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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Agriculture écologique, la Méditerranée s’organise

Progrès de l’agriculture biologique : la recherche-développement, les cahiers des charges et la gestion des marchés

Pierre Yves GUIHENEUF

07 / 1996

Les discours sur l’agriculture biologique, écologique ou durable viennent essentiellement de l’Europe du Nord. Il était temps d’entendre se qui se passe dans les pays méditerranéens. Avec ses partenaires, l’association Geyser a procédé au repérage et à l’analyse de tentatives de développement de l’agriculture biologique. Encore marginales, ces expériences révèlent cependant les efforts des acteurs locaux pour décliner le terme "durable" en fonction des spécificités de leurs sociétés. Les enjeux portent essentiellement sur la structuration des dispositifs de recherche et de développement (donc sur l’émergence et la diffusion de l’innovation technique), sur la définition des cahiers des charges (c’est-à-dire sur les critères permettant de garantir le caractère biologique des techniques adoptées)et sur la négociation des conditions de concurrence avec les producteurs bios d’Europe du Nord (et ainsi du développement conjoint des agricultures bios des rives Nord et Sud de la Méditerranée).

1. La structuration de la recherche développement en agriculture biologique (AB). Produire "bio", c’est-à-dire en respectant scrupuleusement les cahiers des charges officiels, ne suffit pas à garantir l’absence d’effets nocifs sur les sols, les eaux ou la faune sauvage. Il faut raisonner ses pratiques, ce qui suppose une certaine connaissance des processus agronomiques et écologiques, donc une formation. Il est également nécessaire que des organismes de recherche s’attaquent aux problèmes spécifiques de l’AB. Dans le sud de la France, en Italie, en Espagne et au Portugal, des organismes de recherche-developpement exercent leurs actvités avec trois préoccupations : répondre aux problèmes techniques immédiats des producteurs, susciter l’échange des savoirs des agriculteurs, accroître les synergies avec la recherche conventionnelle. de timides échanges s’amorcent avec des structures analogues dans les pays de la rive Sud.

2. La définition des équivalences techniques. Les cahiers des charges de l’AB, élaborés en Europe du Nord, ne sont pas adaptés aux conditions naturelles, économiques et sociales des pays du Sud. L’enjeu est de définir des cahiers des charges spécifiques. L’association Agri Bio Mediterraneo, dont les membres sont issus de la plupart des pays du pourtour méditerranéen, a constitué des comités techniques qui auront pour mission de recenser les problèmes, orienter les recherches et faire circuler l’information sur le sujet, de façon à élaborer collectivement et dans la transparence des cahiers des charges reconnus comme légitimes par la profession de l’AB.

3. Inventer des concurrences solidaires. Les producteurs bios du Maroc, de Tunisie ou d’ailleurs partent à la conquête des riches marchés du Nord. Les producteurs de ces pays, menacés, doivent-ils leur déclarer la guerre ? Ils décident plutôt d’évoquer ensemble ces problèmes et de chercher les moyens de ne pas se nuire, mais de développer conjointement l’AB. Plusieurs pistes sont explorées : la mise en place d’organismes nationaux de contrôle de la qualité, ce qui devrait limiter les coûts de la certification pour les producteurs du Sud et réduire les risques de fraude ; l’organisation de la transparence du marché, en faisant connaître à tous les prix et les volumes commercialisés ; la recherche de complémentarités en jouant sur les différences de climat et d’arrivée des produits sur les marchés ; le développement de la demande de produits bio dans les pays de la rive Sud en veillant à ce que les intermédiaires ne confisquent pas une partie importante des profits.

Mots-clés

agriculture durable, agriculture, agriculture biologique, agriculture traditionnelle, accès au marché, marché agricole, agriculture et environnement, association de producteurs, revendication paysanne, recherche, vulgarisation agricole


, France, Italie, Espagne, Portugal, Maroc, Turquie, Égypte, Tunisie

Commentaire

Ce document présente des expériences originales dans plusieurs pays du pourtour méditerranéens.

Source

Rapport

BEAU, Christophe (coord.), GEYSER=GROUPE D'ETUDES ET DE SERVICES POUR L'ECONOMIE DES RESSOURCES, Agricultures écologiques, la Méditerranée s'organise, FPH in. Document de travail, 1994/11 (France), n° 60

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