Les marchés informels jouent un rôle central pour un meilleur accès des opérateurs artisanaux au crédit formel. Trois types d’organisations peuvent être cités à titre d’exemple.
Le premier est relatif à une tontine existant à Yoff. Sa principale fonction étant, face aux problèmes qu’ont les pêcheurs pour épargner, de leur permettre à la fin de chaque mois d’avoir assuré au préalable leur versement à la CNCAS (Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal). Il s’agit ainsi d’une tontine de vingt cinq membres dont les cotisations sont fixées à 5 000 F/mois et une mise globale de 125 000 FCFA. Ce qui permet à chaque membre de recevoir 25 000. En effet chaque mois, 5 sur 25 se partagent la mise.
Le deuxième localisé à Kayar est une stratégie adoptée par une association et qui permet à ses membres d’honorer leur engagement vis à vis de la CNCAS. Il s’agit d’un GIE (Groupement d’Intérêt Economique)dans lequel par consensus, les membres acceptent de majorer de 3 000 FCFA leurs versements mensuels. Cette somme substantielle est gardée dans une caisse qui permet à tout membre dont la pêche n’a pas été bonne d’y puiser des fonds.
Le troisième consiste en l’appui accordé par les guetndariens et pêcheurs de Niagnhal autochtones ou en migration en octroyant grâce à leur caisse de dépôt des crédits pour permettre à un pêcheur dont la saison est infructueuse d’effectuer à temps son versement mensuel à la CNCAS.
Pour l’implication des institutions formelles dans la filière artisanale, on pourrait noter le financement par voie contournée qu’accordent ces dernières à des opérateurs sans garanties suffisantes pour accéder au crédit formel, certains pêcheurs bénéficient du crédit - certes pas bancaires mais d’usines par l’entremise d’agents intermédiaires. Dans ce type de relations que les pêcheurs ont avec les compagnies et agences formelles commercialisant ou transformant les produits, les mareyeurs jouent un rôle très important. Quant aux initiatives prises par les pêcheurs pour une meilleure solvabilité à l’égard des marchés formels de crédit, il y a essentiellement les systèmes alternatifs d’assurance. Les pêcheurs utilisent des équipements qui non seulement se déprécient très rapidement mais aussi sont exposés aux intempéries et divers accidents en mer et à terre.
Ces organisations sont de nos jours la seule satisfaction concrète donnée aux besoins d’une affiliation des pêcheurs à des compagnies d’assurance. En effet, la pêche est un secteur qui présent des risques. A cela s’ajoutent des problèmes d’ordre hautement technique. L’immatriculation des unités reste un problème surtout quand on est dans un secteur où les pirogues peuvent être modifiées à tout moment et repeintes. Les migrations des pêcheurs viennent alourdir toute tâche allant dans le but
des cette immatriculation.
Le deuxième facteur reste lié aux procédures de nantissement des équipements dont les frais sont élevés.
Si la conception dualiste a longtemps défendu l’idée d’un cloisonnement des secteurs formel et informel, le fonctionnement des marchés du crédit dans la pêche artisanale montre bien qu’il y a des interférences entre ces secteurs jugés antagonistes. Lesquelles interférences sont aisément
appréciable à partir :
- du rôle joué par les marchés informels pour l’accès aux marchés formels du crédit par les opérateurs ;
- de l’implication des institutions formelles par le biais d’intermédiaires dans la filière artisanales de la pêche ;
- des initiatives prises par les opérateurs de la pêche artisanale vers l’offre de garantie/assurance alternative pour résoudre le problème de solvabilité à l’égard des marchés formels publics, parapublics et privés intervenant dans la pêche.
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, Sénégal
Aliou Sall est socio-anthropologue, spécialiste de la pêche. Il est aussi le secrétaire exécutif du Credetip.
Texte original
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