L’alliance de fait des pulsions libertaires et des pressions de l’économie de marché a conduit à faire d’Internet un espace légalement inviolable, mettant l’Etat et toute réglementation hors-jeu et permettant le triomphe de l’ultra-libéralisme
02 / 1998
Je reprends ci-après les éléments pour moi les plus significatifs d’un texte de Michel DUFOURT dans l’article sous reference. "On parle beaucoup de "révolution informationnelle". Mais n’y a-t-il pas supercherie intellectuelle à imputer, de façon implicite, la dynamique révolutionnaire non au pouvoir créateur et optionnel de l’homme, mais à la fonctionnalité de l’outil? Ce transfert du projet de l’homme vers la machine garantirait le caractère parfait et harmonieux de la nouvelle société. Les fonctionnalités de l’outil deviennent des "fins en soi": le bonheur, c’est la communication ! Aux USA, face au développement explosif d’internet, deux camps s’opposent. D’un coté les agences fédérales et les partisans d’un contrôle démocratique sur la nature des informations transitant sur internet. De l’autre un lobby heteroclite composé d’entreprises du secteur privé, de groupes libertaires reconnus et d’une partie de la classe politique américaine militant pour une liberté absolue des communications. En octobre 1994, le Congrès tranche. Par le Digital Telephony Act, internet devient légalement un espace inviolable. En devenant les alliés objectifs des entreprises du secteur privé contre tout mode d’intervention étatique, les groupes libertaires ont démontré que leur cible était moins l’économie de marché que l’état. A terme, un enjeu essentiel se profile. En prenant l’initiative sur le champ de bataille des nouveaux marchés de la cyberéconomie, - déterritorialisée, non régulée, et dont la monnaie virtuelle formerait l’arche finale -, les USA ferment la porte à toute stabilisation du système monétaire international. Ils évitent une possible renégociation des accords de l’OMC, et sapent les fondements d’une Europe Unie qui représenterait un puissant adversaire économique et un contre modèle social.
communication, technique de communication, libéralisme, Etat, informatique et societé
, Etats-Unis,
Point de vue quelque peu caricatural et sans doute catastrophiste dans ses conclusions ou l’auteur me semble quelque peu mélanger les genres et les domaines. Mais on a terriblement besoin de cris d’alerte de ce type... et d’autres, complémentaires, sur les risques d’exclusion croissante de la majorité du monde qui restera longtemps totalement étrangère à la "révolution informationnelle" comme aux cybermarchés !
Articles et dossiers
DUFOURT, Michel, Derrière l'utopie, la contre-révolution informationnelle in. TRANSVERSALES SCIENCES CULTURES, 1998/02, 49
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