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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Recréer un bois naturel en milieu urbain et favoriser l’intégration par l’environnement

Ina RANSON

1997

De par son histoire, la commune d’Antony (Hauts-de-Seine)aux portes de Paris bénéficie de la présence d’espaces verts. Elle a su les élargir et développer un urbanisme bien intégré au paysage. Entre 1983 et 1996, les espaces verts de la commune ont vu leur superficie augmenter de 150 000 m2. Trois coulées vertes ont été créées en longueur afin d’aérer le tissu urbain et deux plans d’eau ont été aménagées dont le rôle est à la fois esthétique et fonctionnel puisqu’elles évitent les inondations par temps de grosse pluie et invitent à la circulation douce (marche à pied, utilisation du vélo). Depuis 1990, la ville s’est dotée d’un véritable service d’environnement, dirigé par une éco-conseillère, ingénieur écologue, secondée par un animateur-nature. Ceci a permis de lancer des initiatives originales liant objectifs écologiques et pédagogiques.

Recréer une forêt naturelle en pleine ville - un projet écologique, social et pédagogique

La réalisation la plus originale est le Bois d’Aurore (2,7 ha)- une forêt naturelle en pleine ville ! Le terrain boisé avait été laissé à l’abandon et était devenu une véritable décharge sauvage. De 1971 à 1995, trois municipal ités se sont succédées pour acquérir progressivement toutes les parcelles. Une étude géologique et pédologique ainsi qu’une analyse de la végétation ont été menées sur place. Ensuite, la Ville a informé les riverains et les associations de quartier de son projet de réaménagement, leur demandant, à plusieurs reprises, de faire part de leurs remarques et propositions. Fin mars 95, le projet finalisé fut soumis aux Antoniens au cours d’une réunion publique. L’originalité du projet réside dans le respect des règles de l’écologie : sont utilisées uniquement des essences originaires de l’Ile de France. Il s’agit de recréer un véritable milieu naturel, contrairement à ce qui se pratique en général dans les parcs et squares. L’équilibre écologique et l’aspect paysager du bois a été recréé par la plantation des arbustes et des arbres forestiers de la région (noisetiers, sureaux noirs, prunelliers...chênes, merisiers, noyers...)ainsi que des fleurs sauvages de sous-bois. Ont été priviligiés les variétés pouvant servir de nourriture aux oiseaux et aux petits mammifères. Comme chaque espèce animale a ses exigences spécifiques, il a fallu créer des milieux variés (sous-bois plus ou moins dense, clairière, mare)propices à accueillir un maximum d’animaux. Afin de privilégier la reproduction des petits animaux et des oiseaux, une zone de réserve a été constituée, espace inaccessible au public.

L’aménagement écologique était une occasion idéale pour l’organisaton d’un chantier-école. 10 personnes en difficulté d’insertion sociale et professionnelle ont été embauchés, d’abord pour une durée de 9 mois, et formés à un métier de la nature. Plus de 70 pour cent des bénéficiaires de ce chantier ont ensuite trouvé un emploi, dont trois au Service Espaces Verts de la Ville. Quand l’aménagement du bois d’Aurore reçut, en juin 1997, le "Grand Prix Préservation et mise en valeur des espaces verts et des paysages" décerné par l’association Environnement 92, le jury constata : "C’est un projet construit avec un grand professionalisme, étudié dans tous ses aspects, écologique, social, pédagogique, avec précision, ce qui lui donne un caractère exemplaire."

L’éducation à l’environnement en premier lieu dans les quartiers défavorisés

Le travail pédagogique est considéré comme essentiel par la municipalité. Des actions de sensibilisation à la nature et la protection de l’environnement s’adressent à tous les habitants de la ville. Parmi les réalisations : l’édition de brochures pédagogiques, promenades botaniques et ornithologiques, animation de l’observatoire au bord du bassin de retenue de la Bièvre, expositions, enfin une grande fête annuelle "le village de la nature et du jardin" qui se déroule, depuis 1992, pendant deux journées entières, en plein centre-ville. C’est un moment priviligié pour la rencontre entre habitants et tous les "acteurs" impliqués et c’est un pôle d’attirance pour les enfants de toute la région parisienne. Bien évidemment, les activités de l’animateur-nature s’adressent en premier lieu aux enfants. Des ateliers-nature sont proposés aux écoles et même aux tout-petits. Au programme : cours sur l’eau et l’atmosphère, virées en forêts, aux étangs, cours sur les déchets et initiation au tri (notons au passage qu’Antony a été l’une des toutes premières villes à organiser un ramassage régulier des déchets ménagers toxiques). Pendant les vacances, semaine scientifique et séjours en forêt se succèdent.

Les enfants des quartiers défavorisés sont considérés comme prioritaires. L’animateur y reçoit un accueil enthousia ste, car ces enfants vivent dans un milieu souvent indifférents à la nature. Pour beaucoup, une promenade dans la forêt est une première ! Les enfants sont aussi amenés à réaliser eux-mêmes des projets qui leur tiennent à coeur : aménager un petit bois de leur quartier avec des nichoirs à oiseaux, crééer un jardin dans la cour de l’école et même une "mare pédagogique" qui abrite des petits animaux. Emerveillés par ces activités, les enfants comprennent ensuite mieux la notion de respect de l’environnement. La découverte de la nature et l’éducation qui y est liée peuvent alors aider beaucoup à l’intégration de ces enfants à la vie de la cité.

Mots-clés

aménagement urbain, qualité de l’environnement, éducation à l’environnement, éducation à la citoyenneté


, France, Antony

dossier

Villes et développement durable : des expériences à échanger

Villes et environnement

Commentaire

Les expériences à Antony montrent un aspect de l’intégration souvent négligé : la citoyenneté s’apprend aussi au contact avec la nature, avec l’écosystème environnant dans lequel une société s’enracine.

Notes

La ville d’Antony mène aussi une politique ambitieuse de maîtrise des déchets. Le verre et le papier sont collectés au porte à porte depuis avril 1995. Piles, médicaments et produits toxiqes sont collectés en partenariat avec la Société SITA. Les huiles de vidange et autres produits toxiques sont collectés par la camionnette "Kangourou" qui stationne sur les marchés et dans les quartiers. Enfin, les ordures ménagers sont incinérées dans une usine ultramoderne (située à Massy)avec récupération de l’énergie pour le chauffage urbain.

Contact: Line Chocron, Ingénieur écologue chargée des questions d’Environnements, Mairie d’Antony , Place de l’Hôtel de Ville, B.P.86, 92161 Antony cédex, Tél. 01 40 96 72 80, Fax 01 42 37 00 10.

Source

Rapport ; Récit d’expérience

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