L’hypothèse de la causalité formative suggère que la mémoire est inhérente à la nature. Les systèmes naturels tels que des colonies de termites, des molécules d’insuline, des comportements culturels hériteraient d’une mémoire collective. Du fait de cette mémoire cumulative, la nature des choses devient de plus en plus habituelle par répétition.
Il existe un processus par lequel le passé devient, en un sens, présent sur base de la similarité’ et d’autant plus qu’il y a eu répétition du phénomène. La causalité formative suggère que la nature des choses dépend de champs -les "champs morphiques". Chaque type de système naturel possède son propre type de champ (pour l’insuline, le chêne, l’hirondelle, une forme de pensée, une langue etc.). Ces champs façonnent les différents types d’atomes, de molécules, de cristaux, d’organismes vivants, de sociétés, de coutumes, de modes de pensée... Les champs morphiques, comme les champs connus de la physique, sont des régions d’influence non matérielles s’étendant dans l’espace et se prolongeant dans le temps.
Les champs morphiques ne disparaissent pas: ce sont des schèmes d’influence organisateurs potentiels, susceptibles de se manifester à nouveau. Ils renferment une mémoire de leurs existences physiques antérieures. Le processus par lequel le passé devient présent au sein de champs morphiques est nommé résonance morphique: transmission d’influences causales formatives à travers l’espace et le temps. La mémoire au sein des champs morphiques est cumulative et c’est la raison pour laquelle toutes sortes de phénomènes deviennent de plus en plus habituels par répétition. Lorsqu’une telle répétition s’est produite à une échelle astronomique sur des milliards d’années (cas d’innombrables types d’atomes, de molécules etc.), la nature des phénomènes a acquis une qualité habituelle si profonde qu’elle est effectivement immuable ou apparemment éternelle. Ces champs morphiques se manifestent et évoluent dans le temps et l’espace. Ils sont donc envisagés dans un esprit évolutionniste, ce qui les oppose aux champs connus de la physique.
Depuis les années 1980, la physique théorique remet en question l’éternité de l’univers, des propriétés de la matière et des champs, et celle des lois naturelles en général. Des conceptions évolutionnistes voient le jour. Le cosmos apparaît plus comme un organisme en pleine croissance et évolution que comme une machine éternelle. Ainsi des habitudes sont sans doute plus naturelles que des lois immuables. L’ensemble de la nature apparaît désormais comme étant de nature évolutive, la notion de lois éternelles se retrouve, en conséquence, remise en question. La nature des choses pourrait être habituelle plutôt que gouvernée par des lois éternelles.
Depuis des années, Sheldrake multiplie des expériences pratiques de tous ordres qui consolident sa théorie. Il fait éclater les barrières entre les disciplines. De plus en plus de scientifiques soumettent à l’expérience son hypothèse dont la portée ne fait que s’élargir. Aujourd’hui il peut y recourir non seulement pour étudier les questions relatives à l’origine de la vie, à la genèse des formes, à l’évolution des espèces, mais aussi pour évoquer ses conséquences sur les plans de la psychologie, de la société et de la culture.
La vie est un Tout plus grand que la somme de ses parties. La nature a cessé d’être une machine pour devenir un être vivant dont nous faisons partie intégrante.
biologie, épistémologie, théorie scientifique, science et culture
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Une théorie unitaire fascinante de la nature qui remet en cause l’esprit mécaniciste et matérialiste des sciences fondamentales physiques et biologiques actuelles et qui rejoint les intuitions récentes des astrophysiciens. Une théorie que de nombreuses expériences sont en train de confirmer et qui bouleverserait toute notre conception de la vie et les orientations fondamentales de notre société.
Livre
SHELDRAKE, Rupert, La mémoire de l'univers, Editions du Rocher, 1989 (Monaco); Titre original: "The presence of the past: morphic resonance and the habits of nature"
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