Séverine BENOIT, Geneviève PILLET
10 / 1998
Geneviève Pillet, membre fondateur de l’ASSAILD (Association d’Appui Aux Initiatives locales de Développement): "A part la Coopération suisse, nos financeurs sont de petites ONG, enfin relativement petites, car l’Action de Carême par exemple c’est petit mais relativement important à l’échelle de la Suisse ! On essaie de ne pas avoir un seul partenaire financier car c’est très dangereux. En avoir un beaucoup plus gros, comme la coopération suisse, par rapport aux autres, nous pose déjà un problème. Mais certains de nos partenaires, qui étaient là au début, se sont maintenant restructurés, ont moins d’argent et ceci veut dire moins d’argent apporté aux associations tchadiennes. Ils ont vu aussi que le fait d’avoir des projets dans de nombreux pays ne permettait pas une gestion saine. Alors ils regroupent les projets et concentrent leurs activités dans un ou deux pays. Des financeurs nous ont "passé" à d’autres financeurs, en quelque sorte.
C’est comme cela avec le GRAD justement. Avant c’était Terre des Hommes-Suisse qui nous finançait à travers la FGC (Fédération Genevoise de Coopération). Les ONG de Genève ont créé une sorte d’association qui reçoit des fonds de l’Etat de Genève et des Communes. Et les ONG qui sont basées à Genève ont le droit de présenter des projets pour être financées. Terre des Hommes s’occupait de l’ASSAILD, et puis il ne voulait plus le faire parce que nous étions son seul projet au Tchad. Alors, ils ont pris des contacts et c’est le GRAD, que connaissait la FGC, qui a repris une partie du financement. Donc nous avons des financeurs qui ne sont pas là depuis le début, mais qui sont une sorte de filiation, si l’on peut dire, des premiers financeurs. Nous n’avons jamais eu de rupture de financement car nous avons eu le souci de créer des réserves. On se sent plus libre parce qu’on sait que même si l’on a une rupture on pourra fonctionner.
On parle beaucoup de partenariat. Le vrai partenariat, aux différents étages de toute la chaîne, nous on l’a ressenti à une époque avec Terre des Hommes-France. Ils sont venus plusieurs fois nous visiter, assister aux assemblées, discuter avec nous. C’est le souci que les paysans expriment : "que les bailleurs viennent voir ce que l’on fait". C’est vrai que c’est intéressant quand un partenaire vient et prend la peine de passer quelques jours, d’essayer de comprendre et de voir la réalité. Les plus petites ONG le font, c’est étonnant. Une responsable d’Action de Carême (CH)est déjà venue une ou deux fois; elle nous apporte des expériences d’ailleurs et surtout elle pose des questions qui font réfléchir et qui remettent en cause ou qui enrichissent notre propre réflexion. Tandis que certains responsables débarquent à toute vitesse, demandent qu’on se retrouve en salle, discutent et puis hop! ils repartent. Ils ne prennent pas le temps d’aller voir sur le terrain. Une fois, l’un d’entre eux a assisté à une assemblée mais on a l’impression qu’il vient avec des idées plein la tête, comme des préjugés, qu’il cherche à justifier plutôt que d’essayer de comprendre. Parmi les petites ONG on a des gens qui agissent différemment. Je ne sais pas si c’est une question de conviction Dans une ONG l’on est un peu militant, un peu engagé, qualité que l’on ne peut pas toujours retrouver chez les professionnels. Et forcément cela détermine la qualité des relations de partenariat. Si tu ne prends pas la peine d’écouter l’autre, ce n’est pas la peine de parler de partenariat, car il n’y a pas de vrai dialogue".
organisation paysanne, partenariat, ONG, coopération, bailleur de fonds, financement du développement
, Tchad, Moundou
Les ONG du Sud connaissent de multiples agents de l’Aide internationale. Certains écoutent, transmettent, visites. D’autres discutent de leurs problèmes, exposent leurs thèses "et puis, hop, ils repartent". Tous se conduisent-ils comme des partenaires ?
Entretien à Bonneville, septembre 98
Entretien avec PILLET, Geneviève
Entretien
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