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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Inventer de nouveaux outils pour préparer et conduire l’appui aux dynamiques sociales

Bernard LECOMTE

02 / 1999

L’instrument projet-programme cherche à maîtriser ensemble quatre fonctions de planification : préparer la décision d’aider durant telle période, fixer le couple"objectifs à atteindre / moyens à utiliser", programmer les modalités d’exécution dont un calendrier et un budget, enfin faciliter l’évaluation par comparaison entre prévu et réalisé. Cherchons, fonction par fonction, par quoi remplacer en tout ou partie l’instrument projet-programme pour être mieux à même de soutenir un processus de dynamique paysanne.

La décision d’appuyer un processus

L’idée principale est de ne pas décider d’aider à partir d’une étude de faisabilité et de programmation. Ceux qui décident d’apporter un appui choisissent, en réponse à une demande d’un partenaire, d’entamer avec lui une phase qui ressemble un peu à ce que sont (ou qu’étaient ! )les fiançailles. On s’est promis de coopérer à long terme, et les premiers pas effectués ensemble sont ceux d’un approfondissement de la connaissance mutuelle, du contexte, des façons de vivre des acteurs, de leurs essais pour avancer, etc. On mène alors une étude-action tout en favorisant des appuis modestes à des initiatives locales conçues comme des sortes de tests. La réussite de ces fiançailles demande aux partenaires d’admettre qu’il s’agit là, certes d’un engagement à long terme, mais qu’il convient de commencer par des petits pas sans mettre l’apport d’aide au centre et sans programmer trop tôt.

Dans l’idéal, l’équipe chargée de cette étude-action initiale sera la même que celle chargée ensuite d’accompagner l’appui au processus. Elle fonctionnera sur le terrain, en permanence, et par échange constant avec les acteurs publics et privés. C’est le savoir de ces acteurs qu’elle systématise, ou au moins ordonne, après l’avoir recueilli et analysé avec eux. On ne peut utiliser pour ce travail les services temporaires de consultants opérant par missions successives car ni le dialogue, ni l’accumulation de connaissances, ni l’élaboration continue des décisions ne seraient, dans ce cas, possibles.

La fixation d’objectifs et de moyens

"Ne pas planifier à partir de l’objectif final", enseigne Lédéa B. Ouedraogo au Yatenga. De son côté, Joséphine Ndione explique ainsi la méthode de son association sénégalaise d’appui : "Partir des situations vécues, au jour le jour, par les gens, même pas de leurs besoins. Les gens viennent nous voir en disant : "Nous vivons telle situation". On discute alors des possibilités, des hypothèses d’actions qu’on pourrait mettre en place et c’est en fonction de cela que leur programme se définit petit à petit. Nous n’imposons rien, nous ne proposons rien. On chemine avec eux et au fur et à mesure qu’ils trouvent la né-cessité de participer, par exemple, à une formation en alpha-bétisation ou en gestion, alors seulement nous intervenons."

Mais comment - à ce moment précis où naît le sentiment de la nécessité - permettre la combinaison judicieuse des apports des gens et des ressources d’aide extérieure ? Alors qu’on ne peut ni prévoir ces dernières, opération par opération (tant de francs pour l’alphabétisation, tant pour le maraîchage ...), ni prévoir les dates d’utilisation. Pour y arriver, il convient d’éviter d’utiliser le couple : "tel objectif à atteindre à telle date / réalisé grâce à tels moyens prévus".

Par quoi le remplacer ? "Il faudrait lier entre eux le rythme de la dépense d’aide et les niveaux de capacités où sont arrivés les gens". On remplacera donc le duo précédent par un quatuor de ce type : T-L-M-C

- Telle gamme d’activités souhaitées est prévue

- Les acteurs locaux qui décident de réaliser l’une d’entre elles

- Mobilisent leurs capacités et leurs apports propres

- Ce qui entraîne la mobilisation immédiate de moyens d’aide.

L’apport d’aide répond ainsi à l’initiative des acteurs locaux. Son volume et ses formes s’adaptent au rythme et aux formes des apports des groupes et des personnes.

Quant aux deux dernières fonctions : programmer les modalités d’exécution et faciliter l’évaluation par comparaison entre prévu et réalisé, on gagnera à les lier étroitement au sein d’une même et unique fonction : celle de Suivi-Evaluation-Prévision (SEP)(1).

Mots-clés

coopération UE ACP, politique internationale, organisation paysanne, méthodologie


, Pays ACP

dossier

Mettre la coopération européenne au service des acteurs et des processus de développement

Notes

(1)Voir aussi la fiche "Un outil de pilotage en contenu : le Suivi-Evaluation-Prévision".

[Fiche produite dans le cadre du débat public "Acteurs et processus de la coopération", appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]

Source

Livre

LECOMTE, Bernard, L'Harmattan, 1998 (France)

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