Le défi de la science et de la technologie aux cultures
02 / 1998
Il y a une médiation entre le système scientifico - technique et les systèmes culturels, c’est l’action. L’action puise dans la culture ce qui lui donne son enracinement (ce à partir de quoi elle se met en branle)et ses finalités (ce à partir de quoi elle tente de rejoindre ses propres exigences constituantes); L’action puise dans la science et la technique les connaissances et les instruments efficaces sur lesquels elle pourra s’appuyer. Ce qui paraît devoir jouer un rôle décisif dans cette médiation, c’est le caractère essentiellement critique de la science et de la technologie,... à condition que le système culturel accepte d’inclure en lui - même des exigences critiques homologues en quelque sorte de celles dont l’esprit scientifique donne l’exemple, et à condition, réciproquement, que la science et la technologie soient parfaitement conscientes de leurs propres limites, et tout particulièrement des limites internes que leur assignent leurs présupposés fondamentaux. Ce qui est ainsi demandé à la science et à la technologie c’est d’aller jusqu’au bout de leur propre criticisme et de se faire elles-mêmes conscience jugeante à l’égard de leurs propres instaurations.
Il y a une part considérable d’indétermination dans les interactions qui peuvent se produire entre système culturel et système scientifico-technique ; c’est précisément dans cet espace d’indétermination que s’inscrit la vertu de l’action.
Le type de culture qui paraît s’annoncer, à travers les interactions entre le système scientifico-technique et les différents sous-systèmes culturels est une culture suggérant des modes divers d’articulation entre ses propres composantes et aussi entre elle - même et les autres systèmes, proposant à l’action des schémas variés et flexibles pour sa propre structuration, agissant comme le champ dans lequel des forces diverses sont appelées à se composer, selon des figures extrêmement mouvantes et multiples et conformément à des indications qui doivent venir, en définitive, de l’action elle même et de sa créativité propre. La mutation qui se produit est une conquête de l’action. En accroissant sa maîtrise, elle desserre le réseau de ses schèmes de structuration, elle accroît sa propre indétermination. En renforçant son contrôle sur ses conditions d’effectuation, elle se rend plus autonome à l’égard de tout ce qui définit ses condition d’effectivité.
C’est au moment ou l’action s’est objectivée dans des systèmes d’une très grande puissance (les systèmes techno-scientifiques), capables de s’auto-finaliser, et apparamment susceptibles d’imposer à celle-ci des contraintes décisives, ruineuses pour sa propre autonomie, qu’elle voit s’étendre le domaine de ses initiatives de sa créativité et de sa responsabilité. Le risque d’aliénation est réel, mais l’accroissement des possibilités créatrices est à la mesure même de ce risque.
science et culture, culture et technique
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Extraits des conclusions du livre cité en référence.
Livre
LADRIERE, Jean, Les enjeux de la rationalité, AubierUNESCO, 1977
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