Paroles d’associations de locataires sur l’opération de la cité de la Busserine à Marseille 14è
12 / 1993
L’organisme logeur a joué ici un rôle moteur dans la mise en place du processus d’échange. Vieille de 17 ans, l’Association des locataires a saisi l’occasion d’instaurer un partenariat (288 logements; maître d’ouvrage S.A. Logirem).
Fin 1988, dans une cité en situation d’abandon (rien d’important n’y a été réalisé depuis 24 ans qu’elle existe)et où les résidents sont démobilisés, Logirem prend l’initiative de rétablir le dialogue. Deux éléments déclencheurs, à la fois symboliques et concrets:
- un changement d’équipe au sein de l’organisme avec la mise en place, sur le terrain, d’interlocuteurs directs proches des habitants par l’appartenance ethnique et la connaissance des spécificités du lieu (le gestionnaire local est issu de la cité):
- le discours est désormais construit selon deux principes: rien ne sera fait sans l’adhésion des résidents; ce sera un projet global de réhabilitation qui se verra élaboré ensemble. La démarche dépassera la rénovation du bâti pour prendre en compte les réalités sociales, économiques et techniques.
De la méthode de travail adoptée, véritable apprentissage du partenariat, émergent deux aspects:
- on contacte les habitants par une action,de porte à porte. Information et dialogue sont conduits par un tandem organisme-représentant de l’Association des locataires. On institue aussi des réunions par cage d’escalier afin de collecter les souhaits des habitants et de mieux formuler, avec eux, ce qu’il sera possible de réaliser (des taux de 50 à 100% de participation sont atteints!).
- la démarche d’élaboration du projet est conduite de concert par le maître d’ouvrage et l’Association. S’y adjoint l’architecte concerné par le volet d’amélioration du bâti. Une approche globale se spécifie ensuite dans le dialogue avec les habitants. Ils se voient engagés, à chaque étape, dans une définition des priorités. On élabore des choix, en meilleure connaissance de cause.
Ce partenariat est formalisé par la signature d’un accord collectif de location. Les représentants des habitants sont ainsi associés à toutes les étapes du projet (mise au point du programme de travaux, passation des marchés, etc.). L’engagement est pris d’une hausse limitée des loyers. Un journal d’information en temps réel, des appels à la participation directe pour le choix des matériaux ou d’options dans les logements... Le contact avec les habitants est ainsi garanti pendant l’élaboration du projet. Pour accompagner la volonté de changement, des actions parallèles sont mises en place (réactivation du club de football avec mise à disposition de locaux dans la cité, participation de jeunes à des travaux de nettoiement en échange de maillots de foot, ballons..., actions de formation aux métiers du bâtiment pour des jeunes de la cité, etc.).
Soutenir une telle dynamique représente un vrai défi pour l’Association. Elle-même doit s’assurer de la motivation soutenue et de la disponibilité de ses membres dans cette activité longue et complexe. Elle ne peut apparaître comme un simple relais de l’organisme H.L.M. pour rester le représentant des intérêts des habitants et garder sa crédibilité. Sa capacité à maîtriser et relayer l’information soutient la mobilisation.
Si l’espoir est revenu dans la cité, c’est que le partenariat s’est imposé comme seule voie possible, dans la définition du rôle et des limites de chacun. POur la cohérence d’un projet global (incluant les espaces extérieurs), il convient en outre de convaincre d’une telle règle du jeu les autres intervenants que sont les pouvoirs publics et les élus locaux.
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, France, Marseille, Bouches-du-Rhône
C’est l’initiative du maître d’ouvrage, acculé à renverser une situation il est vrai, de dépasser le rapport traditionnel logeurs-logés, d’afficher une volonté nouvelle, qui retient l’attention : la preuve de la nécessité "vitale" dans les situations extrêmes de trouver chez les habitants une capacité de dialogue, mais qui ne se réduise pas à une organisation formelle de partenariat. Un défi lancé à lui-même par l’organisme après un tel abandon, mais aussi une succession de défis pour l’association de locataires : réveiller les énergies, inciter à accepter l’échange, maintenir l’intérêt, faire que des actes visibles remplissent les périodes de construction du projet de réhabilitation. Pour les deux parties, un gros travail de franchise, de remises en questions de soi régulières, de recherche de conjonction d’intérêts, de retour constant aux principes posés au départ. On ne peut manquer de relever la fragilité d’un partenariat qui, construit à deux, ne serait pas élargi à d’autres acteurs sur le site.
Cette fiche a été réalisée dans le cadre de l’évaluation de la politique de réhabilitation du logement social, animée par la Direction de l’Habitat et de la Construction du Ministère de l’Equipement, du Logement et des Transports, Arche de la Défense, Paroi Sud, 92055 Paris-La Défense Cedex 04
Littérature grise
COUDRY, Béatrice, DIRECTION REGIONALE DE L'EQUIPEMENT PROVENCE ALPES COTE D'AZUR DRE PACA); ATELIER REGIONAL RENCONTRE REHABILITATION PACA
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