La CRII-RAD, Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité, au service des habitants et des collectivités territoriales
05 / 1998
Le premier laboratoire français indépendant d’analyses sur la radioactivité, la CRII-RAD (Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité), a acquis une crédibilité incontestée.
L’association CRII-RAD est née en Ardèche le 15 mai 1986, vingt jours après l’accident de Tchernobyl. Face aux communiqués rassurants du Service central de la protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI), un petit groupe de scientifiques doute : par quel miracle le territoire français serait-il totalement épargné par les retombées de radionucléides consécutives à l’accident ? Se voyant refuser les analyses officielles par le SCPRI et dès lors bien décidés à découvrir et à diffuser l’information envers et contre tous, les membres de la future CRII-Rad s’adressent à l’Institut physique nucléaire de Lyon qui accepte d’analyser les échantillons de terre, d’eau et d’herbe réunis, plus par souci de vérification que par suspicion. Quand les résultats révèlent des contaminations significatives, tout va très vite : organisation d’une conférence de presse, le 10 mai, fondation d’une association quelques jours plus tard et projet de création d’un laboratoire indépendant. Sans l’ombre des fonds nécessaires.
Début juillet 1986, lors du congrès des plantes aromatiques et médicinales, la CRII-RAD demande le retrait des produits suspects et l’indemnisation des producteurs. L’administration refuse catégoriquement en fustigeant l’incompétence des gêneurs. L’association fait effectuer diverses nouvelles analyses. Finalement, les laboratoires officielles les confirment. C’est la première victoire. Au cours des prochaines années, des scénarios analogues vont se suivre...
Comment trouver les fonds nécessaires pour monter un laboratoire indépendant ? Rien ou très peu aurait pu se faire sans le soutien de médias ou de journalistes indépendants. L’évènement médiatique décisif fut une émission télévisée de "Droit de réponse" où Michel Polac interviewa Michèle Rivasi, une des membres les plus actives du CRII-Rad, normalienne et agrégée de biologie Dans les jours qui suivirent, les dons affluèrent, au total 300 000 francs. Le premier laboratoire a pu être installé. Pendant longtemps, il fonctionnera grâce à une équipe de bénévoles.
Au départ, la plupart des commandes émanent de particuliers soucieux d’analyser les produits qu’ils produisent ou consomment. Alors Michèle Rivasi décide de prospecter les élus régionaux. Avec succès. Le Conseil Régional d’Alsace Lorraine confie à la CRII-RAD une étude radiologique des sols. Il est vite suivi. Région, départements ou municipalités lui confient le soin de vérifier informations et mesures officielles. Dans la Drôme, le Vaucluse, puis en Tarn-et-Garonne, la CRII-RAD installe un réseau de balises de surveillance permanente de la radioactivité de l’air. Ailleurs, elle contrôle les sols, les eaux, les champignons, les décharges etc.
En 1990, la CRII-RAD est saisie par des journalistes pour effectuer des contrôles sur une décharge suspecte proche d’un centre d’études nucléaires à Saclay. Le laboratoire détecte la présence de césium, américum, plutonium...Les autorités de contrôle s’indignent, mettant en doute la compétence du CRII-RAD. Deux mois plus tard le CEA (Commissariat à l’énergie atomique)confirme les analyses du CRII-RAD.
Depuis, les commandes affluent. Le laboratoire est débordé. Parmi les découvertes les plus importantes : une entreprise spécialisée dans le démantèlement des sites nucléaires brûle sans précautions des déchets radioactifs et pollue l’environnement. L’enquête révèle un trafic illégal des déchets, de faux certificats de décontamination, de faux certificats de qualification etc. Dans les Vosges, le Limousin, la Côte d’Or, le Mercantour, le Cotentin, pour ne citer que quelques exemples, le CRII-RAD découvrit de graves carences de contrôle.
Aujourd’hui, non seulement des habitants, mais aussi de nombreux délégués et responsables administratifs admettent l’utilité d’enquêtes indépendantes et personne n’ose mettre en doute la compétence et la crédibilité du laboratoire qui s’est peu à peu agrandi et emploie une équipe de douze personnes. Depuis peu, des industriels, comme la Compagnie générale des eaux ou Saint Gobain font appel aux services de l’association, gage de crédibilité auprès du public.
énergie nucléaire, communication, déchet toxique
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Articles et dossiers
MAURUS, Véronique, Les contre-experts du nucléaire in. Le Monde, 1997/08/21 (France)
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