La perestroika puis la chute de l’URSS se sont accompagnées, dans le domaine militaire, de la réapparition des atamans en bonnet d’astrakhan et cape bordée de rouge dans les provinces russes. Les atamans, chefs militaires cosaques, réprimés sous le régime soviétique, symbolisent aujourd’hui le retour de pratiques pré-révolutionnaires dans la société. Au delà de leur forte visibilité et de leur aspect folklorique, quelles idées entendent-ils défendre et quelle est leur influence réelle?
Les animateurs du mouvement cosaque fondent leur action actuelle sur des références historiques et des traditions anciennes. Descendants de serfs installés aux frontières de l’empire russe et dotés en terre par Catherine II, les cosaques ont pour mission traditionnelle de défendre les marges de la Russie des incursions étrangères. En raison de l’éclatement de l’URSS et de la naissance de conflits à la périphérie de la Fédération de Russie (en Transdnistrie, en Ingouchie, en Tchétchénie), les cosaques revendiquent à nouveau ce rôle de garde-frontières. Ils tentent parfois de l’imposer de fait pour ensuite le faire reconnaître de droit.
Les autorités russes se montrent conciliantes à l’égard du mouvement cosaque. Le vote de lois et la publication de décrets présidentielsqui leur sont favorables illustrent cette orientation. En mars 1993, un décret de B.Eltsine légalise leur présence et leur activité sur le sol russe. Les raisons de cette bienveillance du pouvoir central à l’égard d’un mouvement qui remet en cause le monopole de l’Etat sur la violence sont obscures. Certains y voient un attachement à un symbole de la culture russe. D’autres ne manquent pas de souligner les relais dont disposent les cosaques au sein même de l’administration présidentielle. Nikolai Egorov, le chef de l’administration présidentielle entre 1994 et 1996, vient de la région de Krasnodar, où les cosaques du Kouban font preuve d’un fort dynamisme. Il anime des structures d’aide aux cosaques à Moscou.
Les cosaques émettent trois types de revendications, qui concernent la terre, le service militaire et l’autoadministration locale. Concernant la terre, ils demandent la modification du Code de la terre afin de pouvoir reconstituer des communautés agraires qui leur soient propres. En matière d’administration locale, les cosaques réclament le droit de s’organiser suivant leurs traditions dans les régions où ils sont fortement présents. Pour ce qui touche au service militaire, ils souhaitent reconstituer des unités cosaques au sein de l’armée russe. Les revendications cosaques sont tout autant sociales que militaires.
Si leurs demandes ne sont pas rejetées par leur pouvoir, elle ne sont encore, en 1996, que partiellement appliquées. Le poids des cosaques dans la société russe est relativement limité. A l’exception de quelques régions de forte implantation, comme le Don, le Kouban et la région d’Orienbourg, la présence cosaque en Russie n’est pas proportionnelle à leur présence médiatique. Même dans les régions de forte implantation, le pourcentage de cosaques, descendants en droite ligne, ne dépasse pas 10 à 15% de la population. La division du mouvement en plusieurs organisations concurrentes contribue aussi à l’affaiblir. Deux organisations cosaques prétendent jouer un rôle à l’échelle de la Russie : l’Union des cosaques, fondée en 1990 et enregistrée officiellement en mars 1992, et l’Union des troupes cosaques de Russie, enregistrée en octobre 1991.
La renaissance du mouvement cosaque procède plus d’une illusion politique et médiatique que de réalités concrêtes. Alors que les autorités centrales accordent du crédit au mouvement cosaque, les populations locales regardent le plus souvent avec suspicion le retour de ces cavaliers traditionnalistes. En 1993, les autorités locales ont accueilli avec froideur le décret de B.Eltsine sur la réhabilitation des cosaques.
guérilla, militarisation
, Russie
Il importe de ne pas négliger l’importance de la renaissance cosaque tout en la relativisant. Beaucoup de rumeurs courent sur ce mouvement. Des journalistes affirment que des cosaques ont participé aux opérations militaires en Tchétchénie, au côté de l’armée russe, mais aussi en Yougoslavie, aux côtés des Serbes. Ces allégations sont difficilement vérifiables.
Les titres des documents cités dans cette fiche ont été traduits du russe ou transcrits en caractères latins. Pour toute recherche, s’informer auprès de France-Oural.
Articles et dossiers
Kazaki usvoili uroki istorii in. Moskovskie novosti, 11.04.1993 (RUSSIE)
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