Une association fait le choix de prévenir l’évolution de l’emploi et de la formation en organisant de nouvelles formes de partenariat dans une approche territoriale
03 / 1999
L’association AVERTIR a été créée en 1990 à l’initiative de France Joubert, secrétaire général de l’Union Régionale CFDT Poitou-Charentes. Son objectif de départ est de travailler sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, pour préparer les individus et les entreprises aux évolutions technologiques et économiques. Elle est conçue à l’échelle régionale, pour offrir aux acteurs privés et publics un espace de réflexion et de concertation en matière d’emploi. Son ambition est de rapprocher les partenaires sociaux. En 1994, une mission lui est confiée par la Région afin de mettre en place une " charte de partenariat " pour le développement économique local en Poitou-Charentes. Cette charte a entraîné la signature de 20 entreprises de la région, de l’Etat et de la Région. Son axe prioritaire aujourd’hui est le développement des services de proximité. Plus de vingt projets soutenus dans des territoires divers en partenariat avec les acteurs locaux, ont donné naissance à des microstructures et à de nouvelles formes d’emploi : halte-garderie, services d’accompagnement des personnes âgées, atelier de repassage... Pour mieux cerner ces nouvelles activités (diagnostic des besoins, formation...), l’association AVERTIR s’est rapprochée de l’Agence pour le Développement des Services de Proximité (ADSP), afin de définir un mode d’accompagnement des projets, sur le modèle de la charte de l’ADSP. En 1994, elle participe à son programme de transfert méthodologique. A terme, son ambition est d’étendre le champ des services de proximité à un champ plus large : " les nouveaux gisements d’emplois ". La conviction de l’association AVERTIR est que les services de proximité peuvent déboucher sur de vrais emplois professionnalisés et pérennes. Pour atteindre cet objectif, son expérience la renvoie à la question de la construction d’un " quatrième niveau " de dialogue social, interprofessionnel et territorial, s’ajoutant aux trois niveaux classiques que sont l’entreprise, la branche et le niveau national interprofessionnel. Pour cela, elle propose de " décloisonner et de construire une réalité commune entre les acteurs politiques, administratifs, socio-économiques et socioculturels (...)L’innovation peut résider dans le type d’activité mais aussi dans la manière dont elle s’organise ". Depuis sa création, elle a montré sa capacité à regrouper les partenaires sociaux et à ouvrir des pistes de travail en matière de développement de l’emploi. Son conseil d’administration est composé de responsables d’entreprises (Rhône-Poulenc, EDF/GDF, France Télécom...), de syndicats de salariés et de patrons (CFTC, CFE/CGC...), d’associations travaillant dans le domaine de l’emploi, de l’ANPE, de la Direction Régionale du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (DRTEFP), du Secrétariat Général aux Affaires Régionales (SGAR), et du Conseil Régional. Mais cette mise en réseau territoriale n’a pas eu l’appui des organisations patronales et des autres grands syndicats (CGT, FO), peu enclins localement à développer des partenariats et à soutenir des actions d’économie solidaire. Selon le Cabinet CIRCE consultants, qui a évalué l’ensemble des actions de l’Union Régionale CFDT Poitou-Charentes, cette impossibilité de construire un véritable paritarisme est dû à une vision divergente de l’action, mais aussi sur le constat qu’ils n’ont pas compétence pour agir avec les instruments qui sont les leurs : la négociation collective et la gestion paritaire. D’où sa proposition " d’explorer la faisabilité juridique d’une redéfinition du cadre juridique de l’action des partenaires sociaux afin d’ouvrir à ceux qui le souhaitent des espaces nouveaux d’initiative ". Face à ce champ de contraintes, le transfert de son expérience à d’autres régions semble difficile, selon le Cabinet CIRCE. Pour lui donner plus de chance de réussir, il lui propose de reformuler " un projet plus précis, susceptible de recevoir l’adhésion d’autres partenaires sociaux " (...), peut-être " en faire un laboratoire de l’innovation sociale, cogéré par la CFDT, d’autres partenaires sociaux et l’Université et, financé par la région (sur le modèle des Instituts du Travail mis en place dans le cadre du Congé Education Ouvrière)".
développement local, développement régional, politique de développement, aménagement du territoire, relations micro macro, exclusion par l’économique, insertion professionnelle, création d’activité, création d’emploi, création d’entreprise, concertation, service de proximité
, France, Poitou Charentes
" Laboratoire de l’innovation sociale ", l’action de l’association AVERTIR est novatrice à deux égards : elle part des besoins du territoire pour initier et soutenir les services de proximité ; et elle favorise l’organisation de nouvelles formes de partenariat à l’échelle d’un territoire. Sa démarche rencontre toutefois des obstacles : comment impliquer le patronat et les autres grands syndicats sur des terrains inhabituels, modifier les règles de suprématie en admettant un quatrième niveau de dialogue social ; comment promouvoir les services de proximité en de véritables emplois et étendre le champ du dialogue à l’économie solidaire ?
Document interne
AVERTIR, Qu'est-ce qu'AVERTIR ?; Rapport de CIRCE Consultants : " Construire le quatrième niveau du dialogue social. L'action de la CFDT dans les domaines de l'emploi et de l'insertion en Poitou-Charentes "
Entre Signes et Cultures - N’existe plus