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Conseil Régional du Nord-Pas de Calais : réalisation d’un lycée de Haute Qualité Environnementale (HQE) à Calais

Ina RANSON

01 / 1999

Dans le cadre de ses engagements pour un développement durable, le Conseil Régional Nord-Pas de Calais attache une importance particulière au domaine de la construction. En septembre 1998, la Région a inauguré un « Lycée durable » à Calais, première réalisation qui servira de modèle à beaucoup d’autres.

A l’origine de l’initiative, il y a le constat que nous commençons aujourd’hui à subir les conséquences de choix orientés par la prise en compte de critères insuffisants. La primauté des considérations liées à la rentabilité et à la rapidité ont conduit, vingt à trente ans plus tard, à l’apparition de situations insupportables. Il suffit de rappeler les problèmes posés par l’amiante, les ossatures métalliques ou les friches trop hâtivement réutilisées sans dépollution préalable.

Maître d’ouvrage de la construction et de la rénovation des lycées publics, le Conseil Régional Nord-Pas de Calais a choisi d’opter pour des réalisations relevant d’une démarche de haute qualité environnementale. En 1994, il décida d’en appliquer les principes à l’occasion de la programmation du nouveau lycée de Calais qui accueille plus de 1700 élèves. L’ambition du projet a été de rendre l’opération facilement transposable, en particulier dans le cadre de la gestion patrimoniale de l’important parc immobilier constitué par les lycées régionaux.

Le lancement d’une démarche novatrice

La commande de construction a été adressée à la Direction d’Ingéniérie, service opérationnel du Conseil Régional en charge de quelques 200 lycées (217 sites). Il n’existait à l’époque nulle expérience sur laquelle prendre modèle. Etant donné la nécessité d’appréhender, dans la mesure du possible, le plus grand nombre des domaines concernés, le choix a été fait de procéder de façon plutôt empirique, par opposition à une démarche scientifique habituellement pratiquée en matière de réalisation pilote, et d’impliquer tous les services régionaux concernés.

La première étape opérationnelle fut de choisir une équipe d’assistance au maître d’ouvrage (AMO) de qualité pour l’élaboration d’un programme HQE. Choisie après appel d’offre, cette équipe d’AMO a été constitué d’un ingénieur spécialiste en environnement, d’un cabinet d’architecture, d’un cabinet économiste et d’un paysagiste. Leur mission a été vaste : de la recherche habituelle des données et des contraintes du site à l’élaboration d’un programme HQE d’une portée et d’une qualité exceptionnelle.

La démarche HQE a bénéficié du très bon accueil des partenaires de la région. La Ville de Calais fit réaliser une importante étude d’aménagement de la zone et du quartier en intégrant un volet environnement fort, et ceci bien que le terrain eût été prédéterminé.

Les qualités d’un lycée vert

Le site d’implantation, au coeur d’une zone de polders, bordé par un canal met en valeur le paysage environnant. Les terrasses des bâtiments, aménagés en terrasses vertes avec un double effet régulateur sur les gradients thermiques et les flux d’eaux fluviales évacués, sont accessibles au public.

Les matériaux de construction ont été choisis après des analyses systématiques, en fonction de trois critères principaux : durabilité, influence globale sur l’environnement (de la fabrication à l’élimination) et esthétique. Plus de 300 fiches de matériaux ont été faites. Le choix fut parfois difficile, certains préconisant des prescriptions plus fortes que d’autres (exemple : interdiction de tous les PVC, sans distinction, interdiction des bois tropicaux). Finalement l’établissement de « listes noires » a été proscrit. Par ailleurs, la chasse à l’encontre des composés organiques volatiles (COV, taux minimal de formaldéhydes) a été ouverte.

Le volet énergétique a été étudié de façon à rendre le fonctionnement du lycée le plus autonome possible. Orienté au sud-ouest, le lycée se protège des vents et tire partie au mieux de l’ensoleillement en toute saison, pour l’éclairage et le chauffage (multiplication des surfaces vitrées). De nombreuses mesures permettent une utilisation rationnelle de l’énergie, à commencer par le choix d’équipements économes (lampes, appareils de faible consommation d’énergie…). Les énergies renouvelables devraient assurer près de 10% des besoins en énergie du bâtiment : des panneaux photovoltaïques, des capteurs solaires pour la production d’eau chaude sanitaire, une éolienne de 135 kW. Une centrale de cogénération au gaz, d’une puissance de 208 kW pour la production électrique et de 320 kW pour la fourniture de chaleur, apporte également sa contribution. En saison froide, elle est complétée par deux chaudières au gaz à très haut rendement.

La consommation d’eau fait également objet d’une attention particulière. Au-delà de l’installation de matériels « anti-gaspi » (chasses d’eau de six litres au lieu de dix par exemple), le système de récupération des eaux pluviales permet de récolter et de filtrer quelque 2 000 m2 par an, réutilisés pour des usages sanitaires.

Les autorisations de programme pour le lycée de Calais se sont élevées à :

- 191 millions de francs pour la construction et les équipements immobiliers,

- 25 millions de francs pour les équipements technologiques,

- 35 millions de francs pour les équipements mobiliers et pédagogiques.

Le ratio de 6 350 F ht/m2 de surface hors oeuvre nette, pour le premier poste, inclut le coût de la construction, de nombreuses études préalables, des études de programmation et AMO, les frais de concours etc. Depuis sa mise en service, en septembre 1998, le fonctionnement du lycée de Calais fait l’objet d’une évaluation qui durera plusieurs années.

D’ores et déjà on peut affirmer que tout compte fait, la haute qualité environnementale ne revient pas plus cher : malgré des équipements techniques nombreux (destinés à constituer un site d’observation et de démonstration autant pour les services régionaux que pour tout organisme intéressé) le coût du lycée de Calais ne dépasse celui d’un lycée classique que de l’ordre de 10%. Lesquels 10% seront très vite remboursés sur les frais de fonctionnement (30% de moins sur la facture énergétique). Il faut souligner aussi la valeur pédagogique de l’opération.

Le lycée pilote de Calais a été programmé et réalisé de façon autonome par la Région Nord-Pas de Calais, ainsi que la reconstruction du lycée de Caudry (Nord) qui est en cours. Les réalisations suivantes bénéficieront, outre l’apport de ces deux expériences, des conseils de l’Association Nationale H.Q.E.

Mots-clés

développement durable, construction de logement, énergie renouvelable, architecture


, France, Calais

dossier

Villes et développement durable : des expériences à échanger

Villes et environnement

Notes

Contact : Conseil Régional Nord-Pas de Calais, Direction de l’Ingénierie, Hôtel de Région, Bernard Longvert, 59500 Lille cédex, Tél : 03 28 82 87 03, Fax : 03 28 82 87 05

Source

Rapport ; Document interne

LONGVERT, Bernard, Conseil Régional Nord-Pas de Calais, Direction de l’Ingénierie, L’Environnement Magazine N° 1569, juillet/août 1997, p. 53, article de PRADEL, Patricia

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