucoup plus actifs. La commune aimerait se jumeler avec une commune comme d’autres pays.
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, Madagascar, Manandono
Mettre la coopération européenne au service des acteurs et des processus de développement
J’ai visité le marché de Manandono sans être annoncé. Le maire était absent, j’ai rassemblé toute l’histoire auprès d’un conseiller rencontré par hasard sur le marché, au milieu d’un petit groupe de villageois qui opinait ou qui ajoutait un détail. Mon interprète me rapportait les réflexions des uns et des autres. En fin de soirée, le maire est arrivé. Parfait francophone, il m’a reçu à la mairie entouré de son adjoint et de son conseiller. L’histoire que j’ai eu sur la place du marché en Malgache me fut relatée de la même manière par le maire, sans qu’il sache ce qu’on m’avait raconté avant.
J’insiste sur le détail car il montre comment la transparence agit en cascade. La transparence entre le bailleur de fonds et la commune dans la gestion de fonds, a entraîné la transparence entre l’équipe communale et la population.
[Fiche produite dans le cadre du débat public "Acteurs et processus de la coopération", appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]
Entretien
RANDIANAIVO Philibert, RAKOTOVAO, Jean Théofène, RAVELOMANANTSOA, Jean Félix. Commune rurale de Manandono, Fivondronana Antsirabe 2, Antananarivo, Madagascar.
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