La FECECAM est une institution destinée à inciter et dynamiser le développement à la base mais une structure qui ne rentre pas dans la logique de la coopération de l’Union Européenne
01 / 1999
La Fédération des Caisses d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel (FECECAM)Bénin est née de l’idée que le développement d’un pays doit, d’une manière ou d’une autre, passer par la mobilisation des ressources nationales dont dispose ce pays et leur utilisation rationnelle au service du développement. Ainsi, profitant du retour de confiance populaire découlant de l’orientation du Bénin sur la voie de la démocratisation, le gouvernement béninois a invité les bailleurs de fonds à une table ronde afin de rechercher les moyens de réhabiliter et d’exploiter le réseau de la petite épargne villageoise laissé par la Caisse Nationale de Crédit Agricole, préalablement liquidée pour cause de faillite.
L’échange avec les bailleurs de fonds (l’Union Européenne, Banque Mondiale, Coopération Française, Agence Française de Développement, Coopération Suisse, Coopération Allemande, Fonds d’Aide et de Coopération)dans le cadre d’un comité de pilotage et d’orientation a favorisé une ouverture du concept vers une institution participative.
La FECECAM est donc créée en 1993 sous forme de coopérative d’épargne et de crédit qui se donne pour autre mission, outre la collecte de l’épargne et la distribution de petits crédits, la formation théorique et pratique des agriculteurs, l’élaboration de programmes informatiques de gestion et de maîtrise de la production.
Mais déjà, dès le départ, le cadre de financement de la structure paraît mal organisé. Chaque bailleur de fonds finance le volet du projet qui rentre dans sa philosophie de coopération. La Banque Mondiale apporte les fonds de fonctionnement, la Coopération Française finance la formation ; l’Association Française, une partie de l’équipement, la Coopération Suisse s’intéresse à la formation et à l’équipement, l’Union Européenne finance une partie de l’équipement et une partie de la formation. Ce financement de l’Union Européenne fait partie du FED mais les responsables de la FECECAM sont incapables de dire à quel FED cela correspond.
Depuis lors, le réseau de la petite épargne villageoise s’est considérablement développé. Aujourd’hui, il s’auto-finance à plus de 75%. Cette réussite est sans doute liée au système d’organisation à trois niveaux adopté par la FECECAM. A la base il y a les caisses locales de type coopératif installées un peu partout sur le territoire. Celles-ci envoient leurs délégués, élus par région, pour constituer l’Union régionale dont la mission est de définir la politique régionale de développement. Au niveau national, la FECECAM est dirigée par un conseil d’administration constitué de délégués élus des caisses régionales, des cadres techniques des ministères du Plan et du Développement rural.
Aujourd’hui, la FECECAM s’oriente vers le développement de programme afin d’entretenir une véritable relation de partenariat avec les bailleurs de fonds.
politique internationale, coopération UE ACP, coopération décentralisée, coopérative d’épargne et de crédit, développement communautaire, FED
, Bénin
Le projet FECECAM Bénin, auquel l’Union Européenne (entre autres)a participé à l’étude de faisabilité, est l’un des rares projets qui associent véritablement les acteurs de base.
Pour la première fois au Bénin, la promotion et la collecte massive de la petite épargne domestique est placée à la base d’un projet de développement. L’épargne traditionnelle est donc valorisée à travers un système coopératif d’épargne et de crédit solidement ancré dans les pratiques communautaires de solidarité et d’entraide dont la FECECAM s’est largement inspirée.
C’est donc une bonne expérience participative d’autant qu’il existe dans chaque petite localité une Caisse locale, la CLCAM ou cellule de base. Ainsi, l’appropriation du projet FECECAM s’est faite très rapidement car les acteurs sont bien impliqués dans la réalisation et l’exécution du projet. Ils expriment leurs besoins au niveau de chaque structure et participent à la prise de décisions.
Cependant, l’Union Européenne, fidèle à sa logique d’intervention qui est celle de financer des projets de grand standing, n’a pas accompagné le processus. Elle s’est retirée après les études de faisabilité. Aujourd’hui, elle n’a plus de lien direct de partenariat avec la FECECAM, dont elle a pleinement participé théoriquement (à travers le comité de pilotage et d’orientation)et financièrement (en finançant en partie des études de faisabilité)au processus de création.
Car ces types d’action, qui pourtant s’inscrivent dans un bon créneau du développement participatif et même de la coopération décentralisée, n’obitiennent pas souvent l’adhésion de l’Union Européenne, qui, non seulement ne crée pas ses propres instruments de développement à la base, mais s’enferme souvent dans une logique de financement ponctuel de projets, qui ferme la porte à toutes les institutions de développement à la base.
Ibrahim ABOUBKARI est secrétaire Exécutif de la FECECAM. Entretien réalisé le 12/01/1999 par l’auteur de la fiche, qui a mené par ailleurs une enquête sur le terrain.
[Fiche produite dans le cadre du débat public "Acteurs et processus de la coopération", appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]
Entretien avec ABOUBKARI, Ibrahim
Entretien ; Enquête
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