Pourquoi, comment et qui ?
11 / 1998
Le monde change, l’Afrique bouge.
Les sociétés africaines, de cultures majoritairement rurales, ont toujours su s’organiser sous des formes originales et efficaces, prenant en charge leurs propres problèmes, souvent pour pallier la carence des pouvoirs publics à assurer les services de base indispensables à la vie collective. La volonté de décentralisation qui semble animer à présent, ici ou là, les mêmes pouvoirs publics, pose en des termes différents la question du dialogue et de la complémentarité de l’action entre équipes institutionnelles et citoyens.
Or, ce partenariat, enjeu majeur de la gestion des villes, est difficile à réaliser. En Afrique, comme partout ailleurs, le langage de l’administration, sa façon d’agir, de découper les problèmes, ses formes d’organisation, ses priorités ne sont pas les mêmes que celles des habitants et le dialogue entre les pouvoirs publics et les citoyens connaît des difficultés semblables au dialogue interculturel. Dès lors, comment faire pour que ces différences d’approches ne se résolvent pas en un blocage ?Comment concilier le légitime souci de chaque groupe humain de préserver ses intérêts propres et la nécessité de conduire un changement plus global ?
La rencontre interafricaine de Dakar de février 1998 entre habitants, élus et professionnels de la ville, qui a rassemblé des participants venus de toute l’Afrique de l’Ouest s’était donné cet objectif de construire les fondements d’un partenariat réel pour l’évolution des quartiers populaires. Mais un travail constructif entre les trois types d’acteurs du développement local suppose un relatif équilibre des forces et des savoirs, le respect de l’autre, la reconnaissance de ses capacités et de sa légitimité à agir. Or, si les pouvoirs locaux, élus et professionnels disposent de moyens techniques, d’instruments juridiques, financiers, de réseaux d’échanges et d’un pouvoir d’expertise, les habitants eux, sont relativement isolés, disposent de peu de moyens et de légitimité, et ne peuvent compter que sur leurs propres ressources. C’est pourquoi il leur semble nécessaire de s’organiser en réseaux pour pouvoir s’entraider, construire une parole commune, se renforcer mutuellement et ainsi devenir plus efficaces dans leur action locale. La rencontre de Dakar a donc eu également l’objectif de jeter les bases d’un réseau interafricain d’habitants.
Les soutiens à la rencontre.
Cette rencontre n’a été possible que par la mobilisation de différents partenaires, les uns y apportant leur temps, leur ingéniosité, leur expérience, leur capacité de convocation et leurs réseaux; les autres leur soutien financier.
Parmi les premiers se trouvent les membres du comité de pilotage qui a organisé la préparation et la tenue de la rencontre : Le RADI (Réseau Africain Développement Intégré), le CREDETIP (Centre de REcherches pour le DEveloppement des Technologies Intermédiaires de Pêche), ENDA, la mairie de Dakar et son maire Mamadou Diop (à l’initiative de la rencontre et qui s’est personnellement impliqué pour la promouvoir et convoquer les représentants des associations nationales d’élus locaux), la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme (Fph)et ses partenaires du CIRAP et de l’Agence d’Urbanisme de Grenoble.
Au titre des soutiens financiers : l’Union européenne (DG VIII), le Ministère français de la Coopération et la Fph.
Le choix des participants
Des ressortissants de onze pays africains (dix en Afrique de l’Ouest et le Cameroun en Afrique centrale)étaient présents. La rencontre avait été organisée autour de trois collèges : élus locaux, habitants et professionnels. Les élus locaux ont été pour la plupart choisis par les associations nationales de maires. Du côté des habitants, le comité de pilotage a donné largement leur place à des représentants de groupes de base, mais aussi à des personnes travaillant à un niveau sectoriel ou global. Dans le collège des professionnels, on notait la présence de deux sous-groupes : celui des techniciens des ONG et celui des techniciens des collectivités locales.
Non prévue au départ par le comité de pilotage, la participation de quelques chefs traditionnels et de quartier formait une quatrième composante.
ENDA-GRAF, le RADI, la ville de Dakar ont fourni les adresses de leurs partenaires dans les différents pays. Les organisations du comité de coordination ont proposé chacune deux invités parmi les habitants sénégalais, et un technicien. Une combinaison de propositions venant du "programme de développement municipal (Dakar), de l’association des maires sénégalais, de la direction des collectivités locales du Ministère de l’Intérieur sénégalais, du chef du département de recherche du CODESRIA (structure de recherche panafricaine en sciences sociales), des directeurs de services techniques communaux des autres pays africains ont complété la liste des participants, ainsi que des représentants de deux organisations internationales : PNUD et BREDA.
habitat, décentralisation, participation des habitants, Etat et société civile, gestion de l’habitat
, Sénégal, Afrique de l’Ouest, Dakar
Rapport
FPH=FONDATION CHARLES LEOPOLD MAYER POUR LE PROGRES DE L'HOMME, Habitants, élus, professionnels de la ville : éléments pour un partenariat Mémoire de la rencontre de Dakar, février 1998, Librairie Fph, 1998 (France)
CIRAP (Citoyens pour Renouveler l'Action Publique) - N’EXISTE PLUS