02 / 1998
« Je suis chef du quartier Gaweye à Niamey. Mon quartier a 3600 habitants. J’ai hérité de cette fonction, qui était exercée par mon père et mon grand-père. Mais j’ai été néanmoins choisi par mon quartier. En effet, parmi mes frères, c’est moi qui ait été choisi alors que je n’étais que le 4e fils de mon père. Les sages m’ont demandé de me présenter, car lorsque mon père était chef, j’avais aidé beaucoup de gens. Celui qu’on veut comme chef c’est quelqu’un capable de penser à tous les habitants du quartier.
Le chef de quartier c’est quelqu’un au service de la population, c’est un trait d’union entre les administrés et l’administration. Il aide l’administration à régler les problèmes de sécurité et de développement du quartier. Le maire l’appelle et le consulte chaque fois qu’il veut intervenir sur le quartier. Il règle les problèmes entre les familles. Il a une cour composée de personnes qui l’honorent. C’est une cour faite pour le guider, le consulter car un homme seul pourrait faire des erreurs.
Dans mon quartier, il n’y a pas de problème de sécurité. Des jeunes volontaires forment la yambaga. C’est un groupe de jeunes qui montent la garde dans le quartier. S’ils prennent une personne en train de voler un poulet, ils font danser la personne. Tout le quartier vient et frappe des mains et on lui demande, pourquoi il danse, ce qu’il a fait. Il répond, j’ai volé un poulet, on ne l’amène pas à la police mais il a tellement honte qu’il ne recommence pas.
La police ne veut pas venir sur le quartier arrêter quelqu’un. S’il y a quelque chose de grave, ils doivent me prévenir et c’est moi qui fais venir la personne pour qu’elle m’explique ce qu’elle a fait et si c’est grave, elle va en prison.
Au Niamey, dans chaque quartier, il y a un chef. On a un bureau des chefs de Niamey composé de 67 chefs. »
tradition, conflit de voisinage, sécurité publique, délinquance, pouvoir local, organisation de quartier, communauté paysanne
, Niger
Pour un partenariat entre habitants et collectivités locales en Afrique
Cette organisation traditionnelle et villageoise fonctionne donc dans une grande ville à l’échelle des quartiers. C’est une autorité traditionnelle qui gère tous les problèmes de proximité avec des règles reconnues par tous. C’ est aussi une protection pour le citoyen face à l’administration anonyme.
N’est-ce pas dans les villes africaines une expérience qui vaut le coup d’être réfléchie ?
Cette fiche a été réalisée au cours de la rencontre à Dakar qui a réuni en février 1998 des habitants, des élus, des techniciens des villes de onze pays d’Afrique (Ouest et Cameroun).
Entretien avec YACOUBA Bello, chef de quartier Gewey, Niamey
Entretien
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