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Les contraintes administratives au développement du marché du poisson en Afrique de l’Ouest : une réalité qui occupe une place importante dans notre approche du développement

Aliou SALL

10 / 1999

Les acteurs impliqués dans la théorie et /ou la pratique du développement des pêcheries artisanales ont l’habitude de ramener la problématique de la commercialisation des produits à des contraintes logistiques, matérielles et financières. Ceci explique l’importance accordée à la mise en place de fonds de roulement et les moyens de transport mis à la disposition des femmes. En effet, plusieurs bailleurs de fonds et ONG pensent rendre les frontières qui nous séparent plus fluides en produits de la pêche en dotant les femmes de crédit et de camions.

L’expérience nous démontre que les difficultés à traverser les frontières africaines restent l’enjeu le plus important pour les femmes transformatrices et commerçantes de poisson.

L’espoir des opérateurs de voir le développement du marché intra-régional se heurte toujours à l’inertie des Etats. Cette négative attitude de bon nombre de nos Etats relève en grande partie d’une tradition bureaucratique et paperassière. Celle-ci conduit vers la mise en place d’institutions intra-régionales inefficaces parce que tout simplement inopérantes. En effet, jusqu’à nos jours et dans l’ensemble les différentes superstructures mises en place dans la sous-région avec les différentes commissions et sous-commissions qui les accompagnent n’ont pas permis de répondre à une question des opérateurs, à savoir "à quand la fluidité des produits à travers nos frontières ? "

La CEDEAO n’a pas permis le développement du marché intra-régional car son entrée en vigueur tarde à se mettre à jour.

La lourdeur des procédures administratives au niveau des frontières qui se soldent par des blocages de colis de marchandises au niveau des frontières et la pratique de certaines taxes constituent autant de difficultés qui freinent le développement du marché régional.

En effet, les opérateurs pour écouler leurs produits doivent payer des frais supplémentaires; ce qui diminue considérablement leurs revenus.

Cette situation ne peut cependant durer dans la mesure où à certaines périodes de l’année l’abondance du produit et le manque de lieux de stockage les obligent à payer des taxes pour pouvoir écouler vers d’autres lieux.

Ces contraintes administratives au développement du marché nous ont incités à mener des actions

en direction des autorités politiques de la Sous Région. A travers cette démarche, nous voulions sensibiliser ces dernières afin qu’elles prennent davantage conscience du rôle d’un marché intra-étatique pour l’Intégration Africaine. Pour y parvenir, nous avons commencé par le Sénégal. A partir de 1992, les femmes impliquées dans le marché du poisson transformé n’ont pas arrêté de se plaindre contre les différentes taxes qu’elles doivent payer d’une zone urbaine vers une autre. Pire, celles qui font du commerce entre le Sénégal d’une part, la Guinée Bissau, la Gambie et le Mali d’autre part rencontrent d’énormes difficultés de la part des hommes en uniforme. Quand nous avons été saisis plusieurs fois par ces femmes, nous nous sommes dit que notre statut d’ONG ne nous permet pas d’envisager une action politique de grande envergure. Après des échanges avec les pêcheurs et les femmes du Cnps, nous avons réussi à déterminer la nature de notre contribution. C’est ainsi que nous nous sommes engagés à mener une étude sur les taxes avec l’appui financier d’ICSF. Nous avons évité de " séminariser l’enjeu des taxes " Pour que notre initiative aie un impact de développement, les actions suivantes ont suivi :

  • L’organisation d’un séminaire de restitution du rapport de notre étude avec la présence des autorités de la pêche, de la police et de la gendarmerie. Cette rencontre a été organisée à Kayar, lieu de départ d’importantes quantités de poisson transformé vers les marchés de la sous-région.

  • Une demande formulée par le Cnps à l’égard du gouvernement pour une suppression pure et simple de certaines taxes qui étaient illégales.

  • L’engagement pris par les représentants de l’administration présents à la rencontre de revoir les taxes. Des mesures prises par l’administration ont abouti à l’allégement - et dans certains cas à l’annulation pure et simple - de certaines taxes.

Mots-clés

pêche, pêche artisanale, pêcheur artisan, commercialisation, marché régional, intégration régionale


, Sénégal

Notes

Aliou Sall est socio-anthropologue, spécialiste de la pêche. Il est aussi le secrétaire exécutif du Credetip.

Source

Texte original

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CREDETIP (Centre de Recherche pour le Développement des Technologies Intermédiaires de Pêche) - B.P. 3916 Dakar SENEGAL - Tél. : (221)821.94.62 - Fax : (221)821.94.63 - Sénégal - credetip (@) sentoo.sn

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