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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

L’éthique de la technologie

De la difficile exigence de la recherche d’une voie intermédiaire entre les facilités du tout ou rien

Jacques POULET MATHIS

02 / 1998

Je présente ci-après quelques éléments, pour moi essentiels, de la conclusion du livre de Peter KEMP : « L’IRREMPLACABLE - Une éthique de la technologie ».

« Comment distinguer les formes technologiques qui doivent être développées et celles dont le développement est éthiquement inacceptable ? (…) Si cette question est si souvent négligée, c’est qu’il est toujours difficile de tirer la juste morale d’une éthique lorsque, dans une situation nouvelle, les idées reçues, les notions habituelles de ce qui est commandé ou permis, ne servent plus à rien. Il est alors plus simple de se fermer les yeux devant la question éthique et de couper court aux débats en répondant par « tout » ou « rien ».

(…) « Mais renoncer à s’interroger sous prétexte que la réponse est difficile, cela signifie renoncer à l’éthique elle même, c’est à dire au courage de vivre. (…) Il n’y a qu’une façon d’atteindre le but et 1000 façons de le manquer. La bonne voie passe par une limite qu’il s’agit de déterminer avec précision, les fausses voies passent au contraire par une multitude d’actions indéterminées qui ne rendent pas justice à la situation rencontrée. Le vrai est difficile, le faux est facile. (…)

Nous ne pouvons pas nous contenter de reprendre une morale constituée, et nous devons nous guider sur quelquechose d’aussi indéfinissable que ce qu’Aristote appelait « la conduite d’un homme sage ». (…) De même qu’Aristote ne pouvait dire d’avance quels préceptes devaient nous gouverner dans la pratique », Peter Kemp le suit en se refusant, au terme de son ouvrage à « établir un ensemble de règles ou de normes qu’il ne suffirait plus que d’appliquer aux technologies particulières. »

Ethique vient de « ethos », dont le premier sens en grec est « la demeure », comme « habitude » vient chez nous de « habiter », ceci pour signifier que l’éthique ne se réfere pas à des normes abstraites mais à l’essence même de l’existence concrète. « La technologie moderne ne cesse d’offrir à l’homme de nouvelles possibilités. (…) Ce n’est pas en elles-mêmes que les manipulations technologiques portent leurs limites. La représentation de ces limites doit donc être tirée d’ailleurs. C’est pourquoi l’éthique n’est pas une science mais une vision, fondée sur l’expérience et l’imagination narrative, de ce qu’est l’homme et de ce qu’est son monde.

« Cette « vision » n’est sans doute pas sans rapport avec le « visage » de l’homme ; P. Kemp consacre d’ailleurs quelques pages de son livre à l’apport de l’« éthique du visage » chez Lévinas à une réflexion éthique sur la technologie.

Mots-clés

éthique, science, technologie


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Commentaire

Les conclusions du livre de P. Kemp, dont j’ai tiré l’essentiel du texte de cette fiche, y viennent au terme de plus de 300 pages fort riches consacrées non seulement à une réflexion générale sur l’éthique, et notamment sur son langage nécessairement narratif, mais aussi, et pour la plus grande part, à une réflexion concrète sur l’éthique de l’expertise, la bioéthique, le problème des risques, la télématique, les technologies militaires, l’éthique de la recherche…

Notes

L’auteur est professeur de philosophie à l’Université de Copenhague.

Source

Livre

KEMP Peter, CERF, 1997 (France)

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