02 / 1999
Située à l’intersection des frontières suisse, allemande et française, Mulhouse s’insère dans une vaste zone de coopération transfrontalière constituée par les cantons de Bâle, le sud du Bade-Wurtemberg et le sud de l’Alsace. Le déclin des activités industrielles traditionnelles qui ont assuré son développement au début du siècle ont conduit à une reconversion aujourd’hui bien entamée. Mulhouse connaît néanmoins un taux de chômage élevé (14% de la population active), souffre en conséquence de problèmes sociaux importants notamment d’intégration de sa population d’origine étrangère (20%)et est confrontée à la dislocation d’un tissu urbain marqué par les déprises et les friches.
Mulhouse mobilise différents outils contractuels pour requalifier son espace urbain
Pour transformer son économie et accélérer la reconversion de ses activités, Mulhouse a mis l’accent sur la revalorisation de son image et la qualité de son urbanisation. Elle a fait le choix de redessiner un tissu urbain plus écologique et plus solidaire en réhabilitant sa mémoire industrielle et en renouant le dialogue avec l’ensemble des acteurs urbains, des citoyens aux industriels. La culture industrielle et l’écologie urbaine sont les deux points forts de son projet.
La municipalité a entrepris de planifier la reconquête de son territoire en adoptant fin 1991 un Projet de ville définissant des lignes d’action à moyen et long terme. Le Projet urbain, adopté en 1993 en est la traduction spatiale. La stratégie retenue a été déclinée en schémas thématiques (transports collectifs, deux-roues, trame verte, espaces publics, patrimoine architectural et urbain, habitat, etc.), en schémas fédérateurs, reflétant l’approche transversale, et en stratégies pour chaque partie de ville.
Préfigurant le Contrat de ville signé en 1994, un protocole d’accord a été signé par la Ville, l’Etat et la région en février 1993 sur la base d’une stratégie d’action à plus court terme définie dans une Charte de développement social urbain. Le Contrat de ville, signé par la suite, donne la priorité à 7 objectifs : renforcer les capacités d’accueil et de maintien de l’activité, requalifier le tissu urbain, construire l’agglomération, renforcer l’égalité d’accès aux fonctions urbaines, accentuer l’action sociale et urbaine dans les quartiers et auprès des publics en difficulté, lier les enjeux de développement aux enjeux de solidarité, simplifier et créer de la cohérence entre les dispositifs.
Complémentaire au Contrat de ville, la Charte d’écologie urbaine apparaît comme un des outils fondamental de la reconquête urbaine. Elle s’inscrit dans le prolongement d’un Plan municipal d’environnement adopté en 1991. C’est à cette époque qu’a été créée la MIRE, Mission Interservices pour le Respect de l’Environnement, dans le but de coordonner de manière transversale les questions municipales d’environnement. La MIRE a pour rôle essentiel d’informer, de sensibiliser, de former, de conseiller, d’inciter tous les partenaires de la ville à prendre en compte l’environnement dans leurs projets.
Les avancées de la Charte d’écologie urbaine
La Charte d’écologie urbaine, dont la MIRE a la charge, affiche comme objectifs la défense de l’égalité devant l’environnement du point de vue du bruit, de la sécurité, des nuisances olfactives et des déchets, de la solidarité écologique dans les domaines de l’eau, des transports, de l’air, des sols, de la faune et de la flore, la transparence et la démocratie et enfin la reconquête du paysage urbain avec pour axes majeurs la mise en valeur architecturale de la ville, la réhabilitation de l’habitat collectif et le renforcement des coulées vertes. La quasi-totalité des 52 actions qu’elle contient a été réalisée. Un avenant à la charte concernant 6 actions a cependant été signé dans la mesure où la charte est parvenue à échéance.
Les dernières actions menées dans le cadre de la Charte d’écologie urbaine concernent l’accès à l’information par le biais du Tableau de bord de l’environnement qui permet notamment de connaître en direct la qualité de l’air. Des campagnes de mesures poussées concernant le dioxyde d’azote, l’ozone et les poussières ont été menées. La Charte a également permis d’instaurer un recyclage des déchets de démolition, de développer des quartiers en zone 30 et de mettre en place des mesures de maîtrise des consommations énergétiques. Par exemple, les 250 chaufferies municipales ont été soumises à un diagnostic ou encore une formation a été dispensée aux concierges et aux chauffeurs afin de réaliser des économies d’énergie ; des résultats probants ont été obtenus. Des actions ont également été réalisées en direction du monde industriel. La MIRE aide les entreprises mulhousiennes à réaliser des diagnostics et à trouver des solutions à leurs problèmes environnementaux. Elle a notamment travaillé en partenariat avec un organisme financier à la mise en place d’un crédit à taux préférentiel fixe pour les entreprises souhaitant améliorer leurs performances environnementales.
De l’insertion par l’économique à la démocratie locale
Le Plan local d’insertion par l’économique (PLIE), établi en 1993 pour une durée de quatre ans, vient compléter l’ensemble de ce dispositif et met également l’accent sur le tissu économique local. Le PLIE a pour objectif d’assurer l’interface entre les entreprises qui désirent embaucher et les demandeurs d’emploi. L’objectif du PLIE est de faire en sorte que 1400 personnes en difficulté accèdent à un emploi stable. Ces personnes sont orientées vers un parcours d’insertion qui leur assure une formation, une activité rémunérée et un suivi. Un certain nombre d’entreprises mulhousiennes ont participé à la mise en place d’entreprises d’insertion, soit en ayant recours à leurs services, soit en finançant leur création. D’autres ont réservé des postes aux demandeurs d’emploi en difficulté d’insertion professionnelle. Mais les entreprises d’insertion ne sont pas toujours très bien acceptées car elles sont parfois considérées comme concurrentes des entreprises traditionnelles.
Au-delà du partenariat avec les entreprises, la municipalité est également attentive à la participation des habitants au devenir de leur ville. Dès janvier 1993, Mulhouse a créé 18 Conseils de quartier qui ont un rôle consultatif mais aussi pédagogique puisqu’ils permettent à la municipalité de rendre compte de sa politique et de ses actions.
Les trois dispositifs initiés par la Ville ont été prolongés jusque fin 1999. L’un des enjeux actuels de la municipalité est de mettre en place de véritables mesures intercommunales, notamment dans le domaine de l’environnement. La création en décembre 1996 de la Communauté de communes de l’agglomération mulhousienne, qui s’est dotée de la compétence environnement dans son acte fondateur, ouvre des perspectives dans ce sens. A terme, Mulhouse souhaite réaliser un Agenda 21 local afin de mieux coordonner les différentes actions économiques, sociales et environnementales de la Ville.
développement durable, transformation urbaine, aménagement urbain, urbanisme, écologie urbaine
, France, Mulhouse
Villes et développement durable : des expériences à échanger
Contact : REDURON Jean-Pierre, Directeur de la MIRE, Mairie de Mulhouse, 31 Grand’ Rue, 68100 Mulhouse, Tél : 03 89 46 88 05, Fax : 03 89 46 88 26
KUHN, Bernard, Responsable du PLIE, Mairie de Mulhouse, 1, rue de Bretagne, 68200 Mulhouse, Tél : 03 89 54 40 01, Fax : 03 89 44 32 27
Entretien avec REDURON, Jean Pierre; KUHN, Bernard
Entretien
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